Abolition de la vènerie : « Je vis pour la chasse à courre ! »

La chasse sera-t-elle interdite en France ? C’est, en tout cas, la volonté du député EELV Nicolas Thierry qui a déposé une proposition de loi, le 14 février dernier, afin d’abolir cette pratique et de punir d’un an d’emprisonnement et de 15.000 euros d’amende toute personne pratiquant « la chasse à courre, à cor et à cri, ni poursuivre par les mêmes moyens un leurre simulant la voie d’un animal. »
Arrêtez d’emmerder les Français !
L’argumentaire du parlementaire est vu et revu. La vènerie serait « cruelle », « héritée d’une tradition féodale », « les traques se terminent régulièrement dans les villes et villages », etc. Une rhétorique que le monde cynégétique est lassé d’entendre car « les opposants à la chasse à courre n'apprennent pas. Chaque année, ils avancent les mêmes arguments », réagit Antoine Gallon, chargé de la communication de la Société de Vènerie. « Ce qui anime ces gens, c’est est une idéologie animaliste qui vise à faire croire que la vie d’un animal ne vaut pas plus que celle d’un enfant », explique-t-il. Certains restent dubitatifs face à cette proposition de loi qui est une énième interdiction qui vise à « emmerder les Français », selon la célèbre formule du Président Georges Pompidou. « Nous sommes dans une société de privation de nos libertés individuelles », affirme Michel Guiniot, député RN de l’Oise, département qui concentre plusieurs équipages de chasse à courre.
Il y a un paradoxe dans la volonté de s’en prendre à la chasse à courre. Si le moteur était le bien-être animal, les écologistes auraient demandé la fin de la chasse à tir. Lors de la chasse (à courre) au grand gibier, l’animal est tué une fois sur trois environ. Quand il s’agit du petit gibier, c’est encore moins. « Nous chassons trois fois par semaine pour 8 à 10 lièvres prélevés sur la saison », détaille Hervé Cart, maître d’équipage du Rallye Loue-Lison dans le Doubs, qui chasse le lièvre depuis vingt-cinq ans. Si le vote de cette proposition de loi ne sauvera pas les animaux, elle ne fera qu'annihiler le restant de lien social dans les territoires et priver des passionnés de ce pourquoi ils vivent.
La fin du lien social dans la France périphérique ?

Maximilien de Vibraye, 21 ans, maître de l’équipage de Cheverny
Au-delà de l’acte de chasse qui conduit parfois à la mort d’un animal, il existe tout un univers riche en relations humaines et en connaissance de la faune et de la flore qui pourrait disparaître. Très concrètement, si demain les 390 équipages de chasse à courre sont interdits de pratiquer leur discipline, les conséquences sur les animaux seront dramatiques. « Nos chevaux sont réformés des courses hippiques. Si nous n'étions pas là, des milliers de chevaux seraient abattus », explique Maximilien de Vibraye, 21 ans et maître de l’équipage de Cheverny. Les connaissances acquises sur la génétique et l’éducation des chiens de chasse disparaîtront au fil des années car « on sélectionne et on éduque nos chiens pour chasser uniquement le lièvre. Le jour où il n’ont plus cette fonction, ils n’ont plus de raison d’exister », prévient Hervé Cart.
La fin de la chasse à courre est également synonyme de la perte du lien social dans les campagnes françaises. À une époque où la France périphérique voit ses commerces, ses services publics et ses habitants disparaître, la vènerie est une activité qui permet aux ruraux de se retrouver et de communier autour d’une même passion. « Parfois, on va chasser dans des endroits où il y a 250 habitants, nous sommes l’animation du village. Les gens se réunissent, se parlent et caressent les chiens », raconte le maître d’équipage dans le Doubs.
