Débat Bardella-Hayer : cela aurait pu être pire…

L'une parle de lutter contre l'immigration illégale, l'autre de défendre notre civilisation.
bardella hayer

Enfin, le débat qu’on attendait tous ! Valérie Hayer et Jordan Bardella face à face, à armes égales. D’un côté, une candidate qui n’avait rien à perdre avec des sondages dans les chaussettes. De l’autre, un candidat qui doit éviter les faux pas, parfois inévitables dans une campagne longue et harassante, pour consolider sa position confortable sur cette ligne bleue des 30 % d’intentions de vote. D’un côté, une sorte de rock star qui cartonne chez les jeunes, mais pas que chez les jeunes désormais. De l’autre, une grande inconnue au bataillon, il y a encore deux mois, qui tente de prendre gentiment la lumière. D’un côté, un animal politique précoce. De l’autre, une techno. D’un côté, un grand gaillard issu de banlieue. De l’autre, une bourgeoise rurale, originaire d’une province bien sage. D’un côté, un député européen d’opposition sortant, accusé de ne pas être assidu au Parlement de Strasbourg. De l’autre, une députée européenne sortante aux commandes de l’UE (« en responsabilité », comme ils disent), réputée bosseuse et connaissant ses dossiers. C’était donc la soirée offerte par BFM, ce 2 mai, à cinq semaines des élections européennes. Enfin, un face-à-face, me direz-vous. Pas tout à fait, puisque nous avions eu droit à un débat Hayer-Maréchal, le 8 avril sur CNews, et à un duel Bardella-Glucksmann, le 12 avril sur France Inter. Mais, sans vouloir être irrévérencieux envers les têtes de liste de Reconquête et du PS-Place publique, ces deux premières rencontres avaient un petit air de répétition générale ou de chauffage de salle avant la grande confrontation.

Bardella, rouleau compresseur

Alors, sans plus attendre, qu’a révélé cette confrontation de deux personnages que tout oppose ? Que cela aurait pu être pire. Pire pour Valérie Hayer, s’entend. Devant un Jordan Bardella, véritable rouleau compresseur qui, non seulement a montré qu’il avait travaillé ses dossiers, mais qui a su les défendre avec conviction, les yeux dans les yeux, quand Valérie Hayer, visiblement, tout du moins en première partie de débat, avait du mal à regarder son adversaire en face. Elle aussi connaissait ses dossiers mais a été plus chaotique, pour rester gentil, dans sa manière de les défendre. Elle avait travaillé, et son équipe de campagne aussi - ça se voyait comme le nez au milieu de la figure -, pour placer quelques petites phrases et montrer les crocs afin de tenter de mettre mal à l’aise le président du Rassemblement national : Jean-Marie Le Pen (à qui on pourrait tout de même fiche la paix), les déclarations de certains leaders d’extrême droite européens qui siègent avec le RN à Strasbourg. Pas certain que cela ait fait mouche. En tout cas, cela n’a pas spécialement ébranlé Bardella. Un Bardella qui est resté d’une parfaite courtoisie, malgré les attaques assez basses de Hayer. La plus grande qualité de Bardella, lui demande Benjamin Duhamel, animateur du débat ? « Le culot », déclare-t-elle, quand son opposant, à la même question sur Hayer, répond « le courage ». Le courage d’avoir accepté de prendre la tête de la liste macroniste quand tous les leaders de la majorité se sont débinés, souligne le patron du RN. La flèche frappe avec élégance ! Plus loin, Hayer, beaucoup moins élégante, ira même jusqu’à qualifier Bardella d’« imposteur ». Carrément ! « Ce soir, vous n’êtes pas la candidate de l’esprit de finesse », lui répond-il, du tac au tac. Une candidate et une équipe de campagne qui avaient aussi sorti du congélateur les arguments vieux comme Ségolène Royal en politique, usés jusqu’à la corde : vous ne me laissez pas parler parce que je suis une femme ! Par deux fois, au moins. Là aussi, Bardella ne s’est pas laissé démonter : Vous allez nous le faire encore longtemps, ce coup-là (on cite de mémoire) ?

