Darmanin soutient « totalement » le DGPN et les policiers : crise politique ?

Soit il réussit à imposer à Macron une évolution du droit en faveur des policiers mis en cause. Soit il démissionne.
Gérald Darmanin

Ne nous y trompons pas : le fait politique majeur de ce mois de juillet n'est ni le remaniement ni l'arrivée de Gabriel Attal à l'Éducation nationale, mais bien le soutien de Gérald Darmanin à son DGPN qui, il y a une semaine, apportait le sien au policier de la BAC de Marseille placé en détention provisoire. Ainsi la révolte de la police, bien que minimisée dans la plupart des grands médias, oblige-t-elle toute la hiérarchie, jusqu'au ministre lui-même, à se ranger à ses côtés. Pour le moment seulement en paroles.

La gauche, qui ne connaît que les « violences policières » et avait piscine pendant les émeutes historiques que la France vient de connaître, s'étrangle et pointe la « sédition » de la police. Pour Mediapart, « la police prend le pouvoir à la gorge ». Et une tribune du Monde est plus explicite : « L’institution policière est parvenue à convaincre le gouvernement qu’il ne tient que par elle. » Au-delà de la rhétorique traditionnelle de la gauche, il y a du vrai. Et il y a bien une crise politique.

Depuis la Nouvelle-Calédonie, Emmanuel Macron avait adopté une posture « en même temps » : compréhension de la colère des policiers mais « nul n'est au-dessus des lois ». Son garde des Sceaux, bien que très affaibli, a encore, vendredi soir, fermé la porte à toute évolution du statut juridique des policiers, revendication désormais portée par Gérald Darmanin.

Alors, quelle issue à la crise ? Le pouvoir attend sans doute fébrilement la décision des juges qui doivent statuer sur la remise en liberté du policier marseillais, cette semaine. Une remise en liberté pourrait permettre une sortie de crise. Mais suffirait-elle à faire retomber la tension ? Pas sûr. Quand on lit, en effet, les messages des unités de police, elles manifestent leur solidarité avec leurs collègues de Marseille mais aussi de Nanterre. Car le point de fixation originel est bien là : ce policier est, lui, en prison depuis un mois, sans parloir, après avoir été lâché, au mépris de l'État de droit, par le Président et le Premier ministre. Autrement dit, si Darmanin est aujourd'hui contraint à un certain jusqu'au-boutisme dans son soutien à la police, c'est que les policiers ont bien vu avec quelle rapidité leur collègue de Nanterre avait été lâché par Emmanuel Macron. Leur révolte n'en est que plus profonde.

Vis-à-vis de son administration, Darmanin ne pouvait pas faire autrement et il peut même y trouver un (petit) rebond politique. Soit il réussit à imposer à Macron une évolution du droit en faveur des policiers mis en cause. Soit il démissionne. Et partir sur un soutien aux policiers, pour un ministre régulièrement sur la sellette pour des dossiers nettement moins glorieux, comme la gestion calamiteuse du Stade de France il y a un an, lui ouvrirait un petit espace politique au sein du post-macronisme de centre droit, face à Édouard Philippe notamment. Et quitter le navire d'une Macronie en fin de règne pourrait aussi être un bon calcul. Mais Darmanin lâchera-t-il son poste ? S'il se contentait de mots pour finir par manger son chapeau par carriérisme, il perdrait toute crédibilité chez les policiers.

En tout cas, la question de la revendication des attentes des policiers demeure entière. Emmanuel Macron a procédé à un remaniement et longuement pris la parole, lundi dernier, et pourtant, la balle est toujours dans son camp et c'est une crise politique.

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Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

Vos commentaires

66 commentaires

    • Vous avez raison. Darmanin cache vraiment ses pensées politiques et sa religion. Je me rappelle de ce genre de politiciens, ministres qui se sont comportés comme des lâches.

  1. La relève de Macron est sombre on nous propose celui qui a amené les gilets jaune et qui veut faire rouler les voitures en marche arrière ou un menteur qui voit des anglais partout

    • C’est l’inconvénient de tout régime autoritaire : son leader est obligé de ne sélectionner que des collaborateurs encore plus mauvais que lui, sinon la porte, car ils prendraient sa place. C’est vrai aussi pour tout système mafieux

  2. je rêve, ou est-on enfin en train de mettre le doigt sur le problème crucial dont nous souffrons en France depuis trop longtemps: la guerre de tranchée entre la Police et la Justice. Et cette justice politicienne, gangrénée par le malfaisant Syndicat de la Magistrature (auteur du « Mur des cons », entre autres) aura beau crier au manque de moyens (financiers, effectifs), tant qu’elle n’aura fait l’objet d’une profonde réforme, ne fera qu’aggraver le climat d’insécurité en France.
    L’Institut pour la Justice apporte des solutions, depuis sa création en 2007, toujours en priorité en faveur des victimes.

