[ÉDITO] Bayrou ou le (dépôt de) bilan de 25 ans de politique de gauche et droite

« La vérité permet d’agir. » C’est beau, on dirait presque une devise épiscopale. Voila donc la phrase inscrite devant le pupitre de François Bayrou, ce 15 avril, pour sa conférence sur l’état de notre dette publique et de nos finances. D’aucuns diront qu’en pleine affaire Bétharram, il fallait oser. Passons. Une conférence prononcée devant plusieurs membres du gouvernement, des parlementaires, des partenaires sociaux. Et en l'absence notable de l'Association des maires de France : « Pas d’ordre du jour, pas de documents préparatoires. La convocation a eu lieu vendredi soir pour mardi matin, pas de place pour de véritables échanges… Tout cela dénote une forme de mépris. »
La vérité sur nos finances publiques ? Tout le monde, ou presque, la connaît. Et depuis longtemps. Souvenons-nous de François Fillon, en 2011 : « Je suis à la tête d'un État qui est en situation de faillite sur le plan financier, je suis à la tête d'un État qui est depuis quinze ans en déficit chronique, je suis à la tête d'un État qui n'a jamais voté un budget en équilibre depuis vingt-cinq ans… Ça ne peut pas durer. » Apparemment, si, puisque quatorze ans plus tard, c’est pareil, mais en pire. Donnons le point à Bayrou : cette situation, il l’a toujours dénoncée du haut de son Aventin palois. Pas au point, cependant, d’être un adversaire vraiment farouche des gouvernements qui se succèdent aux affaires de la France depuis 2012 !
Le budget 2026 sera le bébé de Bayrou : s'il va à terme...
Aujourd’hui, Bayrou est au pied du mur budgétaire. Le budget 2025, passé grâce au 49.3, n’est pas vraiment son budget, puisqu’il s’est contenté de bricoler celui de Barnier en enlevant ce qui avait fait chuter le Savoyard, notamment la désindexation des pensions. Là, cette fois-ci, Bayrou a vraiment les mains dans le cambouis. Le budget 2026 qui se prépare actuellement à Bercy sera son bébé. Il en sera comptable, pour de vrai. S’il va à terme. Car la petite musique de la censure se fait de nouveau entendre, à gauche et du côté du Rassemblement national. Alors qu’actuellement Bercy travaille dans sa cuisine le budget 2026, Bayrou a donc éprouvé le besoin de venir au salon pour préparer les esprits. Évidemment, on a eu droit à la Russie et maintenant à Trump – naguère, c’était le Covid-19 – pour « contextualiser ». Un contexte que le ministre du Budget, Amélie de Montchalin, pour justifier une coupe de 5 milliards, deux mois à peine après l’adoption du budget 2025, résume ainsi : « dans un monde de grande incertitude »… Entre nous, il y a bien longtemps que nous vivons dans un monde de grande incertitude. « De tous temps, les hommes », comme l’écrirait un élève de seconde dans une mauvaise dissertation.
À ce sujet — [Chronique] Budget 2025 : mais où va la République ?
Vraisemblablement, l'immigration ne fait pas partie de l’équation
Mais revenons à la conférence du Premier ministre. Reconnaissons-le, le professeur Bayrou a fait un gros effort pédagogique pour être clair. Chose assez rare pour être mentionnée. Tout du moins dans la présentation du constat, du diagnostic. Il est vrai qu’il excelle dans cet exercice depuis des décennies. Le constat : la France ne produit et ne travaille pas assez : « Si notre production par habitant était dans la même gamme que celle de nos voisins européens, nous n’aurions pas de déficit budgétaire. » Nous dépendons trop de l’étranger : « Il est impératif de réduire nos dépendances industrielles, agricoles, industrielles. » La France, grand pays agricole… Augmenter les prélèvements est « intenable ». Une démographie en berne qui amène à repenser le système social. Tout cela est juste et vrai. Et, donc ? Et, donc, on n'en saura pas plus, si ce n’est qu’il y aura un effort supplémentaire de trois milliards pour la défense, en 2026. On notera que dans cette sorte de discours de politique générale bis, certes essentiellement centré sur les finances et l’économie, pas un mot sur l’immigration. Vraisemblablement, elle ne fait pas partie de l’équation... Quant à l’« effort supplémentaire de 40 milliards d’euros » évoqué, ces jours-ci, « sur les plateaux » par les deux Lombard de Bercy (Éric Lombard tout court et Amélie de Lombard de Montchalin), Bayrou a laissé ses hôtes sur leur faim.
