Enquête sur l’incendie de Notre-Dame : le mystère persistant

La piste de l'incendie volontaire a été écartée, mais les pistes accidentelles n’aboutissent à rien ni personne.
notre dame brule

Voilà cinq ans que la toiture de Notre-Dame a brûlé, entraînant dans sa chute la flèche et une partie des voûtes. Cinq ans que la cathédrale se relève au rythme d’une restauration qui est un tour de force d’artisanat traditionnel et de technologie de pointe. Cinq ans, aussi, qu’on ignore l’origine de l’incendie. Si les autorités communiquent abondamment sur l’avancée des travaux de reconstruction, leur silence sur l’enquête est regrettable. Il engendre des « théories du complot » dans lesquelles, comme l’exige le genre, tout s’emboîte parfaitement - jusqu’à la mort accidentelle de Jean-Louis Georgelin, l’an dernier. Faisons un point sur le peu qu’on sait et les interrogations qui demeurent.

OÙ ?

Les investigations ont déterminé que le feu a démarré à la croisée du transept, au niveau d’une sablière : d’une poutre, donc, qui fait le lien entre le haut du mur et la charpente. Le départ de feu a pu être nourri par la poussière accumulée au pied de la voûte et au contact de la poutre.

QUAND ?

L’alarme incendie s’est déclenchée à 18h18, le 15 avril 2019, et c’est vers 18h50 que feu et fumée se sont dégagés à l’extérieur. Une heure après, la flèche s’effondrait. Mais le feu pouvait couver depuis plus longtemps.

COMMENT ?

Des ouvriers ont admis avoir fumé sur le chantier - ce qui laisse pantois. La théorie du mégot est aujourd’hui abandonnée. Des étincelles dues à un « point chaud » comme une disqueuse ou un appareil à souder ? L’historien de l’art Didier Rykner évoque cette possibilité dans Notre-Dame, une affaire d’État (Les Belles Lettres) en la liant au démontage des statues du pied de la flèche. L’entreprise concernée dément. Un problème électrique lié à l’ascenseur de chantier ? Son emplacement ne correspond pas au départ de feu. Lié à un carillon à commande électromagnétique qui était censé être provisoire ? Pas plus probant.

QUI ?

Sur les photos prises lors de l’incendie, certains ont cru voir la silhouette d’un incendiaire possible. C’était une sculpture. Mais était-ce si absurde de supposer un attentat ? Que Notre-Dame de Paris soit une cible de choix pour un islamiste, personne ne le contestera. Tout récemment, un Égyptien a été interpellé, qui avait des vues sur Notre-Dame. En 2016, des femmes djhadistes avaient voulu y faire exploser des bouteilles de gaz. Cependant, l’origine criminelle a été exclue, aucun résidu d’hydrocarbure n’ayant été mis en évidence.

Négligence patrimoniale

Si exceptionnel qu’il soit par le bâtiment qu’il a touché et par l’impact émotionnel mais aussi spirituel qu’il a eu, l’incendie de Notre-Dame de Paris est peut-être tristement banal. Pour un spécialiste du secteur, 90 % des sinistres des monuments historiques ont lieu lors de restaurations. Par ailleurs, 25 % des incendies en général sont liés à un problème électrique. Faut-il pour autant accuser la fatalité ? Non. La négligence, plutôt. À l’heure actuelle, le chantier d’un monument historique n’est pas soumis à des contraintes particulières ; pas plus que celui d’un édifice lambda. Didier Rykner, sur Radio Notre-Dame ce 15 avril, regrette que l’incendie de Notre-Dame n’ait provoqué « aucune réflexion sur les responsabilités, à [s]on avis écrasantes, de l’État dans le développement de l’incendie et dans le fait qu’il ait pu se développer aussi rapidement ». Il plaide pour quelques obligations simples comme des caméras thermiques et des détecteurs de fumée.

La piste criminelle ayant été écartée, l’enquête cherche autour d’une « destruction involontaire par incendie ». Problème : les pistes accidentelles évoquées ci-dessus n’aboutissent à rien ni personne. Pour preuve, aucune des entreprises engagées sur le chantier n’a été incriminée. Alors qui ? Quoi ? Comment ? Une seule certitude : si l’enquête se conclut par une ordonnance de non-lieu, cela nourrira les plus folles théories.

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Samuel Martin
Journaliste

Vos commentaires

84 commentaires

  1. Je vais vous dire pourquoi cet incendie est forcément « Criminel » et c’est un signe qui ne trompe pas , croyez en ma vieille expérience : Le « Christophe Castaner » , Ministre de l’Intérieur de l’époque , a déclaré que ce sinistre ne l’était pas (Criminel) , alors qu’aucun expert n’était nommé et qu’aucun pompier , ni personne n’était encore entré dans la Cathédrale en flammes . Où voyez vous un complot dans cette théorie , d’autant que les Conclusions de l’enquête officielle ont été : « Accumulation de négligences » ? Il ne manque que l’adjectif « criminelles » qui s’est …. « évaporé » …. comme son origine …. !

