Au campus d’été du PS, on part à la découverte de la « France des beaufs »

Mépris de classe difficile à supporter, mais surtout flou conceptuel. C'est quoi, au juste, un beauf ?
Capture d’écran (3143)

La sociologie est-elle la science de ceux qui ne foutent pas les pieds dehors ? Ce serait un commencement d'explication à certains phénomènes de mépris social assez répugnants, qui commencent à se montrer avec de moins en moins de complexes parmi les « élites » urbaines et diplômées. Vous savez, ces jeunes CSP+ qui élisent des maires écolos dans les grandes villes, trouvent que les migrants ont toute leur place dans les campagnes mais n'en veulent pas chez eux, veulent du circuit court mais détestent les agriculteurs, aiment les pauvres mais pas quand ils sont français... Beaucoup d'entre eux (tous ?) votent à gauche : LFI, EELV ou même pour le Parti socialiste.

Le PS, en état de mort cérébrale, a pourtant fait 1,75 % aux élections présidentielles. La faute, disent les méchantes langues, au choix de la ligne Terra Nova, du nom du think tank situé à son aile gauche et qui avait théorisé le choix des minorités et des immigrés comme nouveaux damnés de la Terre, en négligeant l'historique lutte pour les ouvriers.

Cet embourgeoisement n'est pas sans conséquences : parti d'intellectuels depuis toujours, le PS s'est dernièrement (depuis 2007, disons) coupé de sa base électorale (et n'en a donc plus). Au même titre que les écolos qui ne savent pas reconnaître une vache, les socialistes ne savent donc plus reconnaître un électeur populaire. Les ouvriers et les employés de la France périphérique, vous savez, celle qui écoute Sardou, vote massivement RN. On se moque d'eux depuis quarante ans, depuis que les émissions urbaines et branchées font la pluie et le beau temps à la télévision. Ce sont des « beaufs », des « ploucs ». Ils ont honte d'être ce qu'ils sont, français, vulgaires, pas à la mode, alors qu'on leur montre en exemple des trafiquants de drogue extra-européens et des influenceuses prostituées à Dubaï.

 

Avec une louable mansuétude, afin de se pencher sur les marginaux, le PS, sur son « campus d'été » (là non plus, comme chez EELV, on ne parle pas d'université, bien sûr, « la république n'a pas besoin de savants », disait-on sous la Terreur), a prévu une table ronde au titre symbolique : « La France périurbaine est-elle la France des beaufs ? »

On est quasiment tous le beauf de quelqu'un

Mépris de classe difficile à supporter, mais surtout flou conceptuel. C'est quoi, au juste, un beauf ? Le beauf de Cabu, c'était un nouveau riche en catogan. Les beaufs de la télé, ce sont les Français quinquagénaires qui n'aiment pas les immigrés. Les gens de droite trouvent que les cheffaillons de mairie et les retraités anticléricaux sont de gros beaufs. Les gens de gauche trouvent que les porte-drapeaux du 11 novembre et les piliers de bistrot sont d'immondes ploucs. On est quasiment tous le beauf de quelqu'un.

Deux questions viennent à l'esprit du lecteur : d'abord, cette table ronde sera-t-elle un cours d'entomologie (« Comment reconnaître ces vilains cafards incultes ? ») ou un salutaire rappel à la réalité (« sans 2000 ans de beaufs, pas de petits cons qui mangent des graines ») ? On a une vague et triste idée de la tournure que va prendre ce petit groupe de parole. Mais surtout, la réponse sera-t-elle objectivement « oui » ? Pas sûr. Pas sûr du tout.

La France des blessés

La France périurbaine, c'est celle des églises oubliées, des pavillons sur lesquels la cité en béton mord chaque année du terrain ; c'est celle dont on ne peut pas partir, faute d'argent ; c'est celle qui subit les conséquences de toutes les politiques publiques de gauche. Ce n'est pas la France des beaufs : c'est la France des blessés. Les beaufs, ce sont ceux qui, dans leurs certitudes, continuent de se croire malins parce qu'ils ont fait quelques études de sciences molles et détiennent deux ou trois peaux d'âne universitaires. Les beaufs, ce sont ceux qui font des blagues grasses sur la France éternelle, sur la grandeur et le sacré. Ce sont les derniers hommes dont parlait Nietzsche, ceux qui pensent avoir inventé le bonheur et qui clignent de l'œil, unis dans le culte de la dérision, ce dernier dieu qui salit tout. Et des beaufs comme ça, on en trouve davantage dans les centres urbains que dans les pavillons déshérités.

Le RN ou Reconquête n'organiseront pas de tables rondes sur le thème « La France hors-sol des grandes métropoles est-elle celle des cons ? » Leurs électeurs, quoique « beaufs », sont assez intelligents pour trouver la réponse tout seuls.

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Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

39 commentaires

  1. Mais d’où viennent donc ce mépris et ce besoin de dénigrer l’autre dès lors qu’il n’est ni de gauche ni étranger ni de confession musulmane ?

  2. C’est assez normal la gauche a été prise en main par ceux qui se prennent pour des élites parce que leur métier c’est d’être cultivés, comme les profs, les écrivains etc. pour certains même le fait de sourire est un manque d’éducation, chez ces gens-là Monsieur on ne sourit pas. Ils sont une minorité, peu productifs en fait pour le pays puis à côté il y a la masse laborieuse des travailleurs comme disait Georges Marchais, qui est moins cultivée, qui travaille et fait tourner l’économie, elle rigole même, chante, mange de la viande, roule en diesel et fume des clopes papier maïs, elle vit quoi, alors évidemment il y a un monde entre ces momies qui se targuent d’êtres des intellectuelles, le dessus du panier et la majorité des français.

