Emmanuel Macron, Monsieur mille milliards de dette publique

Emmanuel Macron devrait laisser aux prochaines équipes françaises un niveau inédit de dégradation des finances publiques
Capture écran LCP
Capture écran LCP

La dernière donnée officielle sur la dette publique de la France a été fournie, la semaine dernière, par l’INSEE pour le quatrième trimestre 2024, fin 2024. Elle s’élève à 3.305 milliards d’euros, en augmentation de 1.023 milliards depuis qu’Emmanuel Macron a accédé à la présidence de la République (stock de dette de 2.282 milliards au 30 juin 2017), en hausse (énorme) de 45 %. Ces mille milliards et plus représentent près du tiers (31 %) du stock total de dette publique, tout cela en sept ans seulement. La dette est passée de 101 % à 113 % du PIB. Rappelons que quand François Fillon, Premier ministre, évoquait, en 2007, une « France en situation de faillite », on était seulement à 67 % et son alerte n’a, constatons-le, conduit à aucun ressaisissement.

 

 

Comment cela s’est-il passé ? Le candidat Emmanuel Macron de 2017 était « raisonnable », en matière de finances publiques, puisqu’il promettait à la fois une baisse des dépenses (60 milliards de baisse, à l’issue du quinquennat 2017-2022), la suppression de 200.000 postes de fonctionnaires et une réforme « paramétrique » des retraites.

Quoi qu'il en coûte

Pourtant, le bilan du premier quinquennat en matière de réforme est très faible. Pire : tout a volé en éclats, dès fin 2018, avec la crise des gilets jaunes, mais beaucoup plus encore lors de la pandémie de Covid-19, de 2020 à 2022. Emmanuel Macron et la France ont pris l’option d’un confinement très sévère à partir de mars 2020, avec deux états d’urgence sanitaires, trois confinements nationaux, fermeture des commerces non essentiels, les auto-attestations…

L’économie et la société ont alors été largement arrêtées. Cela a provoqué une énorme récession économique (8 % du PIB en 2021), compensée par une totale ouverture des vannes des finances publiques : fonds de solidarité, chômage partiel, prêts garantis par l’État : les revenus perdus des activités arrêtées du fait de la gestion du Covid-19 ont été compensés par la prodigalité publique, renforçant encore davantage la dépendance de nombreux Français à la dépense publique.

Tout cela est résumé dans la formule « quoi qu’il en coûte », répétée à satiété par Emmanuel Macron mais lancée, pour la première fois, le 12 mars 2020 et qu’il est utile de relire : « Le gouvernement mobilisera tous les moyens financiers nécessaires pour porter assistance, pour prendre en charge les malades, pour sauver des vies. Quoi qu'il en coûte. Tout sera mis en œuvre pour protéger nos salariés et pour protéger nos entreprises, quoi qu'il en coûte. L'ensemble des gouvernements européens doit prendre les décisions de soutien de l'activité, puis de relance. Quoi qu'il en coûte. »

L’ardoise en matière de dette publique est énorme, puisqu’on avait embarqué 640 milliards de dette, mi-2022, depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron aux affaires. Rappelons que d’autres pays, à l’instar de la Suède en Europe, n’ont pas arrêté leur économie sans avoir des résultats sanitaires plus mauvais que la France et qu’il faut compter en sus l’emprunt européen de 750 milliards, décidé en juillet 2020, dont la France devra contribuer au remboursement.

Emballement de la dette

Mais la dette continue à s’emballer après la pandémie, avec des dérapages massifs de l’exécution budgétaire en 2023 et 2024, tout cela pour arriver aux 1.000 milliards de « dette Macron ». Le thème de la dette publique a largement disparu du débat public, avec un seul candidat évoquant le sujet lors de la présidentielle 2022 (Éric Zemmour et ses 7 %). Au contraire, la phase inflationniste de 2021-2023 a ouvert la voie à de nouvelles dépenses, à l’instar du bouclier tarifaire énergie, la France ayant les pires déficits de la zone euro alors que la situation s’améliore, par exemple, chez nos voisins du sud.

La rhétorique guerrière apparue récemment dans les propos présidentiels et la nécessité d’augmenter les dépenses militaires ne laissent augurer rien de bon, pour les finances publiques. Les immenses difficultés à réformer le système social et le niveau énorme des impôts en France conduisent à une nouvelle augmentation de l’endettement, soit en direct soit via des mécanismes européens.

On prête à Emmanuel Macron de grandes ambitions personnelles pour diriger les institutions européennes, avec ses récents propos martiaux. En tout état de cause, il devrait laisser aux prochaines équipes françaises un niveau inédit de dégradation des finances publiques.