  2. Soyons raisonnable, et tous les spécialistes l’ont dit et répèté avant moi, des poutres de chêne vieilles de plusieures centaines d’années ne s’enflamment pas facilement même au simple contact d’étincelles ou de flamme à souder. Pour ce faire, il faut un activateur autrement plus efficace que de la poussière accumulée. Tout ceci fait dire donc que cet incendie a été volontairement provoqué, d’ailleurs la couleur des flammes, jaune très très pâle, fait penser au phosphore. Alors,…….

  3. La technique de construction de la cathédrale est simple dans son conception, dans ses matériaux (pas dans sa réalisation, c’est une prouesse de bâtisseurs) : une poutre sur un mur en pierre (une sablière), sans tous les ajouts de notre époque, pas d’isolant inflammable, pas de circuit électrique fourni et complexe, pas de revêtements multiples et inflammables. Qu’on ne puisse pas expliquer l’origine de l’incendie est… très curieux. Tout ça en plein Paris, là où tout le monde pouvait repérer l’incendie dès qu’il fût visible et prévenir aussitôt les pompiers. Très curieux.

  4. Je n’ai pas vu une seule fois que l’hypothèse d’un tir de LASER ait été évoqué
    Il existe des LASER tout à fait capables de faire fondre une feuille de plomb à 100 m et d’enflammer du vieux bois.
    Pourquoi évacuer cette cause ?
    A-t-on fait l’inventaire des combles depuis lesquels une telle action ait été possible ?
    Sujet tabou ?

  5. Ne pas oublier…ou taire, les avis de spécialistes ! D’abord la fermeture des portes le soir étaient confiées à un employé non responsable de la sécurité. Puis les premières flammes bien visibles étaient anormalement colorées en jaune, dû à la présence d’un produit activateur ( thermie? Je ne me souviens pas du nom exact)…ils ont déclaré que sans ce produit les poutres multi centenaires très dures et sèches ne pouvaient pas brûler par un simple mégot ou court circuit!!
    Tout à été dit à l’époque par ces spécialistes des monuments historiques !
    Faudrait arrêter de se taire!
    Le rire de Macron et de Philippe devant le feu , à été filmé , tout le monde l’a vu !
    Conclusion : c’est un attentat. Point.

  6. Je ne suis pas complotiste mais je constate que plusieurs dizaines d’églises brûlent chaque année. D’autres sont vandalisées, d’autres encore sont le lieu d’attentats et d’assassinats. Je ne cite personne mais suivez …. le fil des évènements.

  7. Avant même que la moindre enquête de police ait été esquissée le Procureur de Paris a fait ouvrir une instruction pour « incendie involontaire ». C’est contraire à tous les usages. Quand on ne sait absolument rien des causes d’un incendie la pratique veut que que toutes les causes possibles soient visées pour donner à la police les plus larges possibilités d’investigation.
    Cette information a été ouverte sur ordre du gouvernement, pour faire comprendre à la police qu’il ne fallait enquêter que dans une seule direction : l’incendie involontaire. Vous en tirez les conclusions que vous voulez.

  8. Vu une vidéo d’ un riverain : en 5 minutes c’est toute une charpente de chêne qui s’embrase , plus vite que celle en pin d’ un modeste pavillon , un coup de pouce du destin probablement .Qu’en pense le C C, circulez y a rien à voir .

  9. Je regrette que la piste de l’incendie volontaire ait été si vite écartée.
    Rien de clair…..

  10. A l’époque on avait évoqué deux pistes dont on ne parle pas ici .
    L’installation sans autorisation d’un câblage électrique sur les poutres pour alimenter le moteur d’une cloche .
    Le traitement sans autorisation des poutres avec un produit très inflammable , ce qui expliquerait que des poutres centenaires flambent comme du petit bois sec
    Bien entendu ce qui manque aussi c’est une revendication de l’attentat par les islamistes en conquête de l’Occident .

  11. badigeonné a la thermite c’est la seul explication une charpente de plus 800 ans ne prend pas feux comme cela

  12. Avouer la piste des islamistes serait une explosion nucléaire, car la symbolique ferait craindre de telles réactions que les musulmans dans leur ensemble auraient à pâtir

  13. Une chose est certaine, une part de responsabilité, minime fut-elle, revient à Mme Hidalgo et son équipe, qui avec tous ces chantiers, créations de pistes cyclables, condamnation de voies sur berges, réductions de circulation, ont occasionné un retard considérable des pompiers et le plus effroyable est qu’ils n’en ont pas tiré la leçon, aucun monument dans Paris n’a d’accès rapide aux urgences, alors si par malheurs des incidents pour ne pas dire attentats devaient se produire aux JO …! Haussmann avait transformé cette ville, la sortant du moyen âge, Hidalgo l’a rendue à son cloaque.

  14. Du chêne de cet âge et de cette section ne s’enflamme pas comme cela, une petite église plus ou moins utilisée vient de partir en fumée il y a quelques jours. Bizarre quand même que ces bâtiments soient restés debout depuis des siècles et font de l »auto-allumage » depuis quelques années !
    A qui profite le crime, ou du moins à qui ces édifices religieux, gênent le plus ?

  15. Pour faire prendre feux la charpente de notre cathédrale, c’est pas le premier venu qui le pouvait, c’est certain.

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