Si la proposition de loi venait à être votée, cela signifierait aussi la perte d’une raison de vivre pour beaucoup de passionnés. Les veneurs vivent pour leurs chiens, pour leurs chevaux, pour l’amour qu’ils portent à la faune et à la flore de leur région. « Je vis pour la chasse à courre ! », lance le jeune Maximilien, « je pense à la vènerie tous les jours, c’est une passion familiale et une part de mon héritage. »
Dans les prochains mois sera étudié le texte du député Nicolas Thierry. Durant ce laps de temps, les acteurs de la vènerie française vont se mobiliser pour faire entendre leur voix. Même si la chasse à courre n’est pas interdite cette année, certains restent pessimistes quant à l’avenir de cette pratique. A contrario, d’autres gardent l'espoir. « Je suis d’un naturel optimiste et je me dis qu’à un moment ou un autre, nous allons revenir à la raison, insiste Hervé Cart, je suis confiant dans certains élus qui auront la hauteur de vue pour comprendre l'importance de la vènerie. » De son côté, le député RN Michel Guiniot assure : « Je ne voterai pas la proposition de loi. Je ne céderai pas à la bien-pensance que veulent nous imposer les Verts ! » Mais cela suffira-t-il ?
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38 commentaires
Je suis toujours stupéfait des arguments avancés pour protéger ou attaquer la chasse (à courre ou pas). Lien social, tradition, écologie, bla-bla-bla… Non, la chasse est la jouissance de traquer et tuer un animal. C’est-à-dire la jouissance de tuer et de voir l’être vivant mourir (qui aimerait la chasse les yeux bandés ?). C’est donc du sadisme, très exactement. Je défis quiconque, chasseur, de me prouver qu’il n’aurait pas de jouissance au spectacle de la mort donnée. Une chasseur n’est pas contraint et forcé : il aime ça. Alors, par pitié, trêve d’hypocrisie, la seule question réelle est : le sadisme doit-il être interdit ou organisé ?
Je suis un rural. Même si je ne participe pas, c’est toujours un plaisir d’entendre et de croiser un équipage de chasse à courre. Cela fait partie de notre culture atavique à la campagne.
Il est vrai que les bobos nous qualifient, nous les ruraux, de « résidu ». Le respect des minorités est à géométrie variable pour eux.
Enfin le gibier prélevé par la chasse à courre est infime. C’est dommage vu la prolifération de chevreuils qui sont les ennemis des sylviculteurs et des sangliers qui font des dégâts énormes dans l’agriculture.
Il n’y a pas grand chose à comprendre si ce n’est que de la lâcheté de s’attaquer à une bête sans défense , bête traquée jusque dans la cour de maison de particuliers. Je ne suis pas contre une promenade à cheval dans la foret au son du cor mais contre la mort de magnifiques animaux pour le plaisir de quelques malades qui assouvissent leurs pulsions.
Je suis pour la taureaumachie, mais contre les corridas, je suis pour la chasse à tir mais contre la chasse à courre. Si pour certains c’est un plaisir de massacrer puis de tuer lentement, qu’ils aillent en Afghanisthan chasser les jihadistes qui,eux, peuvent se défendre ! Mais là c’est « courage, fuyons ! »
Croyez vous qu’ interdire la chasse réduirait , ne serait ce même qu un peu « la violence , la barbarie, la lâcheté » des individus ???
Tous les chasseurs ne sont pas violents barbares ou lâches.
Les non chasseurs ne sont pas exempts de violence barbarie et lâcheté !
Croire résoudre le problème de la violence en interdisant la chasse est d’une naïveté immense (dont la taille est probablement proportionnelle à l’ égoïsme qu’il y a à vouloir interdire aux autres s’exercer une activité qui leur plaît, mais qui ne leur plaît pas eux et peut les déranger).
Je comprends que vous êtes contre toute chasse et pêche.
Probablement aussi contre l élevage des animaux pour les tuer et les manger.
C’est gentil de vouloir protéger les animaux à côté de nous comme des frères humains. Mais comment protéger en même temps le loup et l’agneau?
Probablement regrettez vous que le lion ne soit pas végétarien et, si vous le pouviez, vous feriez interdire aux carnivores de poursuivre leur instinct.
Il me semble que vous avez une vision enfantine et citadine de la nature. Les animaux sont gentils, les chasseurs méchants. Pourtant les chasseurs sont des hommes et les hommes sont des animaux.
Je ne suis pas chasseur, mais je ne considère pas qu’il faille interdire aux autres de chasser. La chasse est à autoriser, avec des limites bien-sûr, comme à toute liberté.
La raison fondamentale de la chasse à courre, son essence pour parler savamment, est l’assouvissement de passions sadiques sur des animaux (comme d’ailleurs la chasse en général, la pêche, la corrida, etc.). Quant au fait que cette pratique génère des activités qui sont sources de développements d’échanges économiques, de relations humaines, d’animations dans des villages, et qu’à cause de cela il faudrait la conserver, rappelons que les salles de tortures augmentent la vente des cordes, des pinces, des chalumeaux, et que les tortionnaires lorsqu’ils vont au café ou rentrent le soir chez eux sont parfaitement conviviaux.
