Mystère viking sur l’île de Ré

Les fouilles archéologiques révèlent parfois des découvertes inattendues et bien mystérieuses. Ainsi, des travaux menés sur l'île de Ré ont mis en évidence des sépultures témoignant de liens surprenants entre les populations locales du haut Moyen Âge et les peuples nordiques. Ces recherches apportent un éclairage nouveau sur la présence et l'influence des terribles Vikings en France.
Découverte de sépultures sur l'île de Ré
En décembre 2024, une équipe de l'Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) a entrepris des fouilles à La Flotte, sur l'île de Ré, à la suite d'un projet de construction. Sur une parcelle de 900 m2, située à proximité immédiate d'une chapelle médiévale disparue lors des guerres de Religion et à une cinquantaine de mètres de l'ancien rivage, les archéologues ont mis au jour une cinquantaine de sépultures médiévales.
Parmi celles-ci, cinq ont particulièrement retenu l'attention des scientifiques en raison de la position inhabituelle des corps ensevelis et de leur orientation. En effet, tandis que certains défunts étaient couchés sur le côté, allongés sur le ventre avec les membres fléchis ou repliés, d'autres avaient leur tête orientée au sud-sud-ouest, contrairement à la tradition chrétienne qui veut qu’elle soit placée à l’ouest.
Le reste des tombes, datées de l’époque carolingienne, contenait également des artefacts tels que des perles, des agrafes de vêtements et des peignes. Ces objets, par leur style et leur fabrication, sont caractéristiques des cultures scandinaves et anglo-saxonnes de l'époque, suggérant ainsi des contacts étroits entre les habitants du domaine carolingien et les peuples du Nord.
Les Vikings en France
Ceux que nous appelons communément Normands ou Vikings (signifiant « pirate », en vieux norrois) entreprirent, à partir de la fin du VIIIe siècle, de nombreuses expéditions maritimes qui les conduisirent sur de vastes territoires, y compris sur nos côtes. Leurs motivations étaient variées : commerce, pillage, exploration et colonisation. En France, leur présence est attestée par de nombreux raids, notamment le long de la Seine, de la Loire et de la Garonne.
L'installation des Vikings en France s'est déroulée en plusieurs phases. Initialement, ils effectuaient des incursions rapides pour piller des monastères et des villes, notamment Paris en 885. Cependant, face à la richesse des terres et au potentiel commercial, certains groupes choisirent de s'établir de manière plus permanente.
Un tournant majeur survient en 911, avec le traité de Saint-Clair-sur-Epte. Le roi carolingien Charles III le Simple concède alors au chef viking Rollon une partie de la Neustrie, qui devient ainsi le duché des Hommes du Nord, autrement dit la Normandie. En échange, Rollon s'engage à défendre le royaume de Francie occidentale contre les potentielles incursions des autres Vikings, mais également à se convertir au christianisme. Cette alliance marque ainsi le début d'une intégration progressive de ces Vikings dans la société franque, aboutissant à une fusion culturelle et à l'émergence d'une identité normande distincte.
Implications des découvertes de l'île de Ré
Les sépultures mises au jour à La Flotte témoignent de la complexité et de la richesse des échanges entre les populations locales et les peuples nordiques. La présence d'objets d'origines scandinave et anglo-saxonne suggère non seulement des contacts commerciaux, mais aussi possiblement des alliances matrimoniales ou l’installation de groupes venus du Nord sur l’île de Ré.
Ces découvertes remettent également en question l'idée d'une présence viking limitée aux seuls raids violents. Elles illustrent une réalité plus nuancée où des interactions pacifiques et des échanges culturels ont pu exister. Une étude plus approfondie de ces sépultures et des artefacts associés doit encore être réalisée par les scientifiques du laboratoire Arc'Antique, situé en Loire-Atlantique. Ces analyses permettront, ainsi, de préciser l’origine géographique et le statut social des personnes inhumées, offrant ainsi de nouvelles perspectives sur l’histoire de l’île de Ré et son rôle dans les échanges avec le monde nordique.

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17 commentaires
Les Vikings ne savaient qu’ils étaient des Vikings, ce nom leur a été donné par les Saxons et autres Frisons, ce sens de « pirate » est donc à tempérer (Régis Boyer voyait bien dans les Vikings des commerçants !). Il n’y a pas d’île où ils n’aient établis des bases, en Bretagne à Groix, à l’ile Tristan ou à Saint-Suliac, et ils avaient une forte base sur l’île de Noirmoutier pour écumer « baie de Bretagne », marais breton-vendéen et « Vendée du Nord-Ouest » (pardon pour l’anachronisme). Qu’ils aient fait la même chose à Yeu, Ré et Oléron, c’est l’évidence. En passant, « drakkar » est – comme « toréador » – un fantaisie philologique inventée en France au XIXe s. « Longship », terme consacré chez les archéologues, est moins impropre.
Comme Normand et ayant longtemps habité le long de la seine il y à quelque années un drakkar avait été retrouvé dans plusieurs métre de vase dans la seine entre le Havre et Rouen,nous avons une rue à rouen qui porte le nom de Rollon et un pont du nom de Guillaume le Conquérant.
Une thèse d’historien, très intéressante, est que les vikings, les peuples du nord, faisaient la guerre à l’Occident du sud pendant le haut moyen âge car ils n’avaient cessé d’être les victimes de raids et de pillages de sa part. Ils étaient surtout capturés pour être revendus comme esclaves, notamment vendus aux peuples arabes, très riches en or.
Il s’agissait donc pour les vikings de se battre contre les envahisseurs, contre les pirates, c’est à dire contre le pouvoir franc et son soutien, l’Eglise (d’où les attaques ciblées contre les religieux chrétiens).
Mais les vikings n’étaient pas vraiment contre la population, quand cette population, opprimée, était elle-même victime de ce même pouvoir franc.
Voilà qui expliquerait les bonnes relations entre les vikings et le peuple de Ré, compagnons d’infortune.
Merci pour cet éclairage ! les francs ( les allemands!) nous auront donc pourri la vie depuis la nuit des temps ( jusqu’à aujourd’hui!). Et il faudrait qu’on se réconcilie ? pas gagné !
« … des artefacts tels que des perles… » Une perle n’est absolument pas un artefact puisque c’est un produit naturel (Cf > Définition CNTRL)
« …certains défunts étaient couchés sur le côté, allongés sur le ventre avec les membres fléchis ou repliés… » ?? Soit ils étaient couchés sur le côté, soit ils étaient allongés sur le ventre, mais pas les deux en même temps.
Intéressant
Tout cela est passionnant et nous nous devons de ne pas aller trop vite dans nos conclusions politiques simplistes. L’histoire de Rome est édifiante avec ses sacs successifs. Et Rome est restée Rome. Le miracle français fut le long processus de la centralisation monarchique, chrétienne et judeo chrétienne ( monarchie davidienne).
Le roi Charles III et le chef Rollon ne donnent-ils pas l’exemple d’une intégration réussie ? Il y a des leçons à prendre de nos jours, même auprès d’un chef viking…
Dites pas ça malheureux ! on va avoir droit au sempiternel discours de gôche « la France a toujours été une terre d’immigration »
Certes, la France, comme d’autres pays d’Europe de l’Ouest, a toujours été terre d’immigration, un hâvre pour des peuples fuyant la famine, la guerre, les épidémies – ou simplement désireux de s’enrichir – et qui se sont rapidement intégrés à la trame du pays. Mais cela n’a rien à voir avec l’envahissement ‘Eurabia’ à but de conquête, soigneusement organisé, que subissent ses habitants depuis un demi-siècle !
Bien vu !
Mais ces « migrants » là s’engageaient à défendre la France et se sont convertis au christianisme. Il y a un monde avec ceux d’aujourd’hui…
Jusqu’à Poitiers en 732 heureusement les français on su dire non, aujourd’hui il faudrait marteler ça à Mélenchon
Qui a intégré Qui?
Ha ha :) En fait, ce n’est pas l’immigration (en quantité raisonnable, bien sûr) en tant que telle qui importe, mais le manque d’assimilation – et non pas d’intégration ou d’autres fadaises comme l’inclusion. L’assimilation ( = devenir français culturellement) devrait être la règle imposée pour prétendre rester en France, comme dans tout autre pays au monde.
Ah oui, cette expression idiote qui me hérisse, moi bonne franco-française intégrale confirmée (par recherches généalogiques) depuis au moins 5 siècles. C’est comme « notre ancêtre Lucy », sachant que 2millions d’années avant qu’elle ne pose ses pieds plats en bas de son arbre, il y avait déjà des mégalithes en irlande, bretagnes, Espagne, turquie, Malte, suède …