Choose France ? Oui, peut-être, mais pas son administration…

Pourquoi les réalisations ne sont pas toujours à la hauteur des promesses médiatisées au château de Versailles...
© Capture écran - Compte X Emmanuel Macron
© Capture écran - Compte X Emmanuel Macron

Choose France, c’est une affaire qui marche, un truc qui rapporte « un pognon de dingue », assure Emmanuel Macron. Le Président le claironne : « Depuis 2017, 178 projets, pour un montant total de 47 milliards d’euros, ont été annoncés, dont 11 seulement ont été abandonnés. » OK. Mais combien ont réellement abouti ?

Ils sont 200 grands patrons – dont une quarantaine en provenance des États-Unis –, réunis ce lundi au château de Versailles pour ce huitième sommet Choose France. Toujours très jeune d’esprit, le Président a démarré par la publication d’une vidéo sur X, ce dimanche. Sur un bruit de fond de tiroir-caisse à l’ancienne, les patrons de Disney, Salesforce, Merck, Procter & Gamble, SAP et Coca-Cola, annoncent les milliards qu’ils ont fait tomber ou vont faire tomber sur la France. On voit alors voleter les billets et l’on entend Emmanuel Macron vanter ce « pognon de dingue » avant qu’un rappeur n’achève la séquence. Le bon goût à la française avant la plongée dans le Grand Siècle de Versailles…

Teddy Riner pour lever des milliards d’euros et des milliers d’emplois

Le sommet de cette année 2025 doit battre les records. Créé en 2018, moribond pendant les années Covid-19, le sommet Choose France, d’abord placé « sur la route de Davos », a vu les chiffres s’envoler. Après les 15 milliards de l’an passé et les 13 milliards de 2023, le chef de l’État compte bien dépasser les 20 milliards d’euros d’investissements sur « plus d’une cinquantaine » de projets. Si l’accent était particulièrement mis sur l’IA en 2024, le thème, cette année, est « France, terre de créativité ». Dans le viseur, la production audiovisuelle et cinématographique, le tourisme et le patrimoine.

Les milliards et les milliers d’emplois devraient donc tomber comme s’il en pleuvait, entre installations de data centers, ateliers de recyclage textile, fabrication de bus et camions électriques, entrepôts logistiques, etc. Une manne inespérée va s’abattre sur la France comme les médailles sur notre champion national, Teddy Riner, désigné « special guest ». L’Élysée explique : « Sa présence vise à illustrer le dynamisme de la France au cœur de cette 8e édition post-JO. »

L’Équipe ne doute pas que le quintuple champion olympique sera ce soir à sa place : il « connaît la musique puisqu'il est aussi un businessman avec ses nombreux contrats et sa toute nouvelle Riner Cup, compétition destinée à mettre en avant les amateurs », nous dit le magazine.

Après l’enthousiasme, le mur de la réalité française

On le sait, les ors de Versailles cachent parfois des trompe-l’œil et l’on entend aujourd’hui des voix pour appeler à la prudence. Toutes ces annonces sont belles et merveilleuses et le Président, c’est certain, ne cachera pas sa joie à l’heure du champagne. Toutefois, gare au retour du réel. En effet, si la France reste bien le pays le plus attractif d’Europe pour les investisseurs étrangers, le baromètre EY – baromètre de l’attractivité de la France – publié jeudi dernier montre des signe inquiétants.

Tout d’abord, le nombre d’investissements est en baisse de 14 % par rapport à 2023, particulièrement du côté des entreprises américaines. Conséquence : le nombre d’emplois créés (29.000 chez nous) place la France en troisième position derrière le Royaume-Uni (38.196) et l’Espagne (34.603). La raison principale est le coût très élevé de la main-d’œuvre en France : 44 euros, contre 25,80 euros en Espagne et 29 euros outre-Manche. À ce « premier motif de la faiblesse française », dit le cabinet de conseil EY, s’ajoute l’instabilité politique déclenchée par la dissolution.

Enfin, comme l’expliquait ce lundi matin, sur Europe 1, le Japonais Telehouse, on est vite rattrapé par la réalité française. C’était l’une des grandes annonces de Choose France, l’an dernier : l’entreprise japonaise allait investir un milliard dans trois data centers en France. Un an plus tard, le PDG de la filiale française explique : « Il faut savoir qu’aujourd’hui, en Île-de-France, dès que vous demandez quelques dizaines de mégawatts, vous avez des délais tels que huit, neuf, dix ans, et dans le numérique, ce sont des délais absolument pas acceptables. Cela remet donc en question beaucoup de choses. » À cela s’ajoute la lenteur administrative bien connue : pour obtenir l’autorisation d’exploiter un site, il faut compter 18 mois en France, en moyenne, contre neuf en Allemagne et six au Royaume-Uni, un écart incompréhensible vu du Japon. « Dès qu’on dépose notre dossier, silence radio ! », déplore-t-il. Là encore, c’est incompréhensible vu de Tokyo. Résultat : sur un milliard d’euros prévus, seuls 200 millions ont pour l’instant été engagés par Telehouse.

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Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

Vos commentaires

38 commentaires

  1. Beaucoup de publicité et des projets qui ne se concrétisent pas toujours. Mais enfin on ne peut pas lui reprocher d’essayer. Que dirait-on si le président, quel qu’il soit, n’essayait pas de favoriser les investissements en France ?

  2. Et voila le Riner qui se voit président d ela république. Ils prennent vraiment les français pour des cons.

    • Bof, rappelez-vous d. douillet avec tata chirac (les pièces jaunes !)
      Ah ces champions de judo et le milieu politique, une vieille histoire d’amour !