Comme la France cumule déficit public et déficit extérieur, il faut se rappeler, avec l’aide du site fipeco, que la dette publique est détenue à moitié par des non-résidents et près d’un quart par la Banque de France pour le compte de la Banque centrale européenne. Il y a la un double facteur décisif de perte de souveraineté, car comme l’indique Louis-Ferdinand Céline, « on ne meurt pas de dettes. On meurt de ne plus pouvoir en faire. »

Picture of Georges Le Breton
Georges Le Breton
Haut fonctionnaire en activité, spécialiste des politiques publiques.

Vos commentaires

48 commentaires

  1. On prête à Emmanuel Macron de grandes ambitions personnelles pour diriger les institutions européennes.
    Président de la France : 1000 milliards de dettes. Donc, à ce rythme-là, « lui » président de l’Europe à vingt-sept, ça fera : 27 × 1000 milliards = 27 000 milliards de dettes pour l’Europe en dix ans.
    Restera à savoir si les pays européens seront aussi suicidaires que la France…

  2. Incroyable et lui n est ni coupable ni responsable, quel chef d entreprise pourrait ainsi taper dans la caisse de cette façon , il va dire encore que c est le Covid , la plus grosse arnaque du siècle

  3. macron n’a vraiment pas de quoi s’enorgueillir, il va laisser à son successeur une France ruinée, exsangue, où l’insécurité règne partout. La France est devenue un pays du tiers monde sur le plan médical, il est pris d’une envie d’en découdre avec la Russie, etc… macron est dangereux.

  4. Il est affolant de voir ces pseudo élites sortis de l’ Ena , sciences pipeau.
    N’ont aucun bon sens paysan.
    Bérégovoy et Monory était des ministres de l’économie .
    Qui savaient ce que le mot économie veut dire.
    René Monory était mécanicien de formation , et Bérégovoy ouvrier au départ.
    Ils ont fini ministre a Bercy.

  5. Cette dette comme le reste est souhaitée afin de lier la France à l’UE et éviter un Frexit
    Macron mène sa véritable feuille de route pour que la France devienne une province de l’UE

  6. On est les champions , on est les champions …triste bilan , mais c’est souvent comme cela avec les jeunes sans expérience

  7. Après 2027 , il pourra ouvrir une entreprise spécialisée dans le funéraire, il se sera bien entrainé en enterrant la France !

  8. Mille milliards de hausse de la dette, c’est désormais du passé! Non pas qu’elle ait été résorbée ou diminuée, mais, entre temps des milliards à ne pas en finir ont augmenté ce seuil! Rien qu’entre le 1er janvier 2025 et le 28 février, le déficit de 2025 atteint plus de 40 milliards! Si Macron n’est pas destituer et qu’il parvient à s’accrocher à l’Elysée, bien avant la fin avril 2027, il aura mérité du très peu flatteur sobriquet de mister 1,5 trillion! Et cet olibrius aura été vendu, à ceux qui y ont cru, comme le Mozart de la finance! dieu merci, jamais, o grand jamais je n’ai voté pour ce sinistre individu ou pour un de ses affidés! On se console comme on peut…

  9. Il vient d’affirmer ceci :
    Le président français Macron : les conséquences indirectes des droits de douane pourraient conduire d’autres pays d’Asie à stimuler leurs exportations vers l’Europe.
    16:28 Apr 03
    EUR-Europe-France-US Bonds-US Indexes-USD
    Le président français Macron, à l’issue d’une réunion avec les représentants de l’industrie française : Les tarifs commerciaux de Trump sont un choc pour le commerce international.
    16:25 Apr 03
    EUR-Europe-France-US Bonds-US Indices-USD

    Il est donc surpris ? Il était encore en représentation quand Trump prévenait, déjà durant sa campagne ?
    Il est vrai que nommer et garder durant sept ans un Mozart de la littérature aux finances, ça n’aide pas beaucoup.

    • Pauvre Wolfgang Amadeus, un génie mort dans la misère, enterré à la fosse commune, on n’a jamais retrouvé son corps. Sa musique est emplie de passages tristes comme des sanglots d’enfants.
      Arrêtons de l’insulter en surnommant ainsi le clown blafard de l’Élysée.

  10. le mozart de la finance n’a jamais fait entendre de musique audible, il continu de distribuer à tort et à travers, mais cet argent va t-il vraiment aux intéressés ?

    • Rassurez vous il lui reste encore pratiquement 2 ans pour battre son propre record en matière de dette mais aussi d’insécurité, d’immigration, d’effondrement de l’école, de l’industrie… bref dans tous les domaines…

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

Il faut faire des confettis avec le cordon sanitaire
Gabrielle Cluzel sur CNews

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois