[CHRONIQUE] La chasse au groupe Bolloré est ouverte toute l’année

La chaîne TNT C8 défend sa survie devant le Conseil d’État.
Capture d'écran C8
Capture d'écran C8

La chaîne TNT C8 défend sa survie devant le Conseil d’État. Mais ceci n’est qu’un épisode de la guerre d’usure engagée par l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) et le groupe Bolloré. Selon Le Monde, ce journal officiel de la pensée politiquement correcte, l’Arcom aurait pris 52 sanctions contre les chaînes C8 et CNews en douze ans, dont 16 pendant la seule année 2024. Or, dans un certain nombre de cas, les sanctions s’apparentent à de la censure idéologique, accompagnée de tartufferie.

Prenons quelques exemples illustratifs. Le 13 novembre, CNews a été condamnée à 100.000 euros d'amende au motif que dans l’émission En quête d’esprit, Aymeric Pourbaix a présenté l’avortement comme la première cause de décès dans le monde, devant le cancer et le tabac. Que dit l’Arcom ? « Une partie de la séquence en cause assimile l’avortement à une cause de mortalité et, par voie de conséquence, l’embryon ou le fœtus qui n’a pu naître vivant en raison d’un avortement à une personne décédée alors même qu’en droit, ils ne sont pas considérés comme des personnes. L’avortement ne saurait donc être présenté comme une cause de mortalité » (point 8 de la décision).

Plusieurs remarques peuvent être faites. En premier lieu, il semblerait hasardeux de présenter l’avortement comme un acte de vie. Au demeurant, l’Arcom le reconnaît, puisqu’elle relève que « l’embryon ou le fœtus… n’a pu naître vivant en raison d’un avortement ». L’avortement est donc bien l’interruption d’un processus vital. En second lieu, les censeurs de l’Arcom ont bien été, à un moment de leur existence, cet embryon et ce fœtus auquel le droit français dénie la qualité de personne. Qu’étaient-ils donc, alors ? Rien ? Non, ils étaient des personnes en devenir et qu’ils sont devenus. Au demeurant, la loi du 17 janvier 1975, dite loi Veil, stipulait, dans son article 1 : « La loi garantit le respect de tout être humain dès le commencement de la vie. Il ne saurait être porté atteinte à ce principe qu’en cas de nécessité et selon les conditions définies par la présente loi. » Que cet article ait été abrogé par une ordonnance du 22 juin 2000 et que ce qui était une exception à un droit essentiel, le droit de tout être humain à la vie, soit devenu un droit constitutionnel n’est que le signe d’une perte de sens de la part des politiciens français. Il en résulte que l’Arcom a voulu censurer une opinion, que l’on peut contester, à savoir que l’embryon ou le fœtus est une personne, mais nul ne peut contester que l’avortement constitue bien l’arrêt d’un processus vital qui aurait conduit à la naissance d’un être humain. C’est donc bien une atteinte à la liberté d’expression dont il s’agit, voire à la liberté de conscience. Le droit n’a rien à faire en l’espèce. Toute loi votée peut être contestée, c’est le principe même de la démocratie. Y compris la loi constitutionnelle. La meilleure preuve est que depuis 1789, la France a connu 14 Constitutions. Nous sommes donc face à une décision idéologique.

Autre exemple : en juillet 2024, CNews a été sanctionnée au motif qu’un invité de l’émission Punchline d’août 2023 avait mis en doute le fait que le dérèglement climatique soit imputable aux seules activités humaines. Y aurait-il donc une vérité scientifique officielle, comme au temps béni de Trofim Lyssenko ? Dans ce cas, comme dans le précédent, l’Arcom relève qu’il n’y a pas eu « la moindre réaction sur le plateau », ce dont il est possible de déduire que si quelqu’un avait réagi, ne serait-ce que pour la forme, il n’y aurait pas eu de problème ! C’est bien là l’habituel formalisme procédurier de tous les systèmes d’essence totalitaire.

Dernier exemple, mais il pourrait y en avoir d’autres. En mai 2024, CNews a été sanctionnée parce que Geoffroy Lejeune avait affirmé que l’antisémitisme et la surpopulation carcérale étaient des conséquences de « l’immigration arabo-musulmane ». La formulation est peut-être lapidaire, mais qui pourrait honnêtement affirmer qu’il n’y a aucun lien entre l’islam et le nouvel antisémitisme qui se répand sans complexe en France ? Quant au lien entre immigration non contrôlée et délinquance, plus personne ne le nie sérieusement. Ce qui ne signifie pas, bien évidemment, que tous les immigrés « arabo- musulmans » sont antisémites ou délinquants.

