Bruno Retailleau, une menace pour le RN ?

Le nouveau président LR continue son ascension. Au risque de bousculer le RN...
Capture écran BFMTV
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Bruno Retailleau devient président des LR. Le ministre de l’Intérieur a désormais une double casquette. Après sa victoire, dimanche soir, dans le duel qui l’opposait à Laurent Wauquiez, le voici désormais à la tête du parti Les Républicains. Il obtient 74,31 % des suffrages. Les 72.629 militants qui l’ont élu plébiscitent donc la stratégie assumée du Vendéen de participer à un gouvernement sous l’autorité d’Emmanuel Macron.

Un gouvernement macroniste qui s’est empressé de congratuler le vainqueur. « Félicitations chaleureuses à Bruno Retailleau pour sa magnifique victoire, s’est réjoui le Premier ministre François Bayrou. Les Français engagés souhaitent, je le crois, que nous fassions cause commune pour sortir, autant que possible, notre pays des difficultés qu’il traverse. Ils aiment la diversité et veulent la solidarité. » « Plus que jamais, Bruno Retailleau peut rester au gouvernement », a affirmé Sophie Primas, la porte-parole du gouvernement.

La popularité du ministre de l’Intérieur est précieuse à la survie du gouvernement actuel. Personne ne s’y trompe. « Ainsi donc, le parti LR, en théorie parti d’opposition à la politique de M. Macron, se donne comme président un ministre nommé par M. Macron et soutenu par les députés "macronistes". Intéressant de voir comment sera géré ce grand écart… », raille l’ancien député européen Bruno Gollnisch, membre du Conseil national du RN.

« J’espère qu’il me suivra aussi dans l’union des droites »

Un parti qui cherche sa stratégie face au phénomène Bruno Retailleau. Car le ministre de l'Intérieur peut devenir une menace sérieuse pour ses concurrents à droite - RN en tête. Dans les médias, les ténors n’épargnent plus le ministre de l’Intérieur. « Il n'y a pas la droite qui est de retour, il y a la Macronie qui essaie de survivre », pique Franck Allisio, le député des Bouches-du-Rhône. Pour l’élu marseillais, « à la différence de Bruno Retailleau, Éric Ciotti a eu le courage de nous rejoindre dans l'intérêt du pays afin de construire cette véritable alternance qui redressera la France. L'un a fait le choix de ses convictions, et l'autre celui de l'alliance avec les macronistes. » Éric Ciotti, justement, a félicité Bruno Retailleau, qu'il connaît bien, sans ménager son positionnement Macron-compatible. « J’espère qu’il me suivra aussi dans l’union des droites, seule voie pour relever la France, et qu’il ne restera pas prisonnier du macronisme finissant qui a ruiné le pays », réagit le patron de l'UDR. Louis Aliot, maire de Perpignan, le confie à BV : « Je me réjouis que le discours du ministre de l’Intérieur reprenne 95 % de ce que nous disons depuis trente ans maintenant. »

Le propos droitier de Retailleau ne lui semble pas une menace pour le Rassemblement national. « Quand vous faites votre conférence de presse de victoire avec Gérard Larcher [le président LR du Sénat, NDLR] d'un côté et Michel Barnier [l’ancien Premier ministre, NDLR] de l'autre, c'est bien la preuve que vous n'incarnez pas le renouveau. » « S'il veut la rupture, il va falloir qu'il la fasse avec les gens qui l'entourent », explique celui qui a plus de trente ans de vie politique derrière lui.

À peine élu président de LR, Bruno Retailleau a profité de son intervention sur TF1 pour maintenir son discours régalien et annoncer que face aux 25.000 refus d’obtempérer constatés en 2024, il allait, « dans les 48 heures », donner « une nouvelle instruction » ordonnant la poursuite systématique des véhicules en fuite. Une annonce qui n’a visiblement pas touché Louis Aliot : « Très honnêtement, en tant que maire, je ne vois pas très bien la différence entre M. Darmanin et M. Retailleau, si ce n'est dans la parole. »

« Retailleau n'avance nulle part »

Laurent Jacobelli, député RN de Moselle, reste lui aussi inflexible. Quels que soient les sujets, « immigration, islam politique, sécurité... Retailleau n'avance nulle part ».

Le maire de Perpignan est moins sévère. Sur les questions d’union des droites, Aliot affirme « être d’accord » avec Bruno Retailleau et réfute l’idée « d’accords d’états-majors ». « Mais je vois en revanche, partout en France, des militants, des cadres intermédiaires qui sont prêts à mettre leurs efforts en commun pour faire gagner la cause nationale », indique l’élu mariniste, qui regrette l’absence de dialogue. Alors que Gérard Larcher affirmait, hier, qu’il considérait tout lien avec le RN comme un « tabou », face aux critiques formulées quant à un programme économique trop à gauche, l’édile perpignanais évoque des « artifices pour ne pas discuter avec nous » et s’insurge : « Le plus important, ça reste quand même la souveraineté, l'indépendance nationale et le rétablissement de l'ordre. »

Par son élection à la présidence des LR, Bruno Retailleau fait la démonstration que son discours adossé à sa place au gouvernement séduit les militants LR. Peut-il en être de même chez les électeurs patriotes ? Au RN, la méfiance est de mise.

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Yves-Marie Sévillia
Journaliste chez Boulevard Voltaire

Vos commentaires

159 commentaires

  1. Mr Retailleau devrait prendre garde aux démonstrations d’amour que lui manifestent ceux qui sont depuis longtemps aux commandes et ont laissé la France s’enfoncer.
    Tous les vieux caciques au pouvoir doivent ouvrir les yeux et cesser de vouloir mettre à l’écart le RN et autres partis franchement marqués à droite.
    La « politique économique » du RN ne peut pas être un faire valoir pour les évincer du pouvoir. Une politique économique ça peut toujours évoluer, ce qui compte ce sont les idées sur lesquelles on est en accord.
    Alors oui au rassemblement des droites patriotes sans réserve

  2. On peut spéculer et émettre des hypothèses sans une union de toutes les droites ce sera le fiasco comme d’habitude et la Macronie et sa descendance resteront au pouvoir avec le soutien de la gauche. Mitterand avec son union de la gauche avait compris et à gagné. Aux dernières législatives l’alliance demandée par Attal à bien fonctionné de plus avec LFI. La droite politique doit mettre son ego de côté. Diviser pour mieux régner ne fonctionne pas dans ce cas précis. Et ce n’est pas un hasard si Édouard Philippe se présente car il va bénéficier de cette soupe politique et on repartira pour 10 ans. LR+RN+RECONQUÊTE +DVD…Ça gagné seule combinaison possible.

  3. Les LR trahiront toujours le peuple c’est dans leur ADN au moment des élections il n’y à que le RN de sérieux,un ancienLR.

  4. A Monsieur Philippe de Villiers , parlant d’or , toujours , j’aimerais connaître son avis sur tout ce cirque ….

  5. La situation est comique et place le conservatisme en dilemme. Tout est sens dessus-dessous. A l’évidence, le poids de Retailleau surpasse celui d’un premier ministre, nommé par un président failli, empêtré et sous le coup d’un couperet. Le RN a le dos au mur. Les Républicains sont des revenants. Zemmour-Knafo n’ont pas dit leur dernier mot. Retailleau a des amis qui le plombent. Saura-il s’imposer ? L’union des droites est une evidence. Une autre est la division de ceux qui veulent la conduire.

  6. Ca me fait penser à Sarkozy qui avait chassé avec les armes du rn et ca lui avait réussi puisqu il avait été élu, par contre les résultats n ‘étaient pas là

  7. Il faut bien dire que depuis trente ans, ces braves gens de chez Les Républicains ont tellement l’habitude de prendre les électeurs pour des truffes, qu’ils ne voient même plus qu’ils font presque de la peine à les regarder partir au casse-pipe en chantant.

  8. Chacun sait que c’est la presse qui  » fabrique l’opinion ».Le danger Retailleau est bien la.No pas parceque ce monsieur serait  » fidèle à ses convictions droitieres »,comme nous l’a dit hier soir le gentil bock ou rabache Praud,Mabrouk et même Morandini sur Cnews,mais parceque ka même presse évite soigneusement de rappeler,ses votes passés pro immigrationnistes,son appel à voter nfp( donc lfi) contre le RN,ses positions europeistes, son admiration pour ..sarkosy.
    Non on ne nous parle pas d’un homme nouveau,on modifie son histoire pour nous le fourguer…
    Plus jamais un LR! Parti de traitres bavards..

  9. Je me méfie de Retailleau et tant que nous n’aurons d’que de belles paroles et pas de résultats tangibles je resterai campe sur mes positions c’est un arriviste macro compatible gesticulateur.

  10. il vas pas faire illusion longtemps vu ses soutiens on comprend que c’est toujours les mèmes
    ((opportunistes ))

  11. Si on ne tape pas dans le dur :se libérer de la tutelle européenne (le gang des malfaisants), çà fera comme en Roumanie et adieu à la France et aux Français

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