[ÉDITO] Petit espoir de paix en Ukraine : la madone des sleepings et le sultan

Passons sur le cinéma tourné dans ce train de nuit qui conduisait notre Président en Ukraine...
Capture d'écran X
Capture d'écran X

La semaine dernière, Emmanuel Macron, qui devait avoir un trou d’un quart d’heure dans son agenda surchargé de sauveur du monde et de la galaxie, s’emparait du dossier des rythmes scolaires, court-circuitant ainsi le Premier ministre et le ministre de l’Éducation nationale. Mais le voici désormais de retour dans la cour des grands avec un dossier autrement plus brûlant que celui de la durée des grandes vacances de nos chères têtes blondes : la guerre en Ukraine. Passons sur le cinéma tourné dans ce train de nuit qui conduisait notre Président en Ukraine, accompagné de ses compères Starmer, Merz et Tusk. « C’est sûr qu’on arrive à 8 heures ? », « Bonne nuit à tous… », lance le Président en chemise (pas de nuit !), dans le couloir de ce train semblant tout droit sorti du Crime de l’Orient-Express ou de La Madone des sleepings.

En juin 2022, il avait déjà fait le coup du train qui sifflera trois fois avec « ses homologues » de l’époque, l’Allemand Scholz et l’Italien Draghi, pour se rendre à Kiev. Il avait fait ça tout à fait par hasard, à trois jours des élections législatives françaises. Passons donc sur ce cinéma, sur les images de franche rigolade de nos compères français, britannique, allemand en goguette, alors qu’au même moment, à quelques centaines de kilomètres de cette scène ferroviaire, sans doute, des jeunes de vingt ans, ukrainiens et russes, meurent, sont blessés, souvent avec des séquelles à vie, dans des combats de tranchées d’un autre âge.

 

Passons et venons-en à l’essentiel : la guerre ou plutôt l’espoir qu’elle prenne fin, comme l'a espéré, ce dimanche, le pape Léon XIV, au balcon de Saint-Pierre. Car, semble-t-il, les choses bougent. Un peu. Reconnaissons-le, Donald Trump a pour l’instant échoué. Échoué à arrêter la guerre en 24 heures. D’ailleurs, le croyait-il vraiment ? Échoué à obtenir un cessez-le-feu dans les cent premiers jours de son mandat. Soyons honnêtes : beaucoup y crurent. Mais à la guerre, on ne cesse pas le feu unilatéralement. Or, Poutine a continué de pilonner. Il sait que le rapport de force – essentiel à la guerre – lui est favorable.

Les choses bougent

Donc, les choses bougent. Macron et ses collègues européens, histoire de revenir dans le jeu, sitôt débarqués de leur wagon-couchette, ont lancé, de concert avec les États-Unis, samedi matin, un ultimatum à Poutine, sommé d’accepter un cessez-le-feu « complet et inconditionnel » de trente jours à partir de ce lundi 12 mai. Sinon quoi ? Sinon, la Russie s’expose à des « sanctions massives ». C’est-à-dire ? Depuis celles qui allaient mettre à genoux la Russie, selon Bruno Le Maire, on a comme un léger doute quant à leur capacité à impressionner un Poutine qui vient, d’ailleurs, de s’offrir le luxe d’une parade militaire grandiose pour célébrer les 80 ans de la fin de la Grande Guerre patriotique, en présence de 29 chefs d’État du monde entier, dont le Chinois Xi Jinping (1,4 milliard d’habitants), l’Égyptien Sissi (100 millions d’habitants) et le grand ami de Macron, le Brésilien Lula (220 millions d’habitants) - excusez du peu…

Zelensky dit « Chiche ! » à Poutine

Réponse de Poutine à cet « ultimatum » et cette menace de « sanctions massives » ? Elle est tombée ce dimanche 11 mai : l'homme du Kremlin propose des négociations directes avec l’Ukraine, en Turquie, dès ce jeudi 15 mai, et ce, sans conditions préalables et, donc, sans cessez-le-feu préalable. Une manière, pour Poutine, d’ouvrir le jeu mais sans se plier à l’ultimatum européen, et en excluant de la table des négociations ces Européens dont il ne veut pas. Évidemment, cette contre-proposition ne satisfait pas Macron qui estime, sans doute à raison, que Poutine « cherche une voie, mais il y a toujours chez lui la volonté de gagner du temps ». Trump, de son côté, pragmatique, a ainsi réagi : « Le président russe Poutine ne souhaite pas conclure un accord de cessez-le-feu avec l’Ukraine, mais plutôt se réunir jeudi en Turquie pour négocier une éventuelle fin du bain de sang », ajoutant : « L’Ukraine devrait accepter cet accord, immédiatement. » Et ce dimanche soir, Zelensky répond « Chiche ! » Le président ukrainien annonce qu’il attendra Poutine en Turquie, jeudi, ajoutant : « Personnellement. J’espère que cette fois-ci, les Russes ne chercheront pas d’excuses. »

Donc, les choses bougent, même si rien n’est fait, bien sûr. Si cette rencontre a lieu et qu’elle aboutit à quelques petits pas, le sultan Erdoğan aura beau jeu de se présenter, sinon en faiseur de paix, tout du moins en facilitateur. À la fin du XIXe siècle, « l’homme malade de l’Europe » était l’Empire ottoman au chevet duquel France et Grande-Bretagne venaient se pencher avec condescendance. En ce début de XXIe siècle, « l’homme malade de l’Europe » ne serait-il pas, tout simplement… l’Europe ? Malade de cécité, au point de ne pas voir que d’autres trains dans le monde sont partis sans attendre que la madone des sleepings ne soit montée à bord.

