Contre la répartition des migrants, un maire rural organise la fronde

"J'ai un peu réveillé l'âme française" nous confie Bernard Carayon, maire LR du Tarn, à l'origine de l'appel.
Bernard Carayon, maire de Lavaur
Bernard Carayon, maire de Lavaur

J-185. Dans un peu plus de six mois, Paris s’apprête à accueillir les Jeux olympiques. Au total, seize millions de visiteurs sont attendus dans la capitale pour soutenir et célébrer leurs champions. Et pour les recevoir, l’exécutif promet une ville belle, propre et sûre. Alors, après le plan « Zéro délinquance » lancé avec beaucoup d’espoir par le ministère de l’Intérieur, c’est au tour des sans-abri, et notamment des migrants, de quitter les lieux. Mais qu’ils se rassurent : loin de les expulser, le gouvernement propose de les répartir en zone rurale, dans des régions jusque-là épargnées par l’immigration de masse.

Cette politique de répartition des immigrés à la campagne n’a rien de nouveau. Déjà, en 2015, sous François Hollande, après le démantèlement de la « Jungle de Calais », de nombreux migrants avaient été envoyés aux quatre coins du pays. Digne successeur du Président socialiste, Emmanuel Macron avait à son tour projeté, en 2022, de déplacer les migrants en zone rurale dans le but, disait-il, de revitaliser ces régions. « Un argument scandaleux », fustige un élu LR. Depuis, l’exécutif a produit de nombreux plans et guides visant à institutionnaliser ce désengorgement de l’Île-de-France vers les campagnes. L’arrivée prochaine des Jeux olympiques semble donner un coup d’accélérateur à cette opération de « nettoyage » de la capitale.

La résistance des élus locaux

Face à cette politique qui vise à infliger aux campagnes, déjà en grande souffrance, les problèmes des banlieues, le maire de Lavaur, commune de 11.000 habitants dans le Tarn, a décidé d’organiser la fronde. Dans un courrier adressé aux maires de France, Bernard Carayon, élu des Républicains, invite ses collègues à « faire part de leur refus d’accueillir des immigrés » dans leur village. Contacté par BV, il s'explique : « Je vois que personne ne réagit. Il faut pourtant bien que les maires, qui sont les victimes expiatoires de l’échec de la politique migratoire d'Emmanuel Macron, engagent un processus de résistance. » D'autre part, pour l’édile, le projet de répartition des migrants lancé par Emmanuel Macron a pour seul objectif, non pas de dynamiser les campagnes, mais de « rendre Paris plus présentable ». Auprès de BV, il précise : « Vouloir transporter les migrants de Paris en zone rurale, c’est indigne. Ce ne sont pas des meubles que l’on déménage. Tout ça pour rendre la ville plus propre et les étrangers moins visibles : c’est révoltant. »

Il encourage donc ses collègues à se battre contre l’État et sa politique de répartition, menée bien souvent à leur insu. La victoire est possible, promet-il. Il en veut pour preuve son combat contre l’installation d’un centre d’accueil de migrants à Réalmont, commune voisine de Lavaur. « Sans que la population ait été consultée, cinquante migrants devaient être installés l’an dernier à Réalmont, une petite cité du Tarn de 3.500 habitants, dans des logements vacants, bien sûr remis à neuf », raconte-t-il. Et de poursuivre : « Cette décision a suscité inquiétude et colère. J’ai exigé l’arrêt de ce projet, signant l’impuissance du gouvernement en matière migratoire. Le préfet a dû reculer. » Le centre n’a jamais vu le jour. Et aux plus dubitatifs, Bernard Carayon leur adresse une mise en garde : « Si, dans votre commune, s'observe une montée des actes de délinquance ou des réactions, hélas, épidermiques de rejet des migrants [après leur installation], c'est vous et non l'État que vos concitoyens rendront responsables de cette situation. »

Rapidement après sa publication, le maire LR a reçu le soutien de nombreux de ses collègues. « Je reçois beaucoup de messages qui viennent de partout. J'ai un peu réveillé l'âme française », nous confie-t-il, « un peu débordé par la situation ». Ainsi, comme le rapporte Le Figaro, Nicolas Daragon, lui aussi membre des Républicains, partage l’analyse de son collègue : « Les maires ne sont pas les variables d’ajustement des politiques aléatoires, insuffisantes et, pour tout dire, aberrantes de l’État en matière d’immigration. Nous ne serons pas, une fois de plus, les boucs émissaires d’un État incapable d’agir efficacement. » D’autres élus ruraux soulignent les problèmes des campagnes auxquels il leur semble inutile d’ajouter d’autres difficultés.