Conclusion de tout cela : la guerre d’usure menée par l’Arcom contre le groupe Bolloré n’est que le signe d’une guerre globale du système oligarchique contre toute opinion dissidente par rapport à la doxa officielle individualiste, libertaire et mondialiste. Le rêve de cette nomenklatura, qui se prétend « diversitaire », est celui d’un monde soumis à une idéologie unique et à une expression uniforme. En un mot, un bon vieux totalitarisme fondé sur le harcèlement juridique. N’oublions jamais Camille Desmoulins : « Ce sont les tyrans malhabiles qui usent des baïonnettes. Les tyrans habiles usent du droit. »

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Stéphane Buffetaut
Chroniqueur à BV, élu de Vendée, ancien député européen

Vos commentaires

39 commentaires

  1. Toutes ces agences d’Etat dont les membres sont nommés par les politiques ont une sorte de monopole pour édicter « leurs » vérités…

  2. Bonjour Monsieur Buffetaux. Votre article est tout-à-fait pertinent, mais permettez-moi une remarque : vous écrivez « dans un certain nombre de cas, les sanctions s’apparentent à de la censure idéologique… » Ce n’est pas dans un « certain nombre de cas », mais dans tous les cas que l’ARCOM tape sur C8 et CNews. En utilisant ces termes modérés, vous faites sans le vouloir le jeu du pouvoir, puisque vous semblez admettre que dans un « certain nombre d’autres cas », la sanction était justifiée. Comme disait Elizabeth d’Angleterre, « never explain, never complain. Les Français « patriotes », les somewhere, feraient bien d’arrêter de se justifier, et d’envoyer promener la bienpensance.

  3. Hier soir sur une chaine TV un responsable du Rugby a annoncé que pour la première fois il avait signé la pétition pou C8 et il a ajouté un propos sidérant que vous pourriez vérifier, c’est que Macron compterait céder cette chaine à un multi milliardaire Tchèque qui est un des ses amis !! et il avait l’air d’être sûr de lui !! alors vrai ou faux ??

  4. « Selon Le Monde, ce journal officiel de la pensée politiquement correcte, » car copieuseemnt nourri de subventions gouvernementales et de dotations extérieures, notamment les fondations Bill Gates. Il n’a même plus besoin de lecteurs, ce qui tombe bien.

  5. C’est comme dans les anciennes démocraties populaires; Ils ont tous sans cesse le mot démocratie à la bouche et jamais on en a été aussi éloigné.

  6. l’arcom devrait être ramenée au niveau de la cour des comptes, constater et faire des recommandations, et ne pas avoir de pouvoir, nous avons assez de ces petits juges, Arcom, tribunaux, conseil d’état, conseil constitutionnel, cour européenne de justice, cour européenne des droits de l’homme, ras le bol de ce petit monde non élu qui mène l’UE

  7. il est plus que temps de liquider ce machin qui est outil aux ordres des forces ennemies de la France.
    On se demande par ailleurs que valent juridiquement ces décisions de mettre des amendes ???

  8. Nous sommes de plus en plus convaincus que l’Arcom, organisme gaucho-macroniste, agit sous les ordres de l’Europe et de son inénarrable Présidente de commission Ursula Von Der Leyen : nous devrions chercher et être extrêmement réservés sur ce que nos illustres élites (européennes) veulent faire de nous

  9. Arcom , conseil constitutionnel ? du pareil au même ! Juste le reconstitution de l’INQUISITION pour faire taire ceux qui gêne la gauche et les macronnistes, cherchez l’erreur !

  10. Il est certain que nous n’allons pas vers le mieux…Reste qu’à la fin, le fameux droit de Camille Desmoulins sera-t-il absolument efficace contre la révolte ?

  11. En quête d’esprit, Aymeric Pourbaix a présenté l’avortement comme la première cause de décès dans le monde, devant le cancer et le tabac.
    L’arcom n’a pas voulu compter les avortements en Inde, en Chine dans le raisonnement de Aymeirc ( qui dit bien dans le « monde »)
    Rapport de l’Institut Européen de bioéthique ( 2020 ) 6,8 millions : tel est le déficit probable de naissances de filles en Inde, pour la période 2017-2030. En cause : la pratique massive des avortements des foetus de sexe féminin.

    journal Liberation 2019 : la chercheuse en droit des femmes Heather Barr dans un essai publié en marge du rapport 2019 de l’association Human Rights Watch: il y a en Chine et en Inde un déficit de 80 millions de femmes.

    En Chine, la politique de l’enfant unique, en vigueur de 1979 à 2015, a longtemps encouragé à recourir à l’avortement sélectif.

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