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Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

Vos commentaires

90 commentaires

  1. ça sent le lapin et le sapin….

    Il se dit que Boris Johnson conseillerait le trio des loosers…
    Selensky sera le 15 au Monténégro pour négocier accord de défense et fournitures d’armes.. Monténégro qui devient prioritaire comme l’Albanie pour rejoindre l’UE. Il est écrit également dans la presse que Zelinski a invité Poutine à Istanbul, la conférence de Poutine à minuit ne reflétait pas ceci.
    Le lapin est possible et le sapin suivrait, de quoi réjouir les européens et faire sortir les Usa du jeu actif dans la négociation.

  2.  » Poids lourds européens  » qu’ils nous disent…
    Et l’Italie, et Madame Meloni ?…
    Qui nous a montré sa pertinence en matière economique et d́’immigration, et son entente avec Monsieur Trump.

  3. Ces apôtres de la paix me font peur… Attention, ils vont prendre
    des sanctions massives contre la
    Russie.
    Et si Poutine se mettait dans la tête d’en prendre contre nous… Il a des missiles… non nucléaires dans un premier temps, qui pourraient transformer notre porte-avions en fer à repasser et enfoncer la Tour Eifel à 50 pieds sous terre.

    • En écrivant « ET SI Poutine se mettait dans la tête d’en prendre contre nous ? … Il a des missiles … » fait exactement ce que veulent ces « 4 fantastiques » qui se prennent pour les « sauveurs du Monde » : jouer sur la peur de la guerre sur votre pelouse ! ….
      Poutine a certes une Armée ET des missiles mais nous, nous avons « une compagnie » de « bras cassés » se prenant pour des « chefs de guerre » … C’est surtout des kékés qui n’arrêtent pas de péter de travers ! …
      AU moins la « 7ème compagnie » était drôle ! …

  4. A défaut de s’imposer en France , Choupinet essaye encore et encore de briller sur la scène internationale . Peine perdue , même en Ukraine on sait ce que « maronner » veut dire .

  5. macron ne sera jamais un leader et encore moins un leader européen . C’est un lâche aucune droiture, il a dû poster un CRS tout les 50 mètres le long de la voie ferroviaire avant de monter dans le train non ?

  6. Comment voulez-vous qu’on fasse confiance à ces individus de la troika européenne ou presque. Ce sont des plaisantins irresponsables qui cherchent tous moyens pour montrer qu’ils existent mais oublient simplement que leur pays et une bonne part de leurs compatriotes crèvent à petit feu à cause d’eux.

  7. Le président Poutine a répondu aux fanfaronnades macronesques, à propos de ces fameuses sanctions. Avant de menacer, macron devrait réfléchir un peu à ce que représente le machin europe, face aux bloc internationale qui s’est formé avec la Russie. La mégalomanie de macron risque de coûter très cher, et très longtemps à la France.

  8. Mon Dieu !
    Toutes ces images d’étreintes forcées pour les caméras, ces embrassades hypocrites, ces réjouissances morbides, ces déclarations bellicistes…
    Et un étrange petit sachet de poudre blanche…
    Et certains pensent sérieusement que tout ce cirque médiatique réussi à faire trembler l’ours Vladimir ?
    Comme dirait le p’tit singe de Jeff Panacloc : « »Il est content, il ne fait que des conneries, mais il est content ! »
    Et pendant ce temps là ?
    Et bien, pendant ce temps là les français paient pour toutes ses bêtises à tous les niveaux.
    C’est vrai aussi pour les autres européens…
    Et « on » voudrait nous faire croire que l’ours Vladimir tremble !
    Bon courage à tou(e)s !

  9. Bel article. Quelle prescience chez La Fontaine avec sa mouche du coche ! Quel camouflet de la part de Poutine d’aller négocier en Turquie alors que tant de conflits ont trouvé leur résolution à Paris. Il faudrait vraiment que les Macronistes reviennent sur terre.

    • Pour cela il faudrait qu’ils remettent les pieds sur terre et se rendent compte de leur inutilité. Plus dure sera la chute!

  10. Trahison et collusion sont les deux mamelles de la politique politicienne. Celle qui méprise le peuple du haut de son savoir, de sa satisfaction, de sa fatuité , et de son incompétence. Ces deux petits personnages haut placés, comme leurs infimes congénères, ne pensent qu’à conserver leurs tables gastronomiques, leurs fauteuils hors de pris et les privilèges d’un pouvoir qu’ils volent élection après élection en manipulant d’une part les esprits avant les scrutins avec la complicité jubilatoire des média de la doxa autorisée et d’autre part les résultats du vote ensuite en construisant des majorités improbables. Le ridicule leur sied tant qu’ils prennent plaisir à s’en revêtir sans vergogne. Mais les français, petit à petit, ouvrent leur yeux et bientôt, nous l’espérons diront « afuera ! ».

  11. a t on une explication sur cette objet que macron , l air gèné essaie de cacher a la vue des caméras ?

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