[ÉDITO] Fiscalité : après les gueux, les vieux ?

Finalement, un bon retraité est un retraité mort.
Capture d'écran
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« Rien n'est tabou », « tout doit être sur la table », qu’ils disent. Le gouvernement annonce, comme nous l’évoquions hier à l’occasion du cours ex cathedra du professeur Bayrou, un « effort supplémentaire de 40 milliards d’euros » en 2026, « essentiellement » sous forme d’économies. On se dit, là, que cette fois-ci, c’est la bonne, qu’ils vont arrêter de faire joujou avec le canif de la dînette et vont décrocher la tronçonneuse qui traîne au fond du garage. Par exemple, qu’ils vont tailler dans l’aide médicale de l'État, réduire sérieusement la contribution à l’Union européenne (plus de 23 milliards en 2025, soit 900 millions de plus qu’en 2024). Tututute, non, ça, pas touche ! Mais on avait dit pas de tabous ? Mais vous confondez tout : un dogme, c'est pas un tabou. Ah, pardon, au temps pour moi !

Chasse pascale aux niches fiscales

Or, dans cette grande offensive budgétaire de printemps lancée mardi par le général Bayrou, je ne sais pas si vous avez remarqué, mais pour l’instant, aucune piste sérieuse d’économies substantielles n’est annoncée. On va se réunir, on va se concerter, on en reparle avant le 14 juillet, qu’il a dit, en gros, le Premier ministre. Si, tout de même, une piste est évoquée : la chasse aux niches fiscales. Notre système fiscal en compterait 467. Dans cette sorte de chasse aux œufs de Pâques qui s’ouvre, Mme de Montchalin, ministre des Comptes publics, aurait déjà rempli son petit panier en osier avec tout plein de niches fiscales qui ne se justifient plus. Fort bien. Que n'y avait-on pas pensé plus tôt ! Mais, me ferez-vous remarquer – arrêtez-moi, si je dis une bêtise –, un budget, que cela soit celui d'un ménage, d'une entreprise, d’une commune ou de l’État, c’est schématiquement une colonne « Recettes » et une colonne « Dépenses ». La suppression de ces niches fiscales entraînera une augmentation des recettes pas une diminution des dépenses. Or, les ministres qui font le tour des plateaux télé n’évoquent pas la colonne « Dépenses ». Comme s’il y avait une sorte d’incapacité congénitale, atavique, systématique - mieux : systémique, comme on dit aujourd’hui - qui frapperait nos dirigeants au plus haut niveau de l'État.

Au passage, il faudrait s’entendre, sur ce terme de « niche fiscale ». En effet, à écouter certains écolo-malthusiens, le simple fait d’accorder des demi-parts pour enfants à charge dans un foyer relève quasiment de la niche fiscale : après tout, vous avez fait le choix d’avoir des enfants, alors assumez, bon sang !

Ah, les retraités !

Parmi ces « niches fiscales », décidément, au cœur du débat, il en est une qui s’affirme véritablement comme le bel et gros œuf en chocolat de la chasse 2025 : l’abattement forfaitaire de 10 % sur les pensions de retraite. Un abattement plafonné, rappelons-le : en 2025, un foyer déclarant plus de 43.210 euros de pensions bénéficie d’un abattement global maximum de 4.321 euros. Visiblement, le gouvernement est en train de préparer les esprits, comme un tir d'artillerie avant la grande offensive : objectif 2026. Un manque à gagner de 4,5 milliards d’euros, selon la Cour des comptes, c’est sûr que ça mérite d’y réfléchir. Ah, les retraités ! L’ancienne socialiste et macroniste de la première heure, Astrid Panosyan-Bouvet, ministre du Travail, ne les met pas dans le même panier. Une spécialité bien macroniste : diviser pour mieux régner. Ce mercredi, chez Apolline de Malherbe, elle n’a pas hésité à déclarer : « Qu'on arrête de regarder les retraités comme un bloc homogène », dans lequel « 75 % des retraités ont une résidence principale » alors que « les difficultés se concentrent sur ceux qui ne sont pas propriétaires ». Nous y voilà.

