Ces écolos qui militent encore pour le droit à la paresse…

Les écolos osent réclamer le droit d'être indemnisé pour paresser, mais qui payera ?
Capture d’écran (1597)

Jamais fatigués de réclamer plus de droits, les écolos viennent d'en suggérer un qui ne s'invente pas. Interviewée, le 3 mars, par France Info sur la réforme des retraites, Camille Hachez, secrétaire fédérale des Jeunes Écologistes, a revendiqué « totalement le droit à la paresse », assumant son propos et considérant « qu’on a le droit d’avoir envie de faire autre chose que de travailler dans sa vie ».

Certes, l’homme n’est pas qu’un agent économique, voilà pourquoi le repos dominical devrait être respecté, mais de là à revendiquer encore un nouveau droit, il n’y a qu’un pas qu’emboîte sans complexe la jeune écolo dans ceux de Sandrine Rousseau, elle-même reprenant l’idée de Paul Lafargue théorisée en 1880. « Si, déracinant de son cœur le vice qui la domine et avilit sa nature, la classe ouvrière se levait dans sa force terrible, non pour réclamer les Droits de l'homme, qui ne sont que les droits de l'exploitation capitaliste, non pour réclamer le Droit au travail, qui n'est que le droit à la misère, mais pour forger une loi d'airain, défendant à tout homme de travailler plus de trois heures par jour, la Terre, la vieille Terre, frémissant d'allégresse, sentirait bondir en elle un nouvel univers… » Ainsi Paul Lafargue proposait-il des journées de travail de trois heures afin que le reste soit consacré... aux loisirs !

L’idée de travailler moins pour « vivre mieux » n’est pas nouvelle non plus chez les partisans de la décroissance. En septembre dernier, Fabien Roussel et Sandrine Rousseau avaient croisé le fer par médias interposés sur leur conception opposée de la valeur travail. Lors de la Fête de l’Huma, le secrétaire national du PCF avait insisté sur l’importance de dire qu'il faut « travailler à une société qui garantit à chacun d’avoir un emploi, une formation et un salaire tout au long de sa vie », fustigeant « la gauche des allocations [et] des minima sociaux ». Mais comment pouvait-on s’approprier une telle valeur de droite ? s’indignait l’écoféministe, pour qui les salariés devraient « ne pas dépendre de leur emploi, qu'ils puissent partir de leur emploi, qu'ils puissent avoir une sécurité quand ils partent de leur emploi. C'est ça, les allocations, ça sert à ça. C'est hyper important. »

Bien qu’elle soit mère de tous les vices, rien n’interdit l’oisiveté dans notre société. Aucune loi, si ce n'est celle du bon sens (mais qu'en reste-t-il, en 2023 ?), n’oblige à aller travailler. Il n’y a donc pas lieu de lui opposer un droit, puisque la paresse est déjà autorisée. En revanche, la notion de droit induit dans la bouche de ces écologistes une protection sociale, puisque comme tout le monde, l’agent décroissant ne vit pas que d’amour et d’eau fraîche, et doit parfois pousser son Caddie™ ou régler ses factures d’énergie.

Attendrait-il de la société que, dans sa grande générosité, elle subventionne ce temps propice à la lenteur et à la réflexion pendant que d’autres, dans le labeur, offriraient leur sueur ? Comme Lafargue en son temps, ces « néo-paresseux » considèrent que le travail n'apporte qu'un lot de misère entre production et consommation, omettant pourtant la notion de dignité conférée par le travail. Dans La Fin d’un monde (Albin Michel), Patrick Buisson décrit le sentiment de supériorité (illusoire) de l’ouvrier salarié sur le paysan dans les années 70, et ce passage au salariat considéré comme une chance à saisir pour le monde rural, lui permettant de gagner des horaires limités, des revenus réguliers et des congés payés : « En regard du paysan, "homme d’un autre âge", "préhistorique", "oublié de la civilisation", le plus modeste des ouvriers […] apparaît comme un acteur de la marche du progrès... »

Un SDF croisé dans la rue récemment proposait humblement sur sa pancarte d’effectuer des services contre menue monnaie. Il nous confiait son désir de travailler pour ne pas rester assisté. Point de droit à la paresse ni de grandes réflexions sur la lenteur pour lui, mais l’extrême nécessité de gagner sa vie pour manger, s'accomplir, se sentir utile et dormir sous un toit. Le droit à la paresse ne peut être revendiqué que par des bobos qui ont tout le loisir de ralentir, les autres n'ont pas le luxe d'y réfléchir. Les écolos osent réclamer le droit d'être indemnisé pour paresser, mais qui payera ?