Il faudra bien un jour mettre l’animal à côté de nous comme petit frère à protéger plutôt que continuer à lui faire subir tous les martyres. Tout le monde y gagnera.
Vous semblez être expert en matière de salle de tortures?
Oui, en salles de torture pour humains, mais ne le répétez pas, s’il vous plaît, c’est une pratique en général interdite, pas comme celle pour les animaux.
Je lis dans votre commentaire tous les poncifs et idées reçus sur la chasse. Je chasse et je ne suis pas sadique ni un auteur de féminicide en puissance. Il n’y a pas de jouissance sadique, je ne suis pas atteint de troubles mentaux. La chasse est une longue tradition familiale pratiquée avec modération et amour de la nature. Le chasseur aime les chiens et la faune. J’ai souvent épargné un chevreuil que je trouvais gracieux, je n’avais pas envie de tirer ce qu’un authentique sadique aurait fait.
Malheureusement vos arguments sur le lien social tombent à plat. La chasse est une pratique vivace et un lien fort entre habitants d’une même région ou d’une village. Sortons du monde de Bamby, et discutons entre gens capables d’avancer des arguments prenant en compte la réalité de la chasse.
Qu’une majorité de Français soient opposés à la chasse à courre n’a rien d’étonnant ; comment voulez-vous qu’une population urbanisée à plus de 80%, biberonnée à Disney, comprenne quoi que ce soit à la question? Les opposants avancent régulièrement un argument social ; il s’agirait d’une activité issue de l’Ancien Régime, réservée aux riches. Qu’ils assistent à une chasse à courre, et ils constateront qu’un équipage comprend des gens du peuple et que le même peuple suit, à pied, avec enthousiasme, cette chasse passionnante.
Disons que ceux qui attaquent la chasse à cour, attaquent surtout ce qu’ils croient être l’apanage d’une certaine classe sociale, ce en quoi ils se trompent de cible, mais détruire les traditions est tellement IN.
Pour une fois que je suis en désaccord avec vous.
Pour certains, oui, il faut attaquer ce qu’ils croient être le privilège de certaines classes sociales (encore que, chez nous, les chasseurs, même à courre, ne sont pas tous issus de familles bourgeoises) .
Mais pour d’autres, comme moi, c’est l’horreur du meurtre, de la douleur et de la peur de l’animal traqué qui est insupportable lorsqu’on voit la mine réjouie des chasseurs lorsqu’ils parlent de la curée, je ressens leur plaisir d’avoir stressé, tué et éventrer l’animal avec l’odeur de la sueur de la bête, l’odeur de son stress et de son sang, Pire que des animaux prédateurs.
Certains équipages dégénérés laissent les chiens tuer atrocement et manger le cerf. Les chiens doivent être dressés. C’est ça qu’il faut interdire ; et que le grand veneur ait le courage physique de descendre de cheval et de tuer à la main et à l’arme blanche le magnifique et dangereux grand cerf : une façon de le respecter et de se respecter en respectant l’esprit de la chasse. Par ailleurs certains équipages se conduisent partout en terrain conquis. Cela doivent perdre leur permis. Alors on pourra maintenir ce beau sport et cette belle tradition en lui ayant rendu sa noblesse..
Là, je suis d’accord avec vous, il y a des choses à respecter dans l’esprit de la chasse, surtout tuer la cible sans la faire souffrir, ni par les chiens affamés au préalable, ni provoquer des accidents de chasse collatéraux. Rester des prédateurs respectueux de la nature, sa régulation et biodiversité.
Apprenez à respecter ceux qui ne pensent pas comme vous.
J’aime la forêt, j’aime les animaux et j’aime la vénerie. Je plains les bobos citadins déconnectés qui ne peuvent pas comprendre l’émotion d’un beau laisser courre.
Je leur demande juste de ne pas juger ce qu’ils ne peuvent pas comprendre et de nous ficher la paix.
Et par Saint Hubert, vive la vénerie.