Ces salauds de retraités « aisés »

...qui, au cours de leur vie active, ont épargné sou après sou afin d'avoir un toit pour leur retraite, voici qu’on en fait des nantis ! Un petit historique sur les dix dernières années, pour ceux qui ont la mémoire courte. Jusqu’en 2013, les majorations de retraite pour charges de famille (familles nombreuses d'au moins trois enfants) étaient exonérées d'impôt sur le revenu, queue de comète d’une défunte politique familiale. Hollande supprime cette « niche » en 2014, comme un dernier clou dans le cercueil de cette politique familiale. Un député macroniste interrogea, en 2019, le gouvernement sur ce sujet. La réponse confirme que le macronisme n'est rien d'autre que du socialisme qui s'ignore. En 2018, au temps du macronisme flamboyant, de nouveaux efforts sont demandés aux retraités pour contribuer au fameux rétablissement des comptes publics, avec la hausse de la CSG de 6,6 % à 8,3 %. Sept ans plus tard, le macronisme a tellement flambloyé que la caisse est cramée et que l'on s'apprête à demander un nouvel effort aux retraités, ceux-là mêmes, sans doute, à qui on avait déjà demandé, sous Juppé, lorsqu'ils étaient en activité, un « petit effort », une contribution pour le remboursement de la dette sociale (CRDS) qui, bien sûr, devait être provisoire... Mais tout ça, on a déjà tout oublié, la mémoire du poisson rouge étant proportionnelle à la circonférence de son bocal.

Au plan purement comptable, on comprend qu'il est urgent que la loi sur l’euthanasie soit votée : finalement, un bon retraité est un retraité mort.

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Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

Vos commentaires

188 commentaires

    • Serait-ce une menace de cet ETAT incompétent à la corporation des « retraités » ? La guerre est donc déclarée ! Alors qu’il en soit ainsi, quelques scrutins déterminants arrivent sous peu…

  1. Les français n’en finissent pas de payer le train de vie de la Macronie et surtout le train de vie de l’Élysée…
    La France n’en finit pas de payer pour le « »mbellicisme-franco-ukrainien » de son président…
    L’UE presse le citron France, avec la bénédiction du sus-cité…
    La submersion migratoire est chouchoutée comme jamais…
    Et maintenant une France, oh pardon, une Macronie luttant contre une « multi-guerre » intérieure…
    J’allais oublier une écologie punitive à gogo.
    N’en jetez plus, la cour est pleine !
    Ben non, y’a trop de vieux, particulièrement trop de « boomers », aussi, tant pis si ces derniers « crachent au bassinet » pour eux, leurs enfants, et/ou petits-enfants… Ils sont trop nombreux, donc il faut « éclaircir » au sens propre comme au figuré !

  2. quand ils ont proposer de réduire les avantages des présidents et ministres en retraite ils ont tout bonnement refuser si vous n’avez pas compris (il reste des os a ronger )et il partirons gavés

  3. un autre racket que personne ne soulève les vieux paient des impôts sur tous leurs revenus pendant toute leur vie et lorsqu’ils meurent, leurs enfants paient des impôts par leur le biais des frais de successions sur ce qui a déjà été soumis à impôts, un vol manifeste

  4. Le socialisme, c’est le partage de la misère. Incapable de gérer, de penser en dehors de leurs schémas idéologiques. Et notre Chef à plumes (beaucoup de plumes) est capitaliste pour lui et les siens, et socialiste pour le reste. Augmenter les impôts des retraités qui ont fait des efforts pour êtres indépendants, c’est tout ce qu’ils sont capables d’inventer ? Macron tremble à l’idée des réactions possibles des diasporas étrangères, il devrait se méfier de la réaction des honnêtes citoyens.

