Clermont-Ferrand : de la quiétude familiale à l’insécurité grandissante

La ville de Clermont-Ferrand, autrefois prisée pour son esprit familial, semble sombrer peu à peu dans la ghettoïsation.
@Jsamwrites/Wikimedia Commons
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Après les grandes métropoles, le fléau de la drogue s'implante progressivement dans les moyennes et grandes agglomérations régionales. Clermont-Ferrand, autrefois réputée pour son cadre de vie attractif, tant pour les familles que pour les professionnels, n'échappe pas à ce phénomène. La ville, qui a longtemps mis en avant son dynamisme économique et son potentiel de développement, voit aujourd'hui son nom trop souvent associé à une montée de la délinquance. Plus récemment, une autre problématique est venue s’ajouter à ce tableau : celle de la prostitution, qui gagne du terrain dans le cœur même de la ville.

Une ville de plus en plus gangrenée par le trafic

En seulement cinq ans de vie dans la métropole du Puy-de-Dôme, Loïcia a pu constater la dégradation de la sécurité à Clermont-Ferrand, sur laquelle « il y aurait beaucoup à dire », selon la jeune femme jointe par téléphone. Delille, les Carmes, rue des Gras, Jaude... Ces quartiers du centre-ville, dans lesquels on pouvait circuler en toute insouciance il y a trois ou quatre ans, sont aujourd’hui le théâtre des trafiquants qui s’adonnent sans complexe à leur commerce. À certains arrêts de bus, dans des ruelles anciennes du centre, « des gens consomment et se piquent devant vous », témoigne la jeune femme. Une atmosphère qui la pousse, comme de nombreux habitants, à éviter certaines zones centrales dans la ville.

Les quartiers résidentiels ne sont pas épargnés pour autant. Loïcia se souvient d’une soixantenaire qui lui avait confié être obligée de payer des voyous barrant la rue à ceux qui souhaitaient rentrer chez eux, près du marché Saint-Pierre. Entre ces intimidations et les attouchements hebdomadaires dans les transports en commun, aucun lieu ne semble préservé de cette loi de la terreur, pas même les alentours de l’Institut des métiers, où a étudié la jeune femme pendant plusieurs années. Là encore, la directrice de l’établissement avait interdit aux étudiants de sortir seuls dans les alentours en raison des « trop nombreuses agressions » qui y avaient fréquemment lieu.

Le nouveau fléau de la prostitution

Mais la drogue n’est plus la seule problématique d’ampleur dans cette ville qui compte un peu moins de 150.000 habitants. La prostitution devient, elle aussi, un fléau qui s’installe au cœur de la métropole. L’année dernière, Loïcia se souvient avoir été témoin des allées et venues suspectes dans un Airbnb de la très passante rue des Gras, accolé au petit commerce dans lequel elle travaillait à l’époque. Plus tard, elle apprenait qu’il s’agissait d’un logement utilisé par un proxénète pour faire travailler une (très) jeune prostituée polonaise. Un cas loin d’être isolé, lui avait confié le gérant de plusieurs autres Airbnb, qui avait avoué qu’il ne se passait pas un jour sans qu’il ne reçoive des plaintes pour ce genre de pratiques.

Un banditisme généralisé ?

Mais si Clermont-Ferrand fait de plus en plus parler d’elle pour l’accroissement de la violence qui y sévit, comme le 17 octobre dernier avec le viol et la séquestration d’une étudiante par un autre étudiant étranger en échange universitaire, la ville est loin d’être la seule concernée par cette inquiétante ghettoïsation.

En effet, elles sont de plus en plus nombreuses, les grandes, moyennes ou petites villes de régions à être le terrain de jeu des dealers et des délinquants. Alors que s’intensifie, chaque année, la production mondiale de drogue, et donc son trafic (600.000 consommateurs de cocaïne en France, en 2022), les plus petites villes se retrouvent à leur tour dans le réseau des trafiquants. Dijon, Chalon-sur-Saône ou même Verdun, autant de villes où la criminalité opère, parfois en toute impunité face au manque d’effectifs humains et matériels, comme s’en désole auprès du Parisien le préfet du Puy-de-Dôme, Joël Mathurin, même s’il affirme avoir mis les bouchées doubles pour « livrer bataille » aux trafiquants.

Partout en France, la police assure faire de son mieux pour faire « place nette », selon la grande opération anti-drogue lancée par l’ancien ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, à la fin de l’année 2023. Si les interpellations et les saisies bondissent depuis un an, selon les chiffres publiés par Public Sénat, le « ras-le-bol » des habitants, lui, ne diminue pas. Mais qui en prendra la responsabilité ?

Vos commentaires

37 commentaires

  1. Dans toutes les villes de France , les mêmes causes produisent les mêmes effets . Et comme partout , on déplore les effets dont on chéri les causes .

  2. Je connais bien Clermont-Ferrand. A l’époque, pas si lointaine, cette ville accueillait bon nombre d’étudiants parce qu’elle était accessible aux bourses et aux revenus modestes. Ma fille y a fait ses études. Le calme et une certaine joie de vivre y régnaient, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Je confirme que l’insécurité a gangréné l’atmosphère somme toute provinciale d’hier. Hélas ! Partout en France, on ressent cette dégradation continuelle. Je ne suis pas très optimiste quant à l’amélioration de cette situation. Il est toujours plus difficile de retrouver l’ordre quand le désordre l’a remplacée.