L'abattement de 10 % des retraités ?
Un mot, justement, sur cet effort de 40 milliards, « essentiellement » sous forme d’économies, nous dit-on. On a déjà comme un doute. Lorsqu’on entend qu’il pourrait y avoir, parmi les nouvelles mesures, la suppression de l’abattement forfaitaire de 10 % pour le calcul de l'impôt sur le revenu des retraités. Paraît-il, ce ne serait pas une hausse d’impôt mais une économie… Question de point de vue. Interrogé à ce sujet par Le Figaro Live, ce 14 avril, Jacques de Larosière, ancien gouverneur de la Banque de France, a répondu : « Ce sont des trucs. » Autrement dit du bricolage. Combien de temps tiendra Monsieur Bricolage ? Autre truc dans l'air du temps et qui concernerait le budget de la Sécurité sociale : le remboursement des dépenses de santé qui pourrait être conditionné aux revenus, « piste » ouverte par la Cour des comptes...
Avouons, tout de même, que cette leçon de réalisme, délivrée par le professeur Bayrou, avait quelque chose de… surréaliste. En effet, au premier rang, bien alignés et bien sages, bien attentifs, se tenaient les ministres de Bayrou : des anciens ou toujours LR, des anciens socialistes dont Manuel Valls, des macronistes pur sucre faisant la synthèse de tout ça. Tous plus ou moins comptables de ce bilan des vingt-cinq dernières années présenté par François Bayrou.
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121 commentaires
On en restera comme d’habitude au stade du bla bla bla, avant d’inventer un nouveau bidule pour prélever encore davantage d’argent au moins de 50 % de Français qui paient des impôts sous une forme ou une autre, et en inventant une terminologie alambiquée pour faire prendre des vessies pour les lanternes et surtout ne pas parler d’augmentation d’impôts. Quant aux économies que la tronçonneuse pourrait attaquer, nous pouvons toujours attendre : au mieux 2027.
Ni de droite , ni de gauche disait il , mais toujours sans vision pour a France à long therme , juste pour sa retraite si mal acquise sur le dos de la France .
Voilà à quoi mènent toutes ces alliances contre nature. L’état des lieux pas besoin de Bayrou sauf si c’est pour amener les responsables à payer….non on continue à culpabiliser les Français, à tirer sur le RN (qui n’a jamais été aux affaires donc par définition pas coupable). Quid de l’immigration, des fonds européens (pas ceux utilisés par le RN pour la France plus que pour l’UE), de l’utilisation des aides à l’Ukraine, des subventions aux associations fréristes etc…la feuille de route pas des débats et le courage de faire.
Ouf! enfin quelqu’un qui a compris que des fonds européens auront été utilisé par le RN pour servir à la FRance + que pour l’UE ! ca fait plaisir…de ne pas l’entendre traitée de voleuse et d’avoir piqué dans la caisse.
Jamais dans leur discours les macronistes ne parlent des vraies économies à faire : immigration, mineurs accompagnés, fraude sociale, les 140 agences d’état, les Ars, le surnombre des fonctionnaires, l’argent balancé à Zelenski, à l’Afrique du Sud, aux états africains, à la Chine même ! qui doit bien rigoler, au Sénat (sénateurs américains beaucoup moins nombreux pour un pays de 340 millions d’habitants !), fauteuil de Larcher à 40 000 euros au mille-feuille des régions, les surpayes des hauts fonctionnaires, etc. Des milliards !
Ce sont toujours les retraités, les actifs, les classes moyennes ponctionnées, dépouillées, haro sur le baudet !