    • Vous écrivez « il devrait se méfier de la réaction des honnêtes citoyens » ! …
      Que s’est-il passé lorsque la macronie a dit « vous devez vous cloitrer chez vous et ne sortir qu’à moins d’un kilomètre de chez vous et pas plus d’une heure  » …
      Les « dirigeants » français ont vérifié que le « mouton français était bon à tondre » par tous les bouts ! …

  5. « après les gueux, les vieux  » et après ? Tous ceux qui votent mal ? et après ? Ceux qui restent !

    • Quand ils sont venus chercher les socialistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas socialiste.
      Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas syndicaliste.
      Quand ils sont venus chercher les Juifs, je n’ai rien dit, je n’étais pas juif.
      Puis, ils sont venus me chercher. Et il ne restait personne pour protester.
      Martin Niemöller

  6. Tout cela est fort juste : merci. Un détail : dans la phrase « Ah, pardon, au temps pour moi ! », juste écrire « autant pour moi ! » (la même chose, la même quantité).
    Mais c’est un détail (ah cette homophonie !). Merci.

    • Vous êtes dans l’erreur : il s’agit d’une expression militaire que vous ignorez sans doute.

  7. Commencez par réduire les salaires et avantages de l’ensemble des députés, ministres et secrétaires qui se gavent de cet argent public, argent pris à l’ensemble de la population y compris les retraités, supprimez toutes ces aides qui détruisent la France en créant des assistés non productifs, bref gérez correctement le pays sans aller vous retrancher derrière ces lâches options envers les vieux travailleurs aujourd’hui retraités, signes d’une incapacité à accomplir votre fonction.

  8. Rien à ajouter, cet édito dit tout et il est à craindre que les enfants d’aujourd’hui quittent cette France dirigée par une classe de nantis irresponsables

  9. Les gueux, les vieux et les vieux gueux votent. Qu’ils expriment leur colère au lieu de voter avec leurs pieds. Que les retraités cessent toute activité de bénévolat pendant un mois et la France sera à genoux. De même qu’ils suppriment restaurants, cinéma, théâtre, voyages et locations de vacances. Contrairement à ceux qui gèrent le pays à tous les étages, les retraités savent gérer un budget. Rappelons enfin à ces incapables qu’un jour ils feront partie de ces vieux qui comptent leurs sous alors que d’autres ne font strictement rien et vivent très bien de l’assistanat. Ou bien qu’ils nous donnent une arme et des munitions pour nous aider à disparaître. Honte à ces dirigeants qui nous spolient depuis plus de 40 ans !

    • Si l’on en croit les statistiques ce sont bien les vieux qui votent Macron à toute occasion, surtout s’ils sont citadins, nantis et dispensés de toute progéniture : la Justice Divine existe donc.

  10. Tout est dit ! Bien dit. Ces politiques sont persuadés d’être au-dessus des Lois, toutes les Lois dont celle de la Vie. La vieillesse, la mort ce n’est pas pour eux. Donc il y a les vieux qu’on va évacuer avec l’euthanasie en même temps que les malades … bref ceux qui coûtent « un pognon de dingue ». Et puis les actifs … sauf que les actifs il faut aller les chercher ailleurs puisque la France ne fait presque plus d’enfants. Encore une économie géniale : un enfant ça coûte cher depuis la grossesse jusqu’au rendement. Alors qu’importer des jeunes tout faits prêts à l’emploi ça c’est faire des économies. Voilà le niveau !

  11. Il y a pourtant eu des ministres des finances le dernier avant la dissolution était Bruno Lemaire. Les responsables de cette faillite budgétaire ils sont où ? Est ce de l’ incompétence pour avoir accumulé autant de déficits? Leurs excuses bidon du quoi qu’il en coûte de la période COVID est irrecevable. Perso je n’ ai jamais bénéficié des largesses de l’ état, je suis plutôt dans la catégorie des « plumés » et toujours plus par des taxes en tout genre. Donc les responsables de cette calamiteuse faillite c’est à eux et à eux seuls qu il faut demander des comptes. Ils sont les seuls coupables. Allez donc entendre les explications de Lemaire opportunément parti en Suisse. Et faire des économies drastiques ce qui semble à ce gouvernement impossible, c’est tellement grisant de mener grand train.

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