  3. Je vois aux messages précédents qu’enfin on y vient : pour qu’il n’y ait plus commerce de drogue il faut lourdement pénaliser les clients autant que les vendeurs. Exigeons de l’Etat la mise en oeuvre de cette mesure de bon sens, conjuguée à la fin de l’immigration non choisie et à celle du regroupement familial.

  4. Oui il faudrait des effectifs de police supplémentaire dans beaucoup de ville mais tant que les délinquants ne seront pas sanctionnés ça ne servira à rien.
    Quant aux consommateurs, il y a encore seulement 40 ans, ils faisaient un petit tour en prison.
    Entre-temps la consommation a été, dans les faits, légalisée et les dealers quasiment plus punis.
    Cherchez l’erreur !

  5. Tant qu’il y aura des consommateurs il y aura des dealers. Une solution radicale pour faire « place nette » durablement : le rétablissement de lourdes peines pour les dealers et de fortes amendes pour les clients. La fin justifie les moyens avant qu’il ne soit trop tard. Au rythme de la progression des trafics de drogue c’est une question de survie des peuples

    • Oui, là il y a de l’argent à prendre au lieu d’augmenter les impôts et taxes. Mais…il y a des consommateurs qui ne seraient pas contents…

  6. Pour la prositution, paraît-il, on verbalise le consomateur, il va falloir penser à faire la même chose pour la drogue et rajouter l’obligation de soin.

  7. Tant qu’on prendra les « pauvres consommateurs » pour des héros, façon Andy Kerbrat, par ses copains du NFP au lieu de les emprisonner ou de les toucher fortement au portefeuille, le trafic de stups ne peut que prospérer. Exemple : Alors que ce député dévoyé perçoit, mensuellement , 12866€ d’indemnités (7493+5373 de frais « de mandat ») il ne paiera que 1000€ d’amende !! C’est du moins ce qui aurait été réclamé.

  8. Bis-repetita…. Résultats du deuxième tour de la présidentielle . Macron 72%…MLP 28%. C’est triste pour ces derniers mais l’ensemble de la population semblait être contente de son sort et maintenant le regrette.Dans la vie on récolte ce qu’on sème. Vous râlez aujourd’hui mais vous avez même eu peur de mettre un bulletin dans l’urne qui aurait peut-être permis de commencer à changer les choses. Alors….

  9. S’il y aurait « beaucoup à dire » sur la sécurité à Clermont-Ferrand, on se garde bien d’en parler. La mentalité des Auvergnats aurait-elle changé à ce point en quelques années ? Ou bien sont-ce les Auvergnats qui ont été remplacés par une autre population aux mœurs différentes ? L’article n’aborde pas la question. Plus personne aujourd’hui ne peut prétendre ignorer de bonne foi cette réalité. Si l’état laisse faire, c’est qu’il est complice.

  10. Ville socialiste, comme Rennes ou brest ..
    Mêmes causes , mêmes effets .
    Alors que les habitants votent mieux .
    Aucun élu aura le courage de faire voter une loi ;pour déchoir de la nationalité française, tout binational délinquant.
    Et rétablir la double peine automatique pour les étrangers.

    • on est enfoncer dans le mensonge le dénis et la lâcheté depuis trop longtemps ils ont préserver leurs postes mais pas le pays aider par les électeurs zombis

      • Oh! pauvre Pays qui fut mien et grand! même ta grammaire, qui est la base de ta langue est galvaudée. « on est enfoncer dans le mensonge le dénis et la lâcheté depuis trop longtemps ils ont préserver leurs postes mais pas le pays aider par les électeurs zombis » au lieu de: on est enfoncé dans le mensonge, le dénis et la lâcheté depuis trop longtemps ils ont préservé leurs postes mais pas le pays: aidés par les électeurs zombis. Excusez moi: je n’ai pas pu y résister.

    • S’il faut reconnaître que les maires écolos ou de gauche sont calamiteux dans l’ensemble (mais pas toujours), il faut aussi reconnaître que les problèmes de la France ne seront pas réglés en changeant les maires de 3 ou 4 villes de France. Le problème est à la fois national et même international (immigration, diplomatie, crime organisé, Union Européenne, mondialisation, …) A chaque qu’ils ont une décision à prendre, nos dirigeants font systématiquement le mauvais choix. A ce niveau, ce n’est plus de la maladresse ou de l’incompétence, c’est une volonté clairement affichée.

    • Moi, chaque fois que je trouve sur BV un article sur la détérioration des conditions de vie dans une ville, je cours sur Google pour chercher la couleur politique du maire. Et j’en arrive toujours à la même conclusion : ils n’ont qu’à se démerder, parce que 9 fois sur 10, c’est un maire de gauche !

  11. L’année dernière je suis allée visiter ma cousine à Royat, près de Chamalières. Si Royat est encore à peu près épargnée, la banlieue nord-ouest de Clermont n’a par contre rien à envier à la Seine Saint Denis…

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