Exactement ! Vous n’avez pas dû oublier grand-chose dans cette longue énumération. Nous vivons actuellement dans un Pays en état de déliquescence avancée. Sommes-nous arrivés au non retour … je souhaite que non, mais il est grand temps de reprendre les choses en mains. Nous n’avons plus les moyens de dépenser autant d’argent pour toute la misère du monde alors que certains français se privent de tout. Sécurité, santé, éducation … tout part à vau-l’eau ! Merci à tous ces énarques « amateurs » dont Macron était si fier, qui nous ont fait devenir les presque derniers de la classe, la risée des pays qui réussissent et continuent d’avancer. Mon mari qui les a côtoyés durant toute sa carrière d’ingénieur, les appelait les «scribes » … ceci depuis une quinzaine d’années. Leurs aînés étaient bien plus sérieux et compétents, comme sans doute dans bien des professions actuelles.
En 2011 , Fillon nous parlait d’un pays en faillite , en 2017 son programme devait s’ attaquer au chantier et on l’a évincé , coincidence ?
1ere mesure envisagée par fillon: augmenter la tva de 2%…Le top!
Que de temps perdu! Censure!
Cher Monsieur Guilhon, vous avez raison en théorie : si une forte majorité se fédérait sur un programme drastique qui passerait par de considérables efforts de tous et, en réalité un véritable changement de logiciel économico-social, nous pourrions espérer couvrir cette impasse qui est devenue récurrente. Mais ceci me semble utopique dans un pays dans lequel 20% des électeurs rêvent de collectivisme (révolution islamo-gauchiste) et où le tiers votent au centre. Je crois hélas que rien ne se passera avant la faillite de notre pays. Je suis cependant prêt à aller brûler des cierges pour que vous ayez raison non seulement en théorie mais aussi en pratique !
Chacun sait ce qui ruine la France : l’immigration et les éoliennes. L’immigration et son cortège de dépenses sociales, de dépenses de sécurité, de dépenses de réparation des dégâts commis quotidiennement par les incendies de voitures, de poubelles, de bâtiments publics et plus sporadiquement lors des grandes émeutes ; les éoliennes qui enrichissent par exemple madame Pécressee par l’intermédiaire de son mari Jérôme, ex PDG de GE énergies renouvelables, et surtout bien des entreprises étrangères au détriment d’EDF ruinée par le prix d’achat de l’électricité éolienne, bien inférieur au prix de vente.
« La vérité permet d’agir ». En effet, depuis le temps que nous restons les bras croisés…
Ne comptons pas sur l’assemblée. Les socialistes, Le RN et le LR ne voteront pas la censure. Regardez pour les ZFE. Ils ne voteront pas l’abrogation. Il ne reste que la rue et les Gueux en pensant fermement que les forces de l’ordre et les militaires comprendront de quel coté ils doivent être.
Vous êtes devin?
PL n’est pas « devin » … IL est réaliste ! …
Vous prônez la même méthode que les islamogauchistes. Je vous trouve injuste avec le RN. Leurs motions ne sont jamais votées et pourtant eux ont déjà voté celles d’autres partis. Ils ne font pas partie de ce gvt.
Les LR voteront le texte de la ministre qui maintient les zfe de Paris et Lyon..et » ouvrant la liberté au autres » de les faire..Le Rn je pense qu’il a intérêt à soutenir son électorat ,beaucoup de « gueux » plutot que panier runacher la bobo qui refuse de serrer la main du plus jeune député Rn élu.. et plus largement des » verts » qui lui crache dessus en permanence…mais » on ne nous dit pas tout »..
« Tous plus ou moins comptables de ce bilan des vingt-cinq dernières années ». Ce n’est plus un bilan, mais une pré-faillite. Les totalitarismes finissent tous comme ça.
Pré-faillite? Faillite totale!
En tous cas tous les partis qui ont gouverné.
25 années, vous êtes sûr monsieur Michel? Ce ne serait pas plutôt 40 ou 45 années?
Moi je dirais à partir de giscard l’europeiste….50 ans..avec une énorme catastrophe en 1981…mitterrand
J’oublie un chiffre important, combien Macron vas envoyer d’argent des Français en Ukraine, si quel qu’un le possède envoyer le à Bayrou çà vas l’intéresser.