    • Ministre ça ne l’intéresse pas, mais président si parce qu’il pourrait entrainer le pays derrière lui. Il oublie simplement que l’Elysée n’est pas un tatami, il faut quand même quelques expérience et quelque connaissance et que la carrure n’a rien à voir là-dedans quoi que ?

  3. Si on compare aux contrats engrangés par Trump dans sa tournée au moyen orient, on fait petit joueur.

  4. Décidément la France est comme ces milliers d’étoiles mortes qui brillent encore dans nos nuits . Leur lumière nous donne l’illusion de leur existence alors que leur source est morte depuis longtemps …! Il faut vraiment avoir une vision décalée de notre pays pour chercher à y investir le moindre centimes .Merci à nos rois et Empereurs ; sans leurs folies des grandeurs nous serions déjà ravalé au rang de nouveau Bengladesh .

    • N’est il pas en train de vendre la France. Ces investissements étrangers sont les caches misères de notre pays en voie d’appauvrissement. Ca craqué de partout et il s’en fout.

  5. Toute honte bue, fier comme un paon, Teddy Riner n’exclut de se présenter à la présidentielle, il est évident que les radicaux de gauche vont l’accueillir à bras ouvert, il lui reste encore à trouver les signatures et des ignares pour voter pour lui.

  6. Macron annonce 20 milliards d’investissements étrangers en France…

    Par curiosité, j’ai posé la question à une IA, combien les entreprises du CAC 40 ont investi à l’étranger ?
    Résultat, en 2023 les entreprises du CAC 40 ont investi 63 milliards à l’étranger !
    Inversement, les entreprises étrangères ont investi 19 milliards en France en 2023…
    Déjà très significatif ! Nos entreprises investissent plus à l’Etranger que l’inverse…

    Pour plus de précisions :
    A la question, combien les entreprises du CAC 40 ont investi en France en 2023 ?
    Réponses : 90 milliards !

    Combien l’ensemble des entreprises française -donc CAC 40 compris- ont investi à l’étranger en 2023 ?
    Réponse : entre 130 et 140 milliards.
    Combien les entreprises françaises -CAC 40 compris- ont investi en France en 2023 ?
    Réponse : entre 370 et 400 milliards.

    Donc se vanter d’un investissement de 20 milliards en France par des entreprises étrangères n’est guère un exploit…

  7. Depuis 2017, 178 projets, pour un montant total de 47 milliards d’euros, ont été annoncés, dont 11 seulement ont été abandonnés ».
    Macron le président qui la joue youtubeur, quelle misère, et au fait, on fait quoi avec les 3400 milliards de dette, on les planque sous le tapis sur lequel est inscrit « welcome, choose France ».
    Ce président est une catastrophe à lui tout seul.

  8. macron a choisi de mettre « un baobab » pour cacher la forêt industrielle massacrée par ses soins ! …
    Je regrette que des « champions » viennent se pervertir auprès de cette caste de poly-tocards et encore plus quand « ça » concerne les magouilles de macron ! …
    Il a massacré ALSTOM et tant d’autres secteurs qu’il devrait déjà être condamné pour « Atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation” !

  9. Oui on connaît la formule elle existe pour les armes,les produits agricoles,le bâtiment.. on invite des « acheteurs etrangers potentiels qui sont deja clients a des « rencontres »dans des 5 étoiles tous frais payés, de bons gueuleton.. Puis on attribue les contrats souscrits à ces rencontres..Par exemple dans les 20 milliards annonces figure la construction de deux paquebots de croisière aux chantiers Fincanteri (groupe italien majoritaire au capital) de St Nazaire..l’amateur aurait décidé hier à Versailles grâce au freluquet de se faire construire deux navires..Tellement ridicule et manipulateur que cela ne fait meme plus sourire ..au fait,les entreprises françaises ont investi 60 milliards à l’étranger cette année…
    Les gesticulations elyseennes nous coûtent  » un pognon de dingue « ..

  10. Bien d’accord avec M. Bauer. Sommes nous encore un pays qui ait un semblant d’existence ? Pourquoi « Choose France » ? Ne serait il pas plus normal, plutôt que de tomber dans ce réflexe macronien ridicule d’anglomanie mal placée, d’intituler ce machin : « choisisssez la France » ?

  11. La France n’est pas une chose à vendre , vous ne comprendrez jamais rien et vos promesses n’engagent plus personne .

    • Je ne connais pas les qualités autres que celles de judoka de Teddy Riner, mais il est certain qu’il ne ferait pas plus mal au pays que le « Mozart de la finance » actuellement en place à l’Elysée. Après si Riner est élu en ayant proposé un programme nationaliste, souverainiste, sécuritaire et économiquement de droite « dure », alors pourquoi pas, mais j’en doute très fortement et ce monsieur n’aura pas ma confiance s’il se présente .

  12. Notre énarque manu, n’a toujours pas compris que les investissements étrangers, « c’est la France à la découpe » ! Une fois les aides publiques perçues et les secrets de fabrication envolés, l’étranger ferme la boutique et laisse sur le carreau les soits-disants emplois créés, comme arcelor-mittal, mais pas que !
    Deux constats: que font les banques françaises pour favorider les investissements de nos « pépites industrielles » ? C’est leur rôle plutôt que de spéculer
    Quant à vendre « à la découpe » notre patrimoine industriel, celà porte un nom: « atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation » !
    Pas besoin d’être énarque pour comprendre cela

  13. Choose France ? Je pensais que l’on parlait français en France. Sauf peut-être pour enfumer avec des anglicismes mal à propos ? Ah, le Grand Sachem envoie des signaux de fumée…

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