Éducation : Emmanuel Macron fait le buzz avec des mesurettes

On pourra allonger l'année scolaire autant qu'on voudra, cela ne rehaussera pas le niveau de l'enseignement.
MACRON

Emmanuel Macron semble dire n'importe quoi pour exister. Dans un entretien exclusif au Point , il déclare que « sur l'école, nous devons sortir des hypocrisies »  – « françaises », il va de soi. Et de faire des propositions sur les vacances scolaires, l'enseignement de l'Histoire, l'entrée en classe de sixième... Beaucoup de bruit pour faire le buzz, en occultant les véritables causes du déclin de l'enseignement français.

« Il y a trop de vacances, et des journées trop chargées », affirme-t-il, ajoutant qu'« il faut qu'on puisse faire rentrer dès le 20 août [les élèves qui en ont besoin] pour leur permettre de faire du rattrapage ». Les élèves seraient préalablement « évalués » pour savoir s’ils devraient participer à cette rentrée anticipée. On imagine, en ces jours de canicule, l'efficacité du travail des élèves en difficulté auxquels on infligerait ces cours supplémentaires. On pourra allonger l'année scolaire autant qu'on voudra, cela ne rehaussera pas le niveau de l'enseignement.

La question du collège unique

Macron se garde de remettre en cause le collège unique. En supprimant les filières sous prétexte d'égalité, la réforme Haby, patronnée par Giscard d'Estaing, a produit de la médiocrité qui ne profite ni aux meilleurs ni aux moins bons : « Collège unique, collège inique », comme le disaient, à l'époque, les plus lucides. Nos prétendues élites ont délibérément couché tous les élèves dans le lit de Procuste, réservant pour leur progéniture des lits plus douillets, plus confortables et plus adaptés. Elles se privent volontiers des talents des classes moyennes qui (on ne sait jamais) pourraient prendre leur place.

Macron déclare qu'« il faut cesser d'envoyer en 6e les 20 % d'élèves qui ne savent pas lire, écrire et compter » mais précise, aussitôt, qu'il serait « faux » de dire que « le problème, c'est celui du collège unique », soulignant que « le problème, c'est la manière dont on le fait » et que « tous les enfants ont le droit d'aller jusqu'en troisième avant d'être orientés ». Même en matière d'éducation, il fait du « en même temps ». S'il voulait être pris au sérieux, il aurait dû incriminer, outre l'égalitarisme, l'absence d'exigence, le laxisme, l'influence des idéolo-pédagogues, et annoncer qu'il va rompre avec des décennies de mauvaises habitudes.

Macron a un avis sur tout, il veut que l'Histoire soit enseignée de façon chronologique, que l'instruction civique devienne « une matière essentielle » et, comme il aime les débats, il annonce que « chaque semaine, un grand texte fondamental sur nos valeurs sera lu dans chaque classe puis débattu ». Quand on connaît ses « valeurs » et sa façon de déconstruire l'Histoire, il y a de quoi s'inquiéter. À ses yeux, « l'école est devenue un sujet régalien » et, « compte tenu des enjeux », l'éducation fait désormais « partie du domaine réservé du Président » : on croirait que c'est lui le véritable ministre de l'Éducation nationale. Pauvre Gabriel Attal, qui ne serait qu'un larbin aux ordres de son maître !

Emmanuel Macron veut secouer le marasme de l'école ? Rappelons-lui que le rôle de l'école est d'instruire les élèves et de conduire chacun d'eux au maximum de ses capacités. Tout le reste n'est que bavardage. Il veut sortir des « hypocrisies françaises » ? Qu'il commence par sortir de sa propre duplicité !

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Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

Vos commentaires

76 commentaires

  1. Et une fois de plus, tout part dans tous les sens avec un président qui oublie que nous sommes en démocratie ! On pourra ajouter autant de ours ou d’heures de cours que l’on veut, si ces cours ne sont pas de qualité et les élèves ne sont pas motivés, ça ne servira à rien ! Nos politicards n’ont-ils toujours pas compris que, dans le pays le plus imposé du monde, le pays où les fonctionnaires, les hauts fonctionnaires prolifèrent, où de plus on fait appel à une pléthore de cabinets conseils, les services publics sont bien bien loin les meilleurs du monde ! Ce n’est ni le pognon, ni la pléthore de mesures inutiles qui nous procurent des services publics de qualité …. et encore moins le brassage de vent opéré par nos politiciens, politiciens qu’il serait temps de recycler en éolienne : peut-être que cela nous couterait moins cher et serait plus efficace et encore, ce n’est pas certain !

