[Cinéma] Des jours meilleurs, une comédie dramatique sur l’alcoolisme féminin

Parmi les 34 pays de l’OCDE, la France est le sixième pour la consommation d’alcool. Pour autant, d’après le ministère de la Santé, la part des adultes qui déclarent ne pas en consommer chaque semaine est aujourd’hui de 61 %, contre 37 % en 2000. Même les jeunes, semble-t-il, boivent moins d’alcool qu’auparavant. Un constat qui s’explique en grande partie par l’évolution des pratiques sociales et par une forme d’hygiénisme écolo-puritain lié à une certaine culture du narcissisme, à l’essor du développement personnel et à la promotion du sport.
En France, la consommation d’alcool est moins souvent quotidienne mais les alcoolisations ponctuelles importantes (API) augmentent de manière sensible chez les femmes de plus de 35 ans, alors qu’elles sont en diminution chez les hommes jeunes…
Sujet peu abordé au cinéma – on se rappelle Betty (1992), de Claude Chabrol, avec la regrettée Marie Trintignant –, l’alcoolisme féminin se trouve au cœur du film Des jours meilleurs, actuellement en salles.
Reprendre le contrôle de soi
Mise en scène par Elsa Bennett et Hippolyte Dard, réalisateurs chevronnés de fictions télévisées, cette comédie dramatique suit le parcours de Suzanne (Valérie Bonneton), une mère célibataire qui, depuis le décès de son époux, a sombré dans l’alcool et n’a plus les idées suffisamment claires pour élever seule ses trois fils. Ayant perdu leur garde, suite à un accident de voiture, Suzanne rejoint alors un centre spécialisé dans le traitement de l’alcoolisme. Aux côtés d’Alice, de Diane, de Chantal et d’autres camarades, concernées à différents degrés – si l’on peut dire – par la même addiction, elle va faire la connaissance de Denis (Clovis Cornillac), un ancien alcoolique reconverti en éducateur sportif, déterminé à aider les femmes à reprendre le contrôle de leur vie. Compréhensif, pédagogue, mais ferme, celui-ci compte bien diriger l’énergie du groupe vers un projet commun : la participation, dans neuf semaines, pour les plus méritantes d’entre elles, au rallye des Dunes, dans le désert marocain.
À ce sujet — Cinéma : Le Grand Bain, une comédie réjouissante
Convenu mais sympathique
Avec Des jours meilleurs, Elsa Bennett et Hippolyte Dard s’inscrivent dans une longue tradition de « films chorals » mettant en scène des héros plus ou moins en souffrance fédérés autour d’un projet transcendantal commun. On pense évidemment à The Full Monty, le plus connu, mais aussi au Grand Bain, à Rasta Rocket ou au plus récent Un triomphe. Relativement codifié, avec ses bons sentiments, ses passages obligés (échecs et victoires), son enchaînement calibré de rires et de larmes, ce sous-genre de la comédie dramatique à l’anglaise ne trouve ici aucun renouvellement majeur. L’écriture cumule même les clichés (l’engueulade générale dans le désert !).
Faiblarde, la dernière partie du film, relative au rallye, n’est pas suffisamment travaillée et gâche un peu l’ensemble. Néanmoins, les réalisateurs ont le mérite d’aborder un sujet important et d’offrir de beaux rôles à Valérie Bonneton, à Clovis Cornillac, à Sabrina Ouazani et à Michèle Laroque, qui nous livrent des prestations tragi-comiques tout à fait convaincantes.
3 étoiles sur 5
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8 commentaires
Le sujet à l ‘air bien traité .
« une forme d’hygiénisme écolo-puritain lié à une certaine culture du , à l’essor du développement personnel et à la promotion du sport. »
Monsieur Pierre Marcellesi, il vous est impossible de penser que ceux qui ne boivent pas une goutte d’alcool ne sont pas forcément des écolo-puritains , qui ne cultivent pas leur narcissisme et ne font pas forcément du sport à outrance?
Certes ils peuvent appartenir à un milieu bien élevé où on ne se prend pas une cuite pour un oui ou un non et où on ne fantasme pas sur la dépravation de l’être humain provoquée par l’alcool ou autres substances hallucinogènes (genre la farine du pianiste debout et son copain français), devenant alors des larves, ou des bêtes agressives, ou des loques.
Histoire de choix de vie aussi, donc.
Mais cela peut être aussi par goût.
Ainsi, perso je n’ai pas le gout de l’alcool ni du vin d’ailleurs (car il y a le dégoût de ce piquant de l’alcool et le gout du vin par lui même = j’ai essayé, j’en ai bu au moins deux gorgées dans ma vie!) Et je déteste par dessus tout le champagne, car cela a le gout du vin et en plus c’est pétillant et je n’aime pas cette sensation de pétillant .
Donc chacun ses goûts sans être forcément narcissique.
Cela dit, je n’irais pas voir ce film (je ne vais jamais au cinéma), d’autant que j’ai des exemples autour de moi et je lisais l’article en espérant trouver un truc qui puisse aider certains d’entre eux. je crois que c’est raté.
encore un film bourre de progesteronnes et diversite !!! a eviter
Non, ce n’est pas un navet, bien au contraire, je le recommande vivement, je croyais voir une comédie et c’est un vrai drame mâtiné de scènes pleine d’humour sur un sujet rarement abordé. Grand bravo à tous les acteurs et surtout actrices. 2 heures passionnantes et émouvantes. Allez-y !
Ce film est très bien fait ,très bien joué ,émouvant et abordé avec sérieux un sujet grave .
En tant que psy je le recommande.
Je vais du coup, réfléchir (voir mon message plus haut) et donner le titre à certains de mon entourage.
Merci pour votre commentaire.
Encore un navet subventionné qui ne fera pas d’entrée !!!
Il ne fera pas d’entrées parce que le sujet dérange mais ce n’est pas un navet .