Frontex : chronique du sabotage annoncé de l’agence chargée de contrôler les frontières de l’Union européenne

Une question existentielle, qui hante les États et remet en cause l’existence même de l’Europe : est-ce encore légal de contrôler les frontières ?
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Nous l’avions déjà signalé il y a plus d’un an, Frontex (l’agence européenne qui épaule les États dans le contrôle des frontières extérieures) était dans le collimateur depuis belle lurette. Avec la démission, le 29 avril dernier, de son directeur général, Fabrice Leggeri, le dernier acte de cette chasse à l’homme en dit long, non pas sur l’incapacité, mais sur le refus de l’Union européenne de contrôler ses frontières. Car comme le démontre cet épilogue, il ne s’agit nullement d’un dysfonctionnement ou d’une polémique, mais du sabotage du seul organisme européen qui avait pris le taureau de la migration irrégulière par les cornes.

Rappel des faits : Leggeri et son directeur de cabinet furent l’objet d’une campagne savamment orchestrée. À partir d’informations qui circulèrent par la Turquie, des ONG militantes ont poussé des cris d’orfraie en connivence avec un consortium de médias menés par le Spiegel et Libération. Le Parlement européen et, de manière plus surprenante, la commissaire européenne à la migration Ylva Johansson s’emparèrent de l’affaire. Venant de l’ancien ministre suédois aux Affaires sociales et à l’Intégration, ce n’est peut-être pas si surprenant, mais venant de la commissaire de tutelle de Frontex, la prudence était de mise.

Par épisodes subtilement dosés, l’Agence fut calomniée sur la ritournelle du plus impardonnable des péchés pour les partisans de la migration libre et heureuse : le refoulement de migrants. Concrètement, les médias accusaient Frontex d’avoir fermé les yeux 295 refoulements commis par les gardes-côtes grecs vers la Turquie.

« Refoulement », voici l’arme de chantage émotionnel massif qui tétanise les décideurs européens et permet à ceux qui la brandissent de pérenniser la porosité des frontières européennes. En effet, ce mot renvoie instinctivement à la convention de Genève sur l’asile et est interprété depuis des années comme une interdiction d’empêcher l’entrée illégale de migrants au motif que cela les empêcherait d’invoquer le droit d’asile.

Une excuse inepte mais qui fait pourtant office de dogme au mépris de la logique même du contrôle des frontières (au fond, quelle serait la tâche d’un garde-frontière, sinon de refouler ceux qui essayent de franchir en dehors des points d’entrée prévus ?) et, surprise, de la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme. Oui, même cette cour, parfois décriée, a reconnu en 2020 à l’Espagne le droit de renvoyer les migrants qui avaient violemment franchi la barrière à Melilla en dehors des points légalement prévus. Dont, acte ?

Bien au contraire. Comme l’illustre l’acte final de la cabale contre Frontex, cette jurisprudence a été ignorée lors de l’instruction de l’enquête (à charge, précisons-le) par l’OLAF, l’agence antifraude et rottweiler en chef de l’Union qui s’était illustrée, pendant l’entre-deux-tours de l’élection présidentielle, en remettant à la Justice française un rapport concernant Marine Le Pen pour des faits remontant à 2016.

Une agence, par ailleurs, qui n’a aucune compétence en matière de migration et qui, pourtant, a doctement conclu à l’illégalité du concept de refoulement et à la culpabilité de Frontex. Peine perdue, les sanctions disciplinaires qu’OLAF préconisait ont été rejetées par la grande majorité des États membres. Et qui figurait parmi les jusqu’au-boutistes ? La commissaire Johansson, qui insista mordicus pour que Leggeri boive le calice jusqu’à la lie. Elle n’obtiendra que sa démission. Un geste, par ailleurs, qui ne constitue en rien un aveu mais plutôt un signal d’alarme, et ce, pour deux raisons.

D’une part, parce qu’il est regrettable que le Parlement et surtout la Commission européenne utilisent à des fins politiques des informations communiquées par des diplomates et relayées par des ONG, au détriment de la crédibilité de sa propre agence et des autorités nationales. D’autre part, parce que cette polémique avait un but précis : transformer une agence dont le cœur de métier (et le mandat) est de soutenir les États à gérer les frontières de l’Union européenne, en un organisme au logiciel d’ONG censé les « fliquer » en matière de droits de l’homme des migrants. Un coup de force qui, s’il se concrétisait, signerait la castration, sinon l’arrêt de mort de cette agence.

Avec une question en toile de fond, une question existentielle, qui hante les États et remet en cause l’existence même de l’Europe : est-ce encore légal de contrôler les frontières ? Au sein de l’Union européenne, rien n’est moins sûr. À l’âge des guerres hybrides où la migration est devenue une arme de déstabilisation massive, ce n’est pas seulement irresponsable, c’est tout bonnement suicidaire.

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Diego Valero
Juriste en droit européen et professeur

Vos commentaires

35 commentaires

  1. C’est gravissime et personne n’en parle. Le fonctionnement même des institutions européennes est totalement dévoyé et tout le monde s’en contrefiche. Ahurissant.

  2. De plus en plus de portails, de murs, et d’alarmes jusqu’aux plus sophistiquées, pour tous les appart, villas, propriétés diverses, copropriétés principales, secondaires, pour que le citoyen se préserve mais sans pouvoir se défendre d’intrusion, mais les frontières de l’U.E. ouvertes ! mais bien sûr braves gens ! c’est la Franc Maçonnerie d’Obédience Mondialiste qui est aux manettes pour assurer son hégémonie.
    Poutine résiste et la Chine, nous sommes bien en guerre, et négociation d’imposture !

  3. « Au sein de l’Union européenne, rien n’est moins sûr. À l’âge des guerres hybrides où la migration est devenue une arme de déstabilisation massive, ce n’est pas seulement irresponsable, c’est tout bonnement suicidaire ». Cette seule phrase réume à elle seule le souhait de cette soi-disant union européenne de prôner, purement et simplement, la détruction des Etats Nations et ses habitants. Car comment expliquer ses mensonges éhontés concernant l’Ukraine et les accords passés , accords de Minsk !

  4. Nous sortons d’une campagne électorale présidentielle. Nous sommes en campagne électorale pour des législatives. Où sont les partis censés dénoncer ces très graves décisions de l’UE ?

  5. Voilà pourquoi il est indispensable de rétablir un véritable contrôle le long de nos frontières nationales. Mais pour ça, il faudra encore attendre 5 ans de plus, puisque les Français, en réélisant Macron, en ont décidé autrement.

  6. Depuis l’origine , l’Europe a pour objectif la dissolution des populations d’origine avec l’immigration de masse en provenance du sud , voir le plan Kalergi.
Von der Leyen, Macron et Mélenchon !, s’entendent fort bien sur ce sujet.
Frontex est un relai aux associations humanitaires pour faire rentrer les migrants sur le territoire européen. Le droit maritime sur les naufrages est détourné, pas de retour vers le port sur le plus proche, et une fois en Europe ils y restent.

  7. Chaque immigrés transporte aussi son lot de « clandestins » : des agents pathogènes, des parasites et même des maladies génétiques !
    Un clandestin peut en cacher un autre, plein d’autres…

    • Oui.Et les médecins , tellement habitués à l’omerta si utile à leurs portefeuille et carrière , nous cachent toutes les vérités utiles. Nous prenant encore , comme d’hab, pour des  » demeurés » susceptibles de paniquer…

  8. Jean Raspail l’a écrit en 1973 dans « le camp des saints » l’émigration va submerger la France et l’Europe, Eric Zemmour l’a confirmé dans son livre « Le suicide Français » et nos élus depuis le regroupement familial de Giscard/Chirac n’ont de cesse d’y travailler.

  9. Toutes ces têtes bien-pensantes et seules détentrices de la vérité, du droit et du bien, vont finir par nous détruire si nous n’y prenons pas garde. Ce grand remplacement existe bel et bien mais hélas ce pseudo-nouveau-président qui recueille 34% de français satisfaits, le conteste. La question que nous nous posons et qui revient depuis bien des présidents : sont-ils vendus aux États-Unis d’Amérique et sont-ils favorables à la destruction de la France ?

  10. Frontex=agence bidon de la CE qui se permet d’être manipulée par des ONG, des accords de Geneve périmés & des médias à la solde de ??. La CE crée Frontex pour appaiser l’opinion publique sur la migration illégale mais ne lui permet pas de remplir son mandat. Cette stratégie est typique de la CE ie donner l’impression d’agir mais se défiler lorsque Frontex doit faire son boulot. Hypocrisie totale.

    • Absolument. L’immigration massive fait partie de la politique de l’UE pour saboter les souverainetés nationales et diluer l’identité des peuples. Des populations à l’identité forte sont moins malléables…
      Sans compter l’aspect économique: une baisse des salaires est la bienvenue pour les multinationales qui sont partie prenante dans le totalitarisme européen. Wokisme compris.

    • Tant que les peuples de la CE se laisseront faire et ne montreront pas les dents ce genre de vente à la découpe, de leurs droits fondamentaux, ne fera que croître aux profits d’ONG et assimilées.

    • « Frontex=agence bidon de la CE qui se permet d’être manipulée par des ONG, » Toute la CE, agences comprises, est aux mains des lobbies, dont la plupart sont des ONG téléguidées par Soros. Vous n’aviez pas remarqué?

  11. Le pouvoir macronien considère qu’il est inutile de contrôler les frontières nationales du moment que Frontex contrôle les frontières de l’UE; comme il s’avère que cet organisme ne peut s’opposer à l’immigration illégale, le gouvernement français est ainsi assuré que les portes resteront grandes ouvertes. CQFD.

  12. Réponse à la question posée en conclusion à cet article : Un contrôle est toujours non seulement normal mais nécessaire aux frontières d’un pays
    En ce qui concerne l’U.E et les dangers d’une immigration abusive, les contrôles devraient avoir lieu avant le départ des candidats, sur place, par les services des ambassades des pays de destination.
    Seul un dossier « accepté » constituerait le passeport indispensable à présenter aux « chek points » des pays d’arrivée du voyageur. Point final.

    • On sait que cette immigration est largement organisée par des ONG soi-disant humanitaires grassement subventionnées (voir Aquarius et Soros). C’est par la mise hors d’état de nuire de ces organisations qu’il faut commencer.

    • Défendre la France est beaucoup plus important que défendre l’europe qui n’est qu’un assemblage de pays aux langues et cultures diverses qui ne nous apporte pas beaucoup de positif mais beaucoup de négatif – ex = piqûre de produit expérimental.

    • L’idée européenne est née dans la Fabian Society à la fin du XIXe s. comme préalable à une unification technocratique et autoritaire du monde. Les USA s’en sont saisis après 1945 pour servir leurs intérêts.
      La Russie s’y oppose et veut créer un monde multipolaire. C’est pour cette raison qu’à la faveur de la crise ukrainienne, il faut l’abattre à tout prix.
      Tout est lié.

  13. Les migrants vont apporter dans leur bagage les éléments requis en vue d’une guerre civile qui arrivera certainement bientôt dans notre pays si rien n’est fait pour endiguer l’immigration économique qui vient pour bénéficier des aides sociales hyper généreuses au détriment du travailleur qui se lève chaque matin pour aller bosser.

    • J’ai bien peur qu’il n’y ait pas encore eu assez d’attentats, assassinats, vols, razzias, viols et agressions pour que les Français réagissent enfin. Les résistants existent, mais ne sont pas encore assez nombreux. Patience… Ne renonçons jamais.

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