  2. Résumons : il veut apaiser le bon peuple avec quelques mesurettes sans trop fâcher le monde enseignant de gauche. Et le gros problème est qu’il pense avoir toujours raison et savoir tout sur tout

  3. En politique comme dans le show business il y a des passages à vide. Avec Macron c’est le vide sidéral. Il ne sait plus quoi inventer pour continuer d’exister. Il y a bien longtemps que la France n’a plus de grand leader, tout au plus un ersatz de président. Il ne convainc plus personne. Le grand prêtre du dieu Eole est épuisé par son propre vent.

  4. comment a-t-on pu remettre ce destructeur et menteur au pouvoir ! je suis de plus en plus en colère, et l’automne risque d’être chaud !!

  5. « Il y a trop de vacances, et des journées trop chargées » croit savoir le roitelet. Si c’est pour bourrer le crâne de nos chères « têtes blondes » avec la théorie du genre ou autres fariboles, quel intérêt. Quant à demander à Macron qu’il « sorte de sa propre duplicité », vous plaisantez, M Kerlouan, c’est son fonds de commerce. Qu’il débarrasse le plancher, surtout !

  6. Quant une partie non négligeable d’enfants se désintéressent des matières enseignés en milieu scolaire publique, que les enseignants ne peuvent parler de certains sujets sans finir comme Samuel Paty, que les rectorats pensent plus à fermer les classes qu’à veiller à la bonne marche des établissements empêtré avec les tenus culturels des élèves qui divisent les un des autres et qui ne doivent pas recevoir la même instruction alors redonner à l’éducation national ce qu’elle devrait être c’est devoir la réformer complètement tel par exemple la justice que ne citer que ces deux secteurs. La solution est simple des politiques courageux et non opportunistes.

  7. Concernant l’apprentissage de l’Histoire de façon chronologique, je suis d’accord avec Macron. Une fois n’est pas coutume.
    Cela mis à part, son blablabla permanent est vraiment fatigant.

  8. Ce guignol n’a toujours rien compris, ce ne sont pas les vacances d’été qu’il faut réduire mais toutes ces vacances intermédiaires tous les 2 mois qui n’existant pas autrefois. C’est là le vrai problème de la fainéantise Républicaine des vacances de 15 jours tous les 2 mois sans oublier les grèves et absences de convenance entre deux périodes de vacances, ni les jours fériés qui faut l’objet de viaducs entre ces vacances. Enfin le temps de travail des enseignants pas le mercredi ni le samedi et dimanche et des horaires journaliers loin des 8 h pour la majorité de ces fainéants souvent gauchistes ce qui n’arrange rien et pas contents de leur sort bien sûr, avec autant de temps libre il faut beaucoup de fric.

    • ça a été inventé pour faire marcher le commerce des zônes touristiques ( à défaut d’emplois résiduels hors fonctionnaires, il restait encore le commerce et l' »industrie  » des loisirs à l’époque – 1979). D’une pierre 2 coups, on tentait de se mettre le corps enseignant et ses appendices flegmatiques dans la poche..

  9. Tout à fait d’accord avec vous, M. Kerlouan. M. macron devrait publier un opuscule intitulé « l’école pour les nuls », il ferait fortune tellement il y aurait d’acheteurs intéressés.

  10. Il ne semble pas dire n’importe quoi , il dit n’importe quoi mais plus personne ne l’écoute . Et surtout qu’il évite de toucher quoi que ce soit parce qu’il ne fait que détruire tout ce qu’il touche .

  11. Macron ne sait faire que du verbiage car il est complètement déconnecté de la triste réalité du pays, n’a aucune vision et encore moins d’idées. Ce type est nullissime et tellement nuisible !

  12. Article tout à fait juste.
    Première mesure : Rétablir le redoublement pour ceux qui n’ont pas le niveau.
    Deuxième mesure : Autoriser les collèges à faire des classes de niveau. Autrefois, choisir l’euro ou le latin permettait de faire des classes plus nombreuses avec de bons élèves, et des classes à effectif moins lourd pour les autres. On avait ce qu’on appelait des classes « Camif » où il y avait les enfants d’enseignants. On a obligé les principaux à disperser ces bons élèves. On avait un peu de latinistes dans toutes les classes ce qui a compliqué les emplois du temps car il fallait aligner les cours de latin ou d’euro dans toutes les classes. On a envoyé les profs en stage pour leur apprendre à « gérer l’hétérogénéité ». Les profs eux-mêmes ne savaient plus où mettre leurs enfants et choisissaient le privé. Pourquoi faire simple ?

  13. Coutumier du fait. Pourquoi voudriez-vous que cela changeât ?
    Il n’est bon qu’à brasser, ventiler et se gargariser de sa suffisance.

    Et on n’arrive même pas à le virer.

  14. Notre Président est un génie. Dommage qu’il n’ait pas de personnes ayant ses facultés à nommer aux postes ministériels, sinon, nous serions la nation la plus enviée au monde et rendrions jaloux tous les peuples de la Terre et des planètes habitées.

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