Candidat à la présidence de LR, Bruno Retailleau veut rassembler la droite

Face à un Laurent Wauquiez décrédibilisé par les échecs électoraux de LR, Bruno Retailleau croit en ses chances.
Capture d'écran LCP
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Par une lettre adressée, ce mercredi matin, aux militants LR, Bruno Retailleau vient d’annoncer son souhait de briguer la présidence du parti, vacante depuis neuf mois. Avec, pour ambition, de « fédérer » la droite. Il relance ainsi le débat avec son principal concurrent Laurent Wauquiez. Menacé par un homme au discours régalien et conservateur, le Rassemblement national tire à boulets rouges.

Une dynamique à droite ?

La droite reprend des couleurs. Bruno Retailleau le sent. Trois élections récentes ont été favorables à la droite, qui a vu les candidats LR emporter les scrutins : à la députation des Hauts-de-Seine, aux mairies de Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne) et de Francheville (Rhône).

Le vent en poupe, le ministre de l’Intérieur déclare vouloir « faire pour [s]on parti ce qu'[il fait] à la tête de [s]on ministère : parler vrai et agir vite ». Voilà, en effet, bien longtemps qu’un ministre de droite n’avait pas tenu des propos aussi fermes. Sur la délinquance, sur l’immigration, sur l’assimilation, sur le trafic de drogues, sur le terrorisme intellectuel que fait peser la gauche sur la société française. Orpheline depuis Nicolas Sarkozy, la droite républicaine, telle le Phénix, sort la tête des catacombes. Face à un Laurent Wauquiez, décrédibilisé par une présidence des Républicains qui s’est soldée par des échecs électoraux, Bruno Retailleau veut croire en ses chances. Sur France Inter, ce mercredi matin, il déclarait vouloir « refonder un grand parti de droite qui accepte de s'élargir. Les Français adhèrent à nos solutions et à nos propositions. » Et d’ajouter, dans sa lettre aux militants : « Être chef, c'est savoir fédérer. Je n'ai jamais conçu la politique comme un chemin solitaire mais comme une aventure collective. C'est pourquoi j'invite chacun d'entre vous à me rejoindre, pour construire ce grand mouvement d'espoir qui doit incarner la droite. »

Union de la droite ou des droites ?

De quel élargissement s’agira-t-il ? Celui qui compte parmi ses proches, le député au Parlement européen François-Xavier Bellamy, incarne une « droite conservatrice et catholique », nous indique un cadre du parti. On retrouve dans ses accents (certainement la conviction en plus) la fermeté du discours de Nicolas Sarkozy, de la grande époque où la ligne de Patrick Buisson régnait à droite. Celle qui a permis à l’ancien chef de l’UMP de parvenir à la présidence de la République.

Est-ce pour autant l’avènement de l’union des droites ? Bruno Retailleau n’a jamais caché ses divergences avec le Rassemblement national. À écouter ce dernier depuis quelques jours, force est de constater que le RN lui renvoie l’ascenseur. Les saillies des lieutenants du parti sont légion, quand elles ne sont pas prononcées par Jordan Bardella et Marine Le Pen eux-mêmes. Cette dernière déclarait, il y a deux jours, au média espagnol El Debate : « Le problème de Bruno Retailleau, c’est qu’il est exactement comme Nicolas Sarkozy à l’époque : beaucoup de déclarations, mais derrière, rien. » Bardella parle d’un « ministère de la Parole ». Le 25 Janvier, Laurent Jacobelli, député de Moselle et porte-parole du Rassemblement national, qualifiait le ministre de l’Intérieur de « faux dur » et de « vrai mou ». Quelques jours plus tard, c’était au tour de Julien Odoul de sonner la charge, sur Public Sénat : « Retailleau est le nouveau robot qui parle comme le RN mais se couche au dernier moment. » Pour le député RN de l'Yonne, le ministre de l’Intérieur « est gangrené par le politiquement correct ».

Au RN, on sait que si les LR sont tombés très bas, en politique, rien n’est jamais perdu. Si le discours de Bruno Retailleau peut ramener au bercail l’électorat de droite libérale qui s’est déporté depuis plusieurs années sur Emmanuel Macron, la possibilité de voir une partie de l’électorat mariniste rejoindre une droite dite « de gouvernement » n’est pas exclue.

Un proche de Jordan Bardella préfère se rassurer : « Plus il reste à l’Intérieur, mieux c’est, pour nous. Il crédibilise notre discours, mais démontre qu’il est impuissant et qu’il ne peut pas agir. Mieux : il est dans un gouvernement avec des socialistes. »

Coïncidence : dans un entretien donné à Valeurs actuelles qui paraît ce mercredi, Jordan Bardella affirme : « Je rejoins Nicolas Sarkozy sur sa stratégie qui visait à réconcilier le vote populaire avec l'élite entrepreneuriale et économique. » Une ligne que Retailleau ne renierait certainement pas.

[Exclusif] Jordan Bardella : « Avec les électeurs de droite, je partage l’essentiel »

À droite, un socle commun de convictions et de stratégie semble se dessiner.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 20/03/2025 à 14:25.
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Yves-Marie Sévillia
Journaliste chez Boulevard Voltaire

Vos commentaires

116 commentaires

  1. Bruno Retailleau, grand diseux et petit faiseux. Il sera crédible lorsqu’il s’attaquera à l’immigration, il est à l’Intérieur pour mener ce combat. Si pendant les deux années à venir il n’y a rien de concret dans ce domaine, ce n’est pas la peine de se présenter à la présidentielle, il ne fera pas mieux.