Ce que je ne veux surtout pas , c’est qu’il y envoie mon fils .
Ni votre fils ni d’autres.
Ni nos enfants,ni notre pognon..ça n’est pas notre guerre..
Quant je regarde les chances de la France depuis des dizaines d’années, de solides gaillards mineurs de plus de vingt ans venus comme travailleurs immigrés je crois que ce monsieur Bayrou qui fréquente les gouvernements depuis tant d’années, qui ont déconstruit la France à coeur joyeusement nous a récité son rêve de la nuit précédente, en France des travailleurs en disponibilités tu en veux en voilà. On dirais une poule qui viens de trouver un couteau, j’ai le son et l’image
Selon la Cour des comptes, le déficit des comptes publics base 2024 s’est élevé à 170 MM€ pour une dépense de 1652 MM€ et un PIB de 2910 MM€. La dépense représentait donc 57% du PIB contre une moyenne de 49% dans la zone Euro. Si les dépenses publiques de notre pays avaient été limitées à la moyenne de la zone Euro, nous aurions économisé 230 MM€, soit 60 MM€ de plus que notre impasse de 170. On voit donc bien que le problème se situe dans les dépenses. Côté recettes, le total de l’impôt sur le revenu et des CSG-CRDS s’élevait à 275 MM€. Il faudrait donc augmenter ce total de 61% pour résorber ce déficit et tout le monde voit bien que c’est impossible : pratiquement personne ne pourrait supporter une telle augmentation, étant rappelé que l’impôt sur le revenu (90 MM€) n’est payé que par la moitié des foyers. Mais de la même manière, il est impossible de diminuer les dépenses de 170 MM€. Au demeurant, le gouvernement ne cherche que 40 MM€ et ne les trouvera pas sans mettre le pays à feu et à sang. Mais supposons par charité qu’il les trouve, il lui faudrait alors sur la base 2024 (c’est à dire sauf une formidable croissance que la situation internationale ne permet pas d’imaginer), emprunter 130 MM€ (170-40) qui viendraient s’ajouter à la dette qui dépassait 3300 MM€ fin 2024. La charge de cette dette qui s’élevait à 59 M€ serait donc augmentée dans des conditions qui pénaliseraient davantage encore la recherche d’économies ultérieures puisque, chacun le comprend, plus il faut faire de la place dans le budget pour payer les intérêts de la dette et moins il en reste pour les autres postes. Cela signifie qu’après 50 années ininterrompues d’accumulation de nos déficits et en dépit de la plus forte pression fiscale du monde, il est désormais impossible de majorer les recettes et de réduire les dépenses publiques et que, plus le temps passe, plus cette impossibilité s’accroît. Il est cependant illusoire d’imaginer que notre pays pourra toujours augmenter sa dette dès lors que celle-ci tend mécaniquement vers l’infini, ce qui est pourtant le cas comme le montrent les chiffres. Dans ce contexte, l’optimisme consiste à jeter la Vénus de Milo du haut de la Tour Eiffel et à attendre qu’elle y remonte par ses propres moyens. La conclusion s’impose en effet à tout esprit normalement rationnel : cela continuera jusqu’à la déclaration d’insolvabilité de notre pays (la faillite), et l’adoption d’un traitement de choc qui perturbera tellement notre économie et notre société que tous les malheurs peuvent en être redoutés. En d’autres termes, cela n’a strictement aucun sens de chercher 40 MM€ de ressources (recettes et économies). Tout le monde le sait, mais ceci n’empêche pas notre gouvernement de chanter avec Céline Dion : encore une heure, une heure seulement !
« Mais de la même manière, il est impossible de diminuer les dépenses de 170 MM€. » C’est une plaisanterie? Demandez à Javier Gerardo Milei, lui sait faire. Quand on vit nettement au dessus de ses moyens depuis nombre d’années, les habitudes sont tenaces, mais non insurmontables quand on le veut.
C’est drôle mais en Argentine ils savent faire!
Mitterrand a ouvert le bal des
maudits avec sa clique infernale… Macron est dans l’euphorie, et ce n’est pas fini.