Camélia Jordana, Macaulay Culkin : ces « résistants » en carton qui « luttent » contre Trump ou Israël

Festival de « résistance », ces dernières semaines… La chanteuse Camélia Jordana était déjà en pointe, on s’en souvient, dans la lutte contre les contrôles au faciès (et les gens qui se font tuer « pour nulle autre raison que leur couleur de peau »). Elle a récemment affirmé, afin de montrer son courage, qu’elle ne mangeait plus ni McDonald’s ni Coca-Cola depuis les massacres du 7 octobre. Le lien peut sembler ténu, mais vous allez comprendre : McDo fournit des repas gratuits à l'armée israélienne, relate La Dépêche, ainsi qu'« à la police, aux hôpitaux, aux forces de secours et aux habitants qui se trouvent à proximité directe de la bande de Gaza ».

"J’ai pas mangé un Mac Do depuis le 7 octobre,
j’ai pas bu un Coca depuis le 7 octobre…"
Camélia Jordana boycotte les marques liées à Israël #JeanMoulin pic.twitter.com/S8Ovz4YK19

— Destination Ciné (@destinationcine) April 13, 2025

Macaulay Culkin et Chris Colombus, respectivement acteur principal et réalisateur de la série des films Maman, j’ai raté l’avion, eux, veulent désormais supprimer Trump. Pas physiquement, bien sûr, mais supprimer l’extrait de sept secondes où, dans le deuxième opus, on le voit échanger quelques mots avec le personnage de Kevin (Macaulay Culkin, donc). Parce que Trump est méchant. Il faut donc couper l’image, le faire disparaître des mémoires cinématographiques, comme les successeurs de Staline avaient fait gratter la silhouette de l’immonde Beria sur une photographie célèbre, quand le sanglant directeur du KGB était tombé en disgrâce.

Lors du déclenchement de l’offensive russe contre l’Ukraine, en 2022, l’Occident, dans un mouvement de courage et d’intelligence à peine croyable, avait décidé de boycotter aveuglément tout ce qui était russe. Interdiction des artistes, projets de censure de Dostoïevski ou de Pouchkine et même – histoire vraie ! - blocage, par des banques françaises voulant bien faire, des comptes de certaines personnes, mariées à des ressortissants français, dont le nom « sonnait russe ». On croyait ne pas pouvoir aller tellement plus loin dans le ridicule : c’était sans compter sur le show-business.

Un faux-nez

Depuis le 7 octobre 2023 et la riposte d’Israël, nombreux sont les « antisionistes » (bien souvent un faux nez pour des gens qui sont tout simplement antisémites) à avoir annoncé leur boycott de l’État hébreu. Aux États-Unis, un mouvement nommé Blockout a vu le jour en 2024. Il se propose de boycotter les stars qui ne soutiennent pas ouvertement la Palestine – nouvelle terre à la mode, pour des gauchistes qui, comme Mathilde Panot en France par exemple, ignorent bien souvent où se situe le fleuve Jourdain. Ce mouvement s’est ensuite exporté en France dans le courant du mois de mai de la même année, visant des personnalités comme les youtubeurs Tibo InShape et Squeezie, ou les footballeurs Zinédine Zidane et Kylian Mbappé.

Revenons à Camélia Jordana et à ses actes de bravoure. Le 4 avril dernier, invitée lors du festival international du film policier Reims Polar, elle déclarait sur la scène, sans l’ombre d’un sourire : « Je sais, je suis vraiment radicale. Je n’ai pas mangé un McDo depuis le 7 octobre, je n’ai pas bu un Coca depuis le 7 octobre. » À ce niveau de radicalité, on flirte avec le noviciat carmélite, la vie chez les Amish, le tour du monde à pied ou l’éducation d’une famille ultra-nombreuse. Radicale, qu’elle est, Camélia.

Les gens privilégiés ont souvent une drôle de vision de l’engagement personnel au service d’une cause. On se souvient, ainsi, des bobos parisiens qui, après les attentats du Bataclan et les fusillades sur les terrasses, annonçaient courageusement, sur les réseaux sociaux, qu’ils continueraient, pour lutter contre le terrorisme, à aller boire des coups en terrasse comme avant. On est au même degré de « radicalité », que d’aucuns, moins littéraires, appelleraient probablement de la connerie. Quitte à être célèbre et à chanter, que Camélia Jordana prenne plutôt exemple sur Jean-Jacques Goldman : le chanteur préféré des Français est récemment sorti de sa retraite pour offrir une chanson aux blessés de guerre de l’armée française. On n’est pas au même niveau.

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