Hayer : Glucksmann, sors de ce corps !

On ne balaiera pas ici tous les sujets abordés durant ce débat. Retenons-en un qui résume tout. Celui sur la question migratoire. D’un côté, celle qui « est en responsabilité » parle de lutte contre l’immigration illégale et de... lutte contre l'immigration illégale. Point barre ! De l'autre côté, celui qui aspire à gouverner la France évoque une question centrale : celle de notre identité, de notre civilisation, comme, du reste, l'avait fait Marion Maréchal devant une Valérie Hayer qui n'emploie jamais ce mot de « civilisation ». C'est trop difficile, sans doute. Vous dites, Madame, qu’en Mayenne, il n’y a pas de problèmes de migrants ? Vous avez de la chance. Visiblement, vous n’avez pas conscience de ce qui se passe en France dans beaucoup de villes, de quartiers (là encore, on cite de mémoire). Le lien entre immigration et criminalité ? « Ça peut arriver » qu'il y ait des migrants délinquants ou criminels, lâchera-t-elle, refusant d'« essentialiser ». Glucksmann, sors de ce corps !

Pour conclure sur ce débat et prendre un peu de recul, on devrait prêter un peu plus attention aux slogans de campagne électorale. D’un côté, celui du Rassemblement national : « La France revient, l'Europe revit ! » De l’autre, celui de Renaissance : « Nous avons besoin d’Europe. » Le premier est, somme toute, classique et évoque une sorte de renaissance (!) : revenir, revivre… renaître, quoi ! Le second a un côté trivialement alimentaire, avouons-le, pour ne pas dire plus. Et si la candidate macroniste a tenté, non sans force de conviction, intelligence et combativité, de montrer que nous avons effectivement besoin d’Europe (qui dit le contraire, d’ailleurs ?), on peut se demander si c’est vraiment la question centrale qui taraude les Français. « Besoin de rien, envie de toi », chantaient Peter et Sloane, dans les années 80. Or, durant ce débat, si Jordan Bardella n’a pas été Peter, Valérie Hayer, elle, a encore moins été Sloane. Car, effectivement, on ne peut pas dire qu'elle ait vraiment donné envie de cette Union européenne dont elle assume pleinement le bilan des cinq années qui viennent de s’écouler.

Vos commentaires

64 commentaires

  1. Merci pour le résumé de ce débat sur BFM TV. J’ai coupé la télé au bout de quelques minutes de débat devant la manière inélégante (et je suis poli) de cette candidate de traiter son adversaire. Aucun respect pour un citoyen candidat qui a ses opinions, qui en plus, est soutenu par des millions de Français. Franchement on retrouve là le clone de Macron, mais au féminin. Le manque de respect des autres. Bref, je pense qu’elle ne fait que renforcer l’idée des électeurs à voter pour le RN. Merci à elle.

  2. Animé par « Benjamin Duhamel, fils de Patrice et…..Nathalie Saint-Cricq ! Ah le népotisme journaliste !

  3. Pauvre Madame Hayer, elle a du vivre en dehors de la France, donc de l’Europe, depuis cinq ans pour s’en faire un étendard politique. Elle devait sans doute être ailleurs . . .

  4. Je dois dire que la hayer m’a fatigue avec dans sa tête l’envie de faire des annonces que sur JMLP voire même si possible avec un retour sur le Pétain d’où un mélange avec le RN actuel histoire d essayer de déstabiliser mais en vain Jordan Bardella

  5. Je me suis infligé le débat. Jordan grand vainqueur! Barbier a choisi étonnement Hayer. Les autres moins le stalinien se sont forcés à le déclarer vainqueur.