    • Oui , et on peut penser que tout est fait pour favoriser cet anéantissement de notre civilisation et de sa Justice.
      Comme en Afrique, elle semble devenir celle des clans !

  3. De toutes façons, Darmanin peut afficher son soutien (de façade?) aux policiers, Macron, lui, ne fera rien car il préfère toujours fuir et se planquer que d’affronter et gérer une adversité surtout quand elle est potentiellement et même physiquement très dangereuse pour sa personne. Moins que rien et couard , il est, moins que rien et trouillard, il restera !

  4. Du vent comme toujours ….éducation, sécurité, santé, agriculture… tout est sacrifié au nom de la paix sociale de certains fraîchement arrivés …

  5. Je ne suis pas specialement un admirateur de Darmanin (loin s ‘en faut) mais là il a au moins le courage de defendre la Police et de ne pas se ranger du coté des racailles comme le fait Macron , Dupont Moretti et toute la gauche !!!
    Espérons que les syndicats de Police tiendront jusqu’a la victoire que nous leur souhaitons de tout coeur (obtention de leurs revendications et liberation de leurs collégues !!!) Et ce sera un camoflet pour cette justice qui nous debecte de plus en plus !

    • Vous voyez du courage chez Darmanin ? Moi je vois une stratégie opportuniste. Il nous a démontré sa capacité à mentir. Aucune confiance, en ce qui me concerne.

  6. Il arrive un moment, ou on ne peut plus reculer, ce moment est arrivé. S’il n’y a pas des mesures prises pour protéger les forces de l’ordre, contre ces forces du mal que sont les magistrats du syndicat de la magistrature et LFI; la fronde des policiers risque de s’amplifier et que pourra faire macron, RIEN!

  7. Darmanin ne soutien personne juste sa gueule. Son soutien? Juste des mots interchangeables à tout moment en fonction des circonstances. Quel flic naïf pourrait croire à son soutien ?

  8. « Soit il réussit à imposer à Macron une évolution du droit en faveur des policiers mis en cause. Soit il démissionne. » Arrêtons de fantasmer. Il n’arrivera jamais à imposer quoi que soit à Macron, qui est du coté de ceux qui méprisent la France et des délinquants.
    Et s’il démissionne, ce sera pour faire comme Sarkozy en vue des prochaines élections présidentielles, mais là, il a les chevilles qui gonflent : ceux qui ont trahi, trahiront, on a déjà donné.

  9. Les syndicats peuvent toujours faire des ronds de jambe à darmanin et vice et versa, la base des policiers n’a aucune confiance en lui. Pour eux c’est l’homme crocodile « grande g…. et petits bras » La seule chose qui intéresse darmanin c’est le futur avec l’Elysée en ligne de mire (il peut toujours rêver) Il soutien les policiers comme la corde soutien le pendu et les policiers l’ont bien cerné. En toute objectivité, depuis 10 ans et notamment depuis qu’il est ministre tout va de mal en pire, les agressions, les meurtres pour un regard, les points deals, tout est pire. Lisez police réalité ou actu 17 c’est un aperçu du mal en pire. La seule chose qu’il sait fare c’est courir et se déplacer, compatir et promettre (ça mange pas de pain). Incompétence, inorganisation, absence de vision à long terme, improvisation En résumé : nullité de nos dirigeants, et en particulier de celui en charge de la sécurité. La France n’est plus un grand pays, mais une petite nation mesquine, bouffie d’orgueil et de prétention Dans tous les domaines c’est le monde à l’envers, la racaille a plus de droit que la victime, les policiers vont en prison et les malfrats sont remis en liberté, cette injustice insupportable, il faudra en répondre d’une manière ou d’une autre. Darmanin qui espère tirer parti de la colère des policiers, va se retrouver le bec dans l’eau. Le besoin de justice est le sentiment qui structure une société. Quand il est bafoué, ce n’est pas seulement le système qui s’effondre, mais la totalité de l’édifice. »

    • L’injustice en France est totale. Mais la mobilisation de tout le peuple dans le sens de l’intérêt général est necéssaire. Et aujourd’hui c’est la prise en compte de celui des minorités qui est imposé par nos dirigeants. Les réseaux sociaux et les sites sont importants pour la réflexion mais l’action ne peut se faire sans descendre dans l’espace public.

  10. Si Darmanin a lâché LR pour rejoindre Macron tel un Judas, ne nous y trompons pas il ne démissionnera pas . Si la police persiste et tient le coup, le gouvernement pourrait sauter et réduire un peu plus ce Macronisme nefaste à notre chère France qu’il détruit un peu plus tous les jours.

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