  2. Encore un qui va se planter (si je puis dire) en s’affirmant « de droite ». Alors que la droite dure, l’ultra-droite (un cran en dessous d’extrême) est représentée en France par les macronistes, mondialistes, favorisant une aristocratie, une élite mondialiste richissime au détriment des peuples, de tous les peuples, producteurs comme consommateurs.
    C’est l’erreur qu’a commise E. Zemmour et tous ceux qui tombent si facilement dans le piège de F. Mitterrand, piège qui fonctionne encore, 40 ans après.
    Faut-il être naïf, tout de même…

  3. Moi j’aimerais bien que Mr Bruno Retailleau se consacre pleinement à la mission qu’il a accepté, la sécurité des Français, et ne pas se disperser dans un combat fratricide. Qu’il arrête les belles phrases et qu’il passe aux actes. Dans tous les cas quoi qu’il fasse plus jamais LR , j’ai été un adhérent militant trahis par cette clique de nombriliste, j’ai donné, merci, plus jamais. Et rien ne changera leur seule stratégie pour tenter de conserver leurs nombreux privilèges, sera oui contre le RN, la sécurité des Français, la baisse des dépenses publiques, la santé, on verra après. Nous devons résister et mettre un terme à lactivite de ces traîtres

  4. Par le passé, les Partis de droite choisissaient eux-mêmes leur candidat, les militants soutenaient. Puis est venu le temps de la communication, du casting, et tous les médiocres tentent leur chance. Retailleau semble sincère mais n’a pas de troupe.

  5. Union des fausses droites de gauche. Non merci ! Comme d’autres avant lui Retailleau est victime de l’état profond français très marqué à gauche et il est comme un crabe dans son panier. Il ne ressortira rien de bon pour la France avec une reconstruction LR parti majoritairement composé de notables provinciaux 2 toques et 4 fourchettes 4 fois par semaine. La vraie droite c’est l’aile droite du RN et Reconquête.

  6. Retailleau ne cache plus ce que l’on sait depuis longtemps: son carriérisme. Depuis qu’il est ministre de deux gouvernements Macron, il a beaucoup parlé, passé l’essentiel de son temps sur les plateaux télé et les ondes des radios, mais il n’a strictement rien fait en pratique pour lutter contre les fléaux qu’il dénonce. Ah si ! Il a expulsé un influenceur algérien qui est revenu le soir même en France après avoir été rejeté par son propre pays, Retailleau s’est ainsi pris un crachat de Tebboune en pleine figure. Qu’a-t-il fait en réponse ? Rien.
    Ce type agite beaucoup ses petits bras pour se poser en homme de droite, qu’il n’est pas puisqu’il appartient à un parti qui a TOUJOURS fait une politique de gauche, s’est rallié à la macronie et, surtout, est très largement responsable du chaos dans lequel la France s’enfonce un peu plus chaque jour. Maintenant, avec sa déclaration de candidature à la tête de ce parti de godillots, les masques sont tombés. Certains (pas moi) pensaient que Retailleau était un vendéen, poulain de Philippe de Villiers. La réalité est qu’il est plutôt un ven…du.

  7. Ces « ventremous » de droite veulent surtout essayer de manger la laine sur le dos de la vraie droite patriote
    Sabordage de la France en perspective

  8. Evidemment le premier qui n’est pas content de cette candidature c’est le lwauquiez et puis il n’y a pas que lui il y a aussi le villepein le bertrand, le copé le philippe enfin les grosses têtes quoi !

  9. Retailleau fait peur, on dirait même qu’il pense ce qu’il dit, ce qui n’est jamais de bon augure dans le monde politique à la langue de bois. Personne ne l’avait vu venir parce qu’il n’avait pas de plan. Et personne ne lui fera le reproche de ne pas en faire assez puisqu’il n’est pas Premier ministre. Cet homme de conviction est donc dangereux. Je crains qu’il ne soit capable de rassembler les Francais et de redonner espoir à la France.

  10. Pendant que Monsieur Retailleau agite férocement son petit Kärcher©, que rien ne change et que Les Républicains votent contre la suppression du droit du sol, il reste à son poste, « droit dans ses bottes », ministre « de droite » de service dans un gouvernement de collaboration macronienne du bon Monsieur Bayrou.

    Entre son honneur et rester ministre, il aura donc choisi de rester ministre.

    Et le plus beau, le meilleur, l’impensable, c’est qu’il puisse encore se rêver en prochain Macron trônant à l’Élysée.

  11. Les LR serait la droite? Quelle blague. La droite, la vraie, elle est en Argentine aujourd’hui. La droite c’est Milei et elle est incompatible avec l’UE. Retailleau ne change rien du tout. Ils donne des coups de menton à tort et à travers, blablate beaucoup mais au final rien n’aura changé. Les LR, je dis bien tous les LR, sont des socialistes qui ne s’ignorent même plus mais qui n’ont pas encore fait leur coming out. Pas la peine, on a compris.

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