  6. Mon Colonel, j’ai noté avec étonnement le meneur Duhamel relativement impartial. Mais, il avait ressorti sa fiche technique du mensonge relatif à Fukushima quand MLP avait évoqué l’hypothèse de varier à propos du nucléaire. Jordan l’a sommé de citer la totalité, ce qu’il fit. Conclusion, le mensonge est une arme de journalope.

  7. Franchement,l’argument propos le pen 20 ans après!.. il faut vraiment manquer d’arguments et cultiver..l’entre soi bobo pour penser faire mouche..et puis manquer vraiment d’arguments…quand la bienpensence macronienne interdit de parler d’immigration,d’insécurité,de la faillite de l’état dans tous les domaines ,que le covid est terminé,que beaucoup de français sont choqués de la position de notre pays à l’international..que reste il?… Le vide sidéral…

  8. Oui, une « course en sac » pour un petit siège dans un Parlement sans pouvoir. Dans le vide ? Les Français, à la suite du Peuple anglais, souhaitent quitter majoritairement cette « Union » de désunion, à la suite d’un Président délaissé, qui a parlé de « mort cérébrale » (sic). Pour une fois, le mot « juste » ?

  9. Face au champion des poids lourds l’ outsider Hayer n’ a pas fait le poids. Quand on écoute péniblement madame Hayer , Renaissance a tout fait en bien alors que tout s’ ecroule en France. Jordan Bardella a été impérial et parfaitement respectueux contrairement aux invectives et coups bas de la représentante de Macron. Bardella est là pour la France, Hayer pour Macron.

  10. C’est dans le besoin qu’on reconnaît ses amis. Certains disent avoir plus besoin d’Europe, d’autres de France, d’autres ni de l’une ni de l’autre.

    • Ce n’est pas contre l’immigration illégale qu’il faut lutter, mais contre l’immigration tout court ;à savoir, promouvoir l’immigration ZERO, sauf exceptions, et favoriser la remigration… Et en corollaire, recadrer l’islam.

  11. Cette pauvre Hayer a un énorme problème, c’est qu’elle est là pour répéter les éléments de langage pondus par Macron qui se croit beau et intelligent, avec un tel fil à la patte il est certain qu’elle ne peut guère briller.

    • « … répéter les éléments de langage pondus par Macron… » que lui même a acheté à prix d’or, avec notre argent, à ses amis de Mc Kinsey qui se sont fait un plaisir de lui refiler les mêmes arguments que ceux vendus à d’autres chefs d’états européens.

  12. Le parlement européen ne sert à rien, au mieux donner l’illusion d’une démocratie européenne. Tous les 5 ans on demande aux peuples européens de voter pour un système anti-démocratique ( l’UE), corrompu jusqu’à l’os, mafieux. Tous les 5 ans ce sont les peuples européens qui sont les grands perdants. Combien de temps va durer cette mascarade européenne. 1 ) frexit; 2) frexit ; 3) frexit.

  13. Qu’il vienne se confronter à Marion Maréchal ou à Sarah Knafo, deux personnalités d’un tout autre calibre. Sans vouloir vous faire offense, cher Georges, après la claque reçue lors du premier tour de chauffe, à savoir le Grand Oral des candidats, je pense que Jordan Bardella ferait alors figure de challenger.

  14. C’était tellement pitoyable que j’ai abandonné la rediffusion au bout de 30 minutes. Bardella a dû souffrir face à une telle bêtasse. Elle est tellement bête (ou ambitieuse) qu’elle est la seul parmi les 1000 premiers pôtes du Mc Rond a avoir accepté cette tâche. Puisqu’elle s’intéresse aux familles de ses adversaires, on voudrait bien connaître l’avis de papa Hayer sur la politique agricole commune de la fifille. Combien de serré du bonnet voteront pour une telle nullité ?

  15. Merci pour votre edito, nous avons vu le même débat. Quant à votre conclusion mentionnant le bilan de l’union européenne, j’aurais plutôt évoqué les cinq années qui viennent de s’écrouler !

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