En France, les détenus s’évadent grâce aux « mesures d’accompagnement vers la sortie »

Un détenu a pris la poudre d’escampette lors d’une sortie à la piscine d’Aix-en-Provence.
Prison Fresnes
Fresnes - Photo Groupe Rassemblement national

On apprenait, mardi, sur Europe 1, qu’un détenu avait pris la poudre d’escampette lors d’une sortie à la piscine d’Aix-en-Provence. « Il a ensuite été récupéré par une berline qui a pris la direction de Marseille par l’autoroute », nous dit-on. Pressé de retourner au boulot, sans doute, l’individu « est connu pour détention et transport de stupéfiants ». Sans indications autres sur son pedigree, on découvre que l’individu en question « purgeait sa peine au sein d’une structure d’accompagnement vers la sortie (SAS) ». C’est le signe qu’elles sont efficaces…

Ce dispositif réservé aux courtes peines a été lancé en 2018 par Mme Belloubet, alors garde des Sceaux, « dans un objectif de suppression de la surpopulation carcérale, de réduction du taux de récidive et de formation et réinsertion des détenus ». La visée – « préparer la sortie de prison du détenu » et « maintenir le lien lors de celle-ci, afin de l’aider dans sa reconstruction personnelle et professionnelle » – est certes on ne peut plus louable. Hélas, on ne peut toutefois s’empêcher de sourire devant la confrontation de la pensée Bisounours au réel.

C’est d’ailleurs pourquoi Mme Belloubet, comme le rappelle sur BV Clémence de Longraye, a fait libérer 6.600 détenus en 2020 pour cause de Covid, se félicitant ensuite du « peu de réincarcérations », donc de récidives. Hélas, il y avait parmi celles-là Akim T., l’assassin de Thomas Carbonnel.

Dans la philosophie de Mme Belloubet et de ses semblables, le détenu est à choyer. Lui qui a droit aux sorties théâtrales, aux sorties au musée, à la piscine, aux cours de yoga ou de boxe, toujours dans le but de l’accompagner vers la réinsertion. C’est ainsi que, le 2 février dernier, un détenu de 24 ans, incarcéré pour vol aggravé, s’est évadé du centre pénitentiaire de Fleury-Mérogis (Essonne) à la faveur d’une visite au musée d’Orsay. Deux autres détenus étant déjà partis à la chasse aux champignons lors d’une sortie en forêt, en septembre 2023, on nous assure aujourd’hui qu’« un meilleur encadrement de ces sorties » a été mis en place.

Le 28 janvier, c’est un détenu évadé la veille de Noël de la maison d’arrêt de Bonneville, en Haute-Savoie, qui a été retrouvé et interpellé en Allemagne. Agé de 17 ans, en détention provisoire pour vol à main armée et considéré comme « assez dangereux », a dit la procureur d’Annecy, il était sous le coup d’un mandat d’arrêt européen.

Dans un long article du Monde publié à l’occasion du procès pour évasion de Rédoine Faïd, en octobre dernier, on apprenait que « sur les neuf premiers mois de 2023, l’administration pénitentiaire compte quinze évasions depuis le lieu de détention pour 72.173 personnes incarcérées au 1er janvier, soit 2 pour 10.000 détenus ». En 2021, le Conseil de l’Europe en recensait 734 en France, soit 105 pour 10.000 détenus. Et si les évasions spectaculaires à la Rédoine Faïd sont rares, la plupart se font sans violence « lors d’hospitalisations, d’extractions judiciaires (transfert de la prison vers le tribunal), de chantiers extérieurs et surtout lors de permissions de sortie ou de promenade ».

Si le nombre des évasion en France reste dans la moyenne européenne, il est à souligner que nous détenons la palme pour la surpopulation carcérale et l’insalubrité de nos lieux de détention. Ainsi, selon les chiffres du ministère de la Justice, la prison de Fleury-Mérogis – « le plus grand centre pénitentiaire d'Europe » – connaissait, au 1er janvier 2024, un taux d'occupation de 144,6 %, soit « 4.125 prisonniers, y compris des femmes et des mineurs, pour 2.853 places disponibles ».

De là à en conclure qu’on leur facilite l’accompagnement vers la sortie…

Picture of Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

Vos commentaires

22 commentaires

  1. La prison c´est plus ce que c´etait, elle est devenu un centre de vacances, kart, piscine, poney, marche en montagne, salle de sports Etc…alimente et loge ca va jusqu’a créer des vocations de délinquants..

  2. Ou l’on construit des prisons, ou l’on réaménage les bagnes ou, plus simple, on renvoie les détenus étrangers dans leurs pays respectifs !!! Cela fera énormément de places.
    Tout cela est facile à mettre en oeuvre mais peut-être que ce n’est pas l’intention première de nos « dirigeants » concernant la France…

  3. C’est fou ce qu’elle fonctionne bien cette administration, mais rien ne m’étonne, pour la connaitre particulièrement bien et surtout ceux qui l’a dirige ! La plupart des fonctionnaires sérieux et compétents l’ont déserté.
    Au fait toujours pas de résultat d’enