Déjeuner des best-sellers de L’Express : Jordan Bardella jugé indigeste

Plusieurs auteurs ont décliné leur participation à ce rendez-vous mondain annuel, invoquant la présence du RN
Capture d'écran X
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En ce déjeuner du 5 février, le Tout-Paris littéraire était en train de s’écharper au Royal Monceau autour de cette question : fallait-il ou non venir ? Invités au traditionnel rendez-vous de L’Express, le déjeuner des best-sellers, les heureux champions des ventes en librairie sont chaque année conviés à partager le succès. Mais en cette 26e année, un mouton noir s’est glissé dans la liste : il se nomme Jordan Bardella.

Eh oui, c’est affreux pour quelques belles consciences : le jeune président du Rassemblement national est un énorme succès de librairie. Avec 140.000 ventes, fin décembre, et au moins 200.000 lecteurs à ce jour, son autobiographieCe que je cherche (Éditions Fayard) lui vaut une place de choix dans ce cénacle.

Ils ne veulent pas être sur la photo

C’est Libération qui a révélé l’imminence de ce drame mondain : plusieurs auteurs, dont le Goncourt, le Femina (de l'an dernier), le Renaudot et quelques autres gloires, ont décidé de boycotter le déjeuner. Pas question de trinquer avec le fils de la bête immonde. Déjà, écrit Libération, il faut savoir que le plan de table est toujours compliqué, tant « il faut composer avec les susceptibilités, parfois les rancœurs entre éditeurs, ménager les risques de mécontentements entre romanciers et essayistes, pas toujours issus du même monde ». S’il faut, en plus, y caser un Bardella qui sent le pâté, imaginez le tracas… Heureusement, la question de « l’éthique » est là pour régler le problème. Drapés dans leur vertu, Gaël Faye, Kamel Daoud, David Foenkinos, Miguel Bonnefoy et d’autres auteurs « anonymisés » iront, ce mercredi midi, à la piscine ou à la pêche.

L’invitation de Bardella serait « une opération de communication politique » dont on a omis de les informer. L’un, qui a déjà le champagne en travers de la gorge, se plaint : « Quoi qu'on fasse, on est transformé de raconteurs d’histoires en personnalités avec un message politique [...] Il y a une différence entre ne pas être contre que Bardella écrive un livre (sic) et faire la fête avec lui. » On ne sait pas qui est ce brillant auteur, puisque courageusement anonyme, mais à coup sûr, c’est pas du français, qu’il nous cause, mais de la peine !

Un autre, qui n’a sans doute pas consulté les chiffres des ventes, parle carrément de « guet-apens ». À quoi Éric Chol, le directeur de la rédaction de L’Express, répond qu’il invite les auteurs « sans discrimination », comme cela a toujours été fait.

Au fond, la plupart se moquent bien de Jordan Bardella, voire partagent peut-être en leur for intérieur ses convictions, mais voilà, chaque déjeuner se termine par une photo de groupe. Et pas question d’y figurer à ses côtés ! Dans le petit monde étriqué du Tout-Paris littéraire, la bête est contagieuse ; on n’est jamais loin d’une censure ou, pourquoi pas, d’un licenciement.

« Rien à foutre et bon appétit ! »

En effet, rappelons ici le sort fait à Jean-François Achilli, licencié de Radio France car accusé, par Le Monde, de s’être rapproché de Jordan Bardella pour ce projet de livre. Des propos mensongers néanmoins repris par le directeur de France Info dans Le Parisien, l’accusant d'avoir « collaboré » à une « stratégie de conquête » du Rassemblement national.

Tout cela marque la panique d’une gauche – hier caviar, aujourd’hui vegan – qui se sent menacée dans ses fondements bien -pensants. La vérité est ailleurs, à lire notamment dans les commentaires du post de France Info. Résumant l’opinion générale, l’un écrit : « Merci de me donner la liste des écrivains que je ne lirai plus, leur intolérance et leur esprit étriqué ne correspondent pas à l'image des écrivains qui sont censés être ouverts d'esprit. » Quand un autre lance : « Rien à foutre et bon appétit ! »

On en terminera par un conseil à toutes ces belles personnes qui brillent au firmament de la culture : préparez-vous à devoir vous priver des prochains raouts des best-sellers. Risquent, en effet, d’y figurer des auteurs qui vous plairont de moins en moins.

La preuve : dans le Top 200 des ventes hebdomadaires publié par edistat.com pour la semaine du 20 au 26 janvier, catégorie Essais, c’est Mémoricide (Fayard), de Philippe de Villiers, qui se classe en deuxième position. Quant à la liste tous genres confondus – romans, BD, essais, rééditions en poche, etc. –, Philippe de Villiers se classe 31e, soit 8 places devant le Goncourt Kamel Daoud (39e), et Jordan Bardella est en 72e position sur 200.

Picture of Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

Vos commentaires

100 commentaires

  1. les gauchos ont tellement peur qu’ils boycottent tous ceux qui ne pensent pas comme eux il faudra bien un jour que ses guéguerres cessent le livre de Monsieur Bardella est très bien écrit , celui de Monsieur De Villiers et de Monsieur Gilles William Goldnadel sont également des best seller n’en déplaise à ces nuls que sont la gauche bobo, les verts écolos et compagnie qui ne cessent de nous décevoir, messieurs la peur n’évite pas le danger méditez cette phrase et réfléchissez un peu à la situation dans laquelle vous mettez notre pays et notre civilisation mais également notre culture que vous mettez aux oubliettes, cessez de pleurnicher car les Français en ont assez de vos jérémiades.

  2. « Les grands prix littéraires ont décidé de boycotter l’événement » ? Eh bien ce n’est pas grave, boycottons leurs bouquins, « ils sont indigestes » !

  3. « à l’image des écrivains qui sont censés être ouverts d’esprit. ». Ben dites donc, celui-là me semble plutôt fermé ! En fait, ils n’acceptent que les écrivains qui pensent comme eux, alors même qu’un écrivain digne de ce nom devrait au contraire aimer débattre avec des confrères de sensibilité(s) différente(s) ! C’est ce qui fait tout le sel de ce genre d’assemblée.

  4. Attitude convenue de repli entre soi contre productive.
    Ce genre de posture et de coups de menton est la meilleure pub qui soit.
    Les lecteurs ne sont pas les débiles que l’on veut nous faire croire, n’en déplaise à la communauté sectaire de la bien-pensance; celle qui nous parle des lumières (sans l’avoir à tous les étages) et de la liberté d’expression (la liberté des pressions;)
    Qu’ils continuent, et, pour eux, çà va barder là !
    Vivement le tome 2, un double JB, sans modération !!

  5. Il y a bien l’intempestive que je n’achète plus les livres de ces bobos gauchos. Je ne perds rien car ils sont souvent sans grand intérêt voire insipide comme ceux d’Annie ernaux que les profs obligent à lire comme ça ça lui permet d’en vendre un peu. Je préfère les écrivains de talent comm Houellebecq, Obertone, Tesson etc

  6. Est ce cela la charité?
    En réalité ils ont peur du débat, ils refusent toute contradiction incapable de développer un argument.
    C’est la médiocrité a tous les niveaux

  7. Ce petit monde littéraire me fait me souvenir d’une blague de Pierre Desproges. Il disait : « Marguerite Duras n’a pas écrit que des conneries ! Elle en a filmé aussi ! « 

  8. Quand je pense que Kamel Daoud a failli me faire pleurer sur son sort et que j’ai eu la faiblesse d’acheter 2 fois son bouquin ( une fois pour offrir une fois pour moi) que je n’ai pas réussi à finir, il se passera de ma clientèle. Les autres chochottes itou.

  9. le « tout Paris » ressemble de moins en moins de monde, ils sont tous à la campagne, mais à force d’ostracisme, ils risquent de ne plus vendre de livre!! et vu l’état de la lecture en France: ils devraient put être arrêter de se tirer une balle dans le pied!: il n’y a plus que les gens de droite qui lisent! quels sont les noms des boycotteurs, que l’on puisse les boycotter aussi?

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