Il n’y a pas grand chose à comprendre si ce n’est que de la lâcheté de s’attaquer à une bête sans défense , bête traquée jusque dans la cour de maison de particuliers. Je ne suis pas contre une promenade à cheval dans la foret au son du cor mais contre la mort de magnifiques animaux pour le plaisir de quelques malades qui assouvissent leurs pulsions.
Ce qui ne plait pas aux écolos c’est l’image que cela renvoie . Celui des grands seigneurs d’antan qui chassaient juchés sur leur beaux destriers et en imposaient aux manants . Mais moi je trouve que c’est une forme de chasse qui est très écolo puisque les chasseurs ne prélèvent qu’un animal, et encore , si ils l’attrapent !
Comme vous le dites cela permet d’éviter le couteau de boucher pour les chevaux réformés des courses , souvent des trotteurs !
C’est un peu comme la corrida , quid des manades de taureaux qui ne sont élevés que pour cela?
L’enfer pavé de bonnes intentions!
Si il n’y a plus de chasseurs, et bien les automobilistes qui fréquentent les nombreuses artères qui quadrillent les forêts , se chargeront de tuer les animaux à leur place !
Je ne suis pas chasseur mais cela ne me dérange pas plus que cela , du moment que les choses sont maitrisée localement; J’avoue que je n’aime pas les lâchés d’animaux et je préfère une meilleure maitrise de la faune locale . Par contre ceux qui se plaignent de retrouver des bêtes traquées dans leur jardin, ne se soucient pas trop de savoir pourquoi? On construit de plus en plus de lotissements sur des champs de cultures ou des bois . Sans parler des structures routières pour amener les gens au pied de leur maison . Et cela au détriment de l’espace pour se promener ou randonner . Je le constate de plus en plus , les gens n’habitent pas dans les campagnes pour faire des balades et profiter des grands espaces mais pour ne pas subir les désagréments de la ville, ce qui n’est pas pareil! Il faudrait réhumaniser la campagne en privilégiant la création de chemins qui ont disparu depuis la production intensive imposée par Bruxelles qui demande d’exploiter au maximum les surfaces et là le concours des agriculteurs serait indispensables puisqu’ils sont propriétaires des terres concernées . Si ils se sentent seuls c’est aussi parce que la campagne est désertée de ses promeneurs qui ne trouvent plus que des chemins qui mènent sur des cul de sacs .Supprimer la chasse à cour ne rendra pas les paysages ruraux plus humains et je ne compte pas sur les écolos pour le faire, partisans qu’ils sont de l’industrialisation des paysages par les éoliennes . Il faut permettre à tous de s’y retrouver , chasseurs ou promeneurs à pied à cheval ou en VTT!
L’interdiction de la chasse à courre n’a strictement rien à voir avec l’écologie ou le bien-être animal. Cette méthode raisonnable ne tue que quelques vieux renards épuisés qui ne peuvent semer les chiens ; pareil avec les autres gibiers, bonne sélection. Pendant ce temps les battues renards au fusil font des cartons, et en sous-calibre les renards blessés agonisent des heures dans les buissons. Les EELV étant tous sans exception des communistes, affublés d’un faux nez vert façon clown, cette proposition est le reflet de la plus pure et de la plus venimeuse haine de classe.
« Bonne sélection »
Un oxymore dans l’ esprit de beaucoup , puisque pour bien des gens la sélection est forcément mauvaise, par opposition à l Egalité !
Article plutôt déconnecté de la réalité !
Violence , barbarie et lâcheté semblent encore profondément ancrées chez certains individus ;
Si l ‘ on veut vraiment « arrêter d’ emmerder les Français » alors , oui : abolissons , entre autres, la chasse à courre qui est rejetée par une majorité dans ce pays .
Etes vous un rural ?
La vènerie, comme la chasse en ligne ou la tauromachie sont des sujets sur lesquels 90% des français ont une opinion, surtout ceux qui n’y connaissent rien.
Il y a tous les fantasmes, les mensonges, les approximations, les expériences inventées… Pour étayer le point de vu des « anti » qui, dans leur énorme majorité, ne mettent presque jamais les pieds en forêt.
Car la forêt a son monde, comme la mer ou la montagne et on attend les recommandations des citadins néophytes à propos de la pêche au harpon ou de l’utilisation des cordes synthétiques.
Ah! Il y a du vrai dans vos propos, je d’irai même plus j’en pense de même.