Éric Ciotti et Laurent Wauquiez, d’amis proches à frères ennemis

Peut-on vraiment gagner en faisant fi des aspirations populaires ?
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La dissolution de l’Assemblée nationale a été un accélérateur de particules. Montrant que la gauche parvenait encore à construire une alliance, malgré les graves querelles internes et le rejet de Jean-Luc Mélenchon, et que la droite, comme à son habitude, était dans les choux. Sentant le vent tourner en faveur du Rassemblement national, largement arrivé en tête des élections européennes, Éric Ciotti, président des Républicains, a tenu une ligne contre l’ensemble de son état-major : faire alliance avec le RN. Désavoué, l’homme a fait rempart, offrant un spectacle politique inédit. Toutefois, Ciotti n’était pas le seul membre de LR à tenir une ligne conservatrice, très éloignée des convictions de la majorité présidentielle. Mais rien n'y a fait, le Bureau national du parti – Valérie Pécresse en tête et Laurent Wauquiez en sous-main – a tenté de l’éjecter de son siège de décisionnaire. Désormais cavalier d’un cheval sans tête, le Niçois s’est adressé aux adhérents, lundi 22 juillet, dans une lettre, leur promettant la tenue d’« un vote dans les prochaines semaines sur un choix clair entre deux lignes opposées ».

Deux lignes si irréconciliables ?

La fracture est consommée. À l’Assemblée nationale, deux groupes issus du moribond parti des Républicains s’opposent : « Droite républicaine », conduit par Laurent Wauquiez, et « À droite ! », mené par Éric Ciotti. Au-delà de cette guerre de clan apparente, ces deux figures, autrefois très proches, se font face. Si l’un résiste pied à pied à une alliance avec le RN – pourtant voulue par 54 % des sympathisants LR –, l’autre fustige une compromission avec la Macronie.

Fort d’un groupe de soixante-six députés, Laurent Wauquiez, avec à ses côtés Bruno Retailleau – président du groupe LR au Sénat –, a annoncé « un pacte législatif » pour sortir la France de la situation brumeuse dans laquelle elle a été plongée. Objectif ? S’imposer comme force pivot à l’Assemblée nationale pour droitiser la majorité présidentielle et remettre au centre du jeu les grands principes portés par la droite : restauration de l’autorité, relocalisation de la production industrielle, artisanale et agricole, et le renfort des services publics face à une « bureaucratisation » galopante. Un texte que n’a pas manqué de critiquer Éric Ciotti.

 

 

2027 dans le viseur

Dans un communiqué publié peu de temps après la conférence de presse de Laurent Wauquiez, le président des Républicains a dénoncé « une trahison du peuple de droite ». Autrefois grands alliés, Laurent Wauquiez et Éric Ciotti sont désormais frères ennemis. Les deux s’étaient pourtant promis une assistance mutuelle et fixé un cap vers 2027.

 

 

« Ciotti avait promis de pousser la candidature de Laurent [Wauquiez, NDLR] en 2027, témoigne un collaborateur parlementaire issu du groupe de Laurent Wauquiez. Les rôles étaient répartis. Nous avions le jockey et le cheval. » Pour les deux hommes, la marge de manœuvre sera particulièrement serrée. Défendant auparavant les mêmes positions et les mêmes intérêts, Laurent Wauquiez et Éric Ciotti, aussi irréconciliables soient-ils, doivent tout faire pour ne pas que s’enfonce l’idée d’un immense gâchis parmi les sympathisants de LR. « Désormais, plus aucun dialogue n’est envisageable, poursuit le collaborateur parlementaire. Ciotti s’est marginalisé, personne ne l’a suivi. Nous verrons bien ce que disent les militants, mais je crois que cela importe peu à Laurent [Wauquiez]. Il est pragmatique, son but est simple : faire gagner la vraie droite en 2027. » Mais peut-on vraiment gagner en faisant fi des aspirations populaires ?

Vos commentaires

73 commentaires

  1. Beaucoup de prise de parti sans analyse sérieuse dans les commentaires, Laurent Wauquiez fait preuve d’un véritable sens des responsabilités dans l’intérêt des Françaises et des Français avec son initiative du pacte législatif dont tout un chacun devrait prendre connaissance avant de faire des critiques infondés. Eric Ciotti fait une tentative de consultation des militants qui n’a aucune valeur légale dans nos statuts des Républicains, j’en suis témoin comme membre du Conseil National. Militant actif depuis de nombreuses années, je soupçonne certains propos d’être un objet de manipulation et de propagande courant sur les réseaux sociaux. Dommage que « l’Heure de Vérité » ne soit plus à l’Antenne.

  2. Que c’est triste : ils vont terminer de casser la droite. Ces hommes sont intelligents et cultivés , et pourtant…
    Millon a raison : la politique n’est pas une science, c’est un art.