Face à une répartition menée souvent dans le secret des préfectures, tous ces élus réclament de la transparence et de la concertation. Une demande partagée par une grande partie de la population rurale qui, dans de nombreuses communes confrontées à l’arrivée prochaine de migrants, promet déjà de ne pas se laisser faire. En réalité, plutôt que de songer à éparpiller les problèmes liés à l’immigration sur le territoire national et à répartir les migrants, le gouvernement devrait d’abord réfléchir à les faire partir…

Picture of Clémence de Longraye
Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

72 commentaires

  1. Les agriculteurs se suicident par manque de revenu et dans nos villes de province , des groupes de gens, jeunes ,oisifs , avec téléphone , bien habillés et venant d’ailleurs déambulent dans les espaces publics et ceci avant l’essaimage prévu pour « nettoyer » PARIS !! Pour ces « non productifs » on trouve de l’argent mais on laisse « crever » ceux qui par leur travail nous nourrissent Charité bien ordonnée commence par soi même ne veut plus rien dire !!

  2. Bravo Monsieur Bernard CARAYON ! Combien de maire auront votre courage ? L’état est déficient et se débarrasse de ses propres problèmes sur les communes sans trop de moyen adapté et mis à disposition.

  3. Bravo à Carayon ! Il faut aider nos maires à résister à l’incompétence notoire de nos politiques nationaux et européens

  4. Installons les migrants dans les villes ou les députés trouvent qu’ils rendent plus riche leur commune,ainsi que toutes les communes de gauche comme cela l’argent va rentrer énormément c’est eux qu’ils le dise.

  5. Je ne vois pas ce que feraient des migrants dans des zones sans services publiques essentiels, transports marchés poste …., je doutes que ces municipalités puissent assumer ses nouvelles venus.

  6. Enfin un maire qui tire la sonnette d’alarme et qui dénonce la réalité : répartir les migrants c’est répartir les problèmes et l’insécurité . Prions pour qu’ils soient entendu et suivi par bon nombre d’entre eux . Tous unis ils devraient y arriver .

  7. Mais si il faut les déplacer au touquet il y a une très grande villas innocupée là-bas ou alors à la mairie de ces macroniste patentés

  8. Cette politique de trafic « d’esclaves » pour un dumping social en agressant les français est une forfaiture .

  9. Enfin un maire qui s’engage, bravo à lui et à tous ceux qui ont à coeur de défendre leurs administrés. Mais avant tout, c’est aux électeurs qu’il revient de se faire entendre par leur bulletin de vote. La France en serait elle dans cet état si ceux qui osaient dénoncer les dérives vers lesquelles cette Europe nous entrainait, avait été élus. Répétons à l’envie les mensonges et les traitrises de nos équipes dirigeantes et déjà en juin prochain voyons si les Français ont envie que ça change.

  10. Je ne vois pas l’intérêt de répartir les migrants en milieu rural. Penses t’on seulement à répartir des services publics en milieu rural ? Et n’oublions pas que la Hidalgo, dans son « barraguinage » à l’occasion des voeux, a affirmé qu’elle voulait accueillir tous les migrants. Alors pourquoi ne pas les lui laisser ? De plus, il paraît que ces migrants sont un enrichissement : au vu de l’endettement de la ville de Paris, cela ne pourra qu’améliorer les finances catastrophiques de Paris.

  11. Cela fait longtemps que les métropoles ventilent et dispersent leurs banlieues aux quatre coins du pays .
    Il suffit de regarder l’évolution de la population et de la criminalité dans les préfectures et les sous-préfecture et même en zone rurale .
    La baignoire déborde , mais on ne coupe pas l’arrivée d’eau , on ouvre toutes les portes de l’appartement pour répartir l’inondation dans toutes les pièces .
    Des milliers de migrants arrivent chez nous , pays le plus accueillant de l’UE , voir la situation des iles Canaries actuellement .

  12. « J’ai un peu réveillé l’âme française »………… après que le parti auquel il appartient ait endormi cette « âme » depuis 50 ans !
    Il est un peu tard M. le(s) maire (s) de se réveiller alors que vous êtes maintenant atteints dans vos communes !

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