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Iris Bridier
Journaliste à BV

Vos commentaires

35 commentaires

  1. Et qui va travailler pour produire la consommation (importante) des adeptes de la paresse ?
    Les petites mains d’Asie ou d’Afrique seraient donc les esclaves qui subviendraient aux besoins de l’oisiveté des écolos occidentaux ? En plus d’être d’une stupidité inégalée ils sont surtout les plus fervents alliés du totalitarisme. C’est comme ce président de la voix lycéenne qui déclarait, hier chez P Praud, qu’il fallait mettre de la philo partout pour émanciper les jeunes. Boudiou. Il ne se rend même pas compte qu’en disant cela, il méprise tout les jeunes et moins jeunes qui ont fait peu d’études mais à qui la vie à appris le bon sens et le réel. Il faut dire que l’ancien président de ce syndicat était un certain Louis Boyard…Et dire que c’est cette catégorie de gens que les médias surexposent…Tous les jours les médias et les politiques nous content ce récit imaginaire qui éloigne la France des réalités pour la plonger dans le pays merveilleux de Oui Oui. Et la masse y croit.

  2. Ces écolos français ne tiennent pas la route. Droit à la paresse ! Mais qu’attendent-ils pour appliquer ? Comme il est souligné dans cet article, personne les oblige à travailler. Leur simple présence sur un plateau est un témoignage de travail ! S’ils nous oubliaient, un bonheur certainement. Car, que nous apportent-ils de concret, de palpable ? Du vent , du bavardage, que du bavardage. Mais ils jalouseront ceux qui deviennent « riches » par leur travail.

  3. C’est dingo ont aussi parfois de généreux parents pour leurs études ou parfois ont hérités facile dans ce cas de ne rien vouloir faire et de preconiser l’oisiveté d’ailleurs je leurs suggèrent de commencer par eux memes immédiatement de ne plus rien faire et de disparaître cela nous fera des vacances

  4. « mais qui payera ? »
    Il existe des assurances pour couvrir les risques. C’est le cas pour le chômage et la maladie. Il en existe une autre qui vous garantit des revenus quand vous aurez atteint un âge trop avancé pour continuer à travailler. C’est la retraite. Que ceux qui souhaitent une assurance « paresse » la souscrivent et payent en fonction de leurs propres besoins.

  5. Cette idée est bien présente dans notre société , de nombreux jeunes refusent de travailler et prolongent le plus longtemps possible des études inutiles avec un bac automatique , ensuite les plus chanceux trouvent un « petit plaçou » comme disait Chirac , dans une structure publique ou para publique ou ils vont travailler le moins possible et partir à la retraite le plutôt possible , d’ou le succès de l’opposition à la réforme actuelle de la retraite.
    Alors qui va faire le travail qu’ils ne veulent pas faire ? les immigrés légaux et illégaux , cela tombe bien les écolos défendent l’immigration sans entrave.

  6. Au train où vont les choses, les jeunes pourront bientôt jouir de la paresse car bientôt ils seront au chômage. La dette de la France, qui va encore augmenter, devrait nous permettre de profiter de ce temps libre tant attendu.

  7. 68 ans.
    Comment n’y ai-je pas pensé avant ?
    Passer mes journées au bord de ma piscine ou sur des skis, selon la saison, entouré de créatures de rêves …..

    • L’ennui, c’est qu’à votre âge, les créatures de rêve coûtent de plus en plus cher, et le rêve est vite dissipé. Je préfère, quant moi, à 86 ans, vieillir entouré de ma vieille épouse, mes enfants, petits-enfants et arrière petits-enfants. « pas bien haut, peut-être, mais tout seul », avec mon « panache ».

  8. Si tous ces écolos pouvaient mettre leur « droit à la paresse » à leur propre service, afin de ne pas nous casser les pieds, ça nous ferait des vacances.

  9. Le droit à la paresse pour certains suppose que d’autres travaillent pour subvenir à leurs besoins. C’était le cas pour les serfs qui travaillaient pour la noblesse ou les esclaves dans les plantations; c’est sans doute le genre de société dont rêvent Sandrine Rousseau et ses acolytes, peut-être avec des hommes déconstruits entretenant ces dames ?

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