  3. Ce matin sur Europe 1 Aurore Bergé (oui, je sais, il serait plus philosophique de n’en point parler) ose parler d’accords qui devraient se faire avec Larem (Renaissance Ensemble etc. tralala) « pour pivot ». A peine effrontée: son parti vient de perdre quelque cent députés et elle compte commander la musique. Mais, quand on entend la petite musique des filandreux Wauquiez et Retailleau, on se dit que ces deux-là vont y aller tout en se donnant des airs de ne pas y toucher.

  4. Je ne m’explique toujours pas comment V Pecresse peut avoir un quelconque poids chez LR après sa belle performance de 2022 ?

  5. Je n’aurais jamais cru Wauquiez capable d’une telle infamie!!!!Comme quoi il ne faut pas se fier ni aux apparence ni aux paroles! Bravo monsieur Ciotti!! Vous avez eu du cran et c’est bien ce qui manque dans ce qu’on appelle la classe politique. Je devrais dire le cloaque!

  6. Je pense très sincèrement que tant que la plupart d’entre nous nommons LR à la droite , nous serons à côté de la plaque ..Chirac lui même patron du RPR disait qu’il était de gauche , Sarko s’est précipité pour nommer des ministres de gauche en 2007 …Des Darmanin , Estrosi , Edouard , muselier, Lemaire et j’en oublie des tombereaux , sont au mieux au centre gauche et au pire à gauche , Morano vient de voter fièrement à gauche . Donc quand je lis qu’il faut une alliance de droite , très honnêtement je ne sais pas ce que cela veut dire . Ce que je sais par contre c’est que ne pas nommer , identifier , désigner l’adversaire c’est déjà perdre la guerre
    Gardez moi de mes ennemis , je me charge de mes amis n’a jamais été autant d’actualité

  7. Monsieur Wauquiez a beaucoup du profil d’un nouveau Macron…Mais , non merci, on a déjà donné…ses chances de devenir, politiquement, quelqu’un sont si maigres !

  8. Ah les LR, menés par la trahison depuis Chirac, y sont désormais addicts. Une seule issue prévisible : refuge en masse dans la macronie. Ca tombe bien, le buffet y est de trois étoiles et le gite de quatre.

  9. surtout wauquiez l’opportuniste, il lutte contre l’immigration (je l’ai déjà dit) dans son groupe à la région il a le directeur général de Viltaïs élu en 3ème position sur la liste wauquiez dans l’Allier, Viltaïs est chargé de répartir les migrants dans nos campagnes, notamment à Bélâbre dans l’Indre, et d’autres sites à travers la France, et wuaquiez dit lutter contre l’immigration, quand à son programme, qu’il n’a jamais eu, il a fait du macron, piocher un peu dans tous ceux des autres pour faire croire qu’il tient la barque, personnellement je ne prendrais pas le risque de monter à bord de son rafiot qui sera piraté par la macronie.

  10. Wauquiez : quelle déception face à Ciotti la bonne surprise ! Est-il si difficile d’afficher clairement la couleur sur un programme aussi simple que : maîtriser l’immigration, expulser les illégaux, rétablir l’ordre, favoriser l’économie, revenir à une véritable liberté d’expression et rationaliser l’enseignement ?

  11. Celà fait 50ans que la Droite se comporte en vassale de la gauche. Même quand elle a repris le pouvoir, elle n’a jamais annulé les réformes mortifères de la gauche (RSA, immigration, 35heures, Mariage homo, PMA, lourdeurs normatives et législatives, ….) alors que la Gauche ne se gêne pas en celà (Retraite à 64ans). Ciotti a eu raison. Il est temps de dénoncer les manoeuvres du Bnai Brith pour écarter la Droite du pouvoir depuis janvier 86.

  12. C’est très difficile de se mettre dans la tête de Laurent Wauquiez. Est-ce qu’il flirte avec la macronie pour se faire élire en 2027 en renonçant à ses idées ou le fait il en pensant que les électeurs macronistes n’ont pas de convictions et voteront pour lui simplement pour sa bonne gueule en ne changeant pas une seule virgule de son idéologie ? Je pense tout de même que Wauquiez a compris que les appareils politiques resteront idéologiquement des castors face au RN, et que ses idées ne pourront pas passer s’il se met à disposition d’un parti toujours ostracisé. L’avenir nous dira si la divergence frontale de méthode avec Ciotti conduira à un nouveau renoncement idéologique d’un candidat LR à la présidentielle, ou de peser sur l’idéologie des autres appareils politiques…

  13. Wauquier comme comme Xavier Bertrand, ne représentent plus la droite qu’ils ont réduite à pas grand chose . Faire voter pour un communiste plutôt qu’un RN comme l’a fait Xavier Bertrand est d’une bassesse innommable! Comment les électeurs pourraient t’ils continuer à suivre de tels branquignols imbus de leur personne qui déconsidèrent totalement leur parti. C’est vraiment petit et mesquin et c’est surtout prendre leurs électeurs pour des cons.

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