  3. Je pense qu’ils voulaient exprimer l’idée ” arrêtons de prendre la France peri-urbaine pour la France des beaufs ” !
    En intellectuels sachant ils utilisent une antiphrase, à leurs risques et périls !

  4. Il m’arrive de réécouter Sardou et bien d’autres chanteurs talentueux et d’éteindre ma radio si par hasard on y passe une « chanson » de Médine. Que cet homme soit apprécié pour ses textes discutables par les partis politiques dits de gauche me navre au plus haut point.

  5. Après les sans dents, voici les beaufs ! A, j’oubliais il y a aussi ceux qui ne sont rien selon Machiavel. Cette gauche caviar est à vomir, ces gens là qui se sont engraissés sur le dos du con-tribuable, des sans dents et des beaufs, me donnent la nausée. D’ailleurs, je ne comprends pas pourquoi ces classes supérieures viennent nous envahir, nous emmerder dans nos campagnes pour passer leurs weeks-ends ou leurs vacances au vert ! Qu’ils restent donc dans leurs villes bruyantes, puantes et polluées, à bouffer du caviar dont on se demande s’ils peuvent encore apprécier le goût étant donnée la pollution dans laquelle ils baignent. Je me demande aussi si cette pollution, cette entre-soi ne leur a pas complètement dégradé leur cervelle ?

  6. Les socialistes devraient plutôt réfléchir à leur responsabilité dans la destruction de notre pays eux et les gauchistes ont une responsabilité majeure dans l’effondrement de la France.

  7. « ces jeunes CSP+ qui élisent des maires écolos dans les grandes villes ». Si je comprend bien, plus on est « instruit », plus on est … con !! Mon défunt père disait toujours : « instruit ne veut pas dire intelligent ». Je m’aperçois tous les jours combien il avait raison.

    • « instruit » : par qui d’abord ? Et puis, ils n’ont que des  » diplômes ».
      la formule de J.M est trop belle pour eux mais c’est pourtant de cela qu’il s’agit  » brillamment inintelligents ».
      Ne surtout pas oublier les bobos de campagne ce sont les plus affligeants.

  8. Merci pour cet article, ça met du baume au coeur du beauf que je crois être. Je n’écoute pas Sardou en boucle mais j’aime bien entendre ses chansons qui me rappellent mon enfance. Je mange de la viande et j’ai grand plaisir à ecluser 2 ou 3 bières au bistrot associatif de mon village de 100 habitants. Salut à vous M. Florac.

    • et je pense même qu’il vous arrive de jouer aux boules, alors vous êtes infréquentables pour la gauche et en particulier pour la gauche caviar

  9. N’oublions surtout pas que le terme beauf vient de l’acronyme «  beurre œufs et fromage «  du nom des denrées qui ont permis aux profiteurs de bien s’enrichir entre 1940 et 194… avec comme exemple le téléfilm «  au bon beurre » avec le socialiste R Habin racontant mes magouilles d’un petit fromager pour s’enrichir sur la misère des français …

    • Je croyais que c’était le raccourci de beau frère , vous savez celui qui dans les réunions de famille « bien » détonne par une personnalité à peine fréquentable, nature ou brut de fonte ….

      • Selon le philosophe magazine
        « Vous avez dit… beauf ? Il faut remonter un peu le temps pour comprendre ce mot étrange, qui sonne presque comme une onomatopée. Le BOF, pour Beurre, Œuf, Fromage, est l’ancien sigle des crémiers, et par extension, du commerce de produits alimentaires. Le terme est associé à la Seconde Guerre mondiale où, dans le contexte de la collaboration, un certain nombre de commerçants profite du marché noir des rations alimentaires pour s’enrichir. Immortalisé par l’écrivain Jean Dutourd en 1952 dans Au bon beurre, le BOF devient le symbole du petit crémier sans foi ni scrupule.
        Puis il semblerait que le terme « beauf » contraction de beau frère et « bof » se soient confondus …cqfd  

    • Et « rappeur » trouve son origine chez les professionnels qui transforment le fromage en fins copeaux… C’est ça ?

  10. Pour avoir eu des activités syndicales et rencontré quelques autres syndicalistes bien de gauche, j’ai aussi ouï le terme de ploucs… ce qui n’a pas empêché ces syndicalistes de s’immiscer dans la contestation des GJ et de la récupérer !

  11. Si la question de de votre conclusion faisait l’objet d’un référendum, le ‘oui’ l’emporterait avec une majorité écrasante. Merci et bravo.

  12. J’ai eu la chance d’avoir une carte VIP au congrès du parti socialiste de Pau en 1975

    Je suis depuis toujours profondément de droite mais c’était l’époque où les personnes d’opinions politiques différente pouvaient être amies.
    Quelle tenue !
    André Labarrère accueillait cette manifestation.
    Mitterand et le CERES débattaient du programme commun, sujet d’avenir qui enflammait les débats, …
    Malgré mon désaccord profond avec ces idées que je considérais comme généreuses et absurdes, je dois le dire, ce fut du pur bonheur.

  13. Peut-être que cette table ronde nous indiquera les critères pour reconnaître ces beaufs indésirables qui font tâche (fume des clopes, roule au diesel, vote RN, … ) comme les expositions du régime de Vichy nous apprenaient à repérer les Juifs ? Ce serait bien utile pour en finir une bonne fois pour toutes avec cette France rance et moisie que détestent ces gens.

  14. Excellente conclusion . Les vacances de ces gauchos on s’en fout , d’ailleurs de tout ce qui vient de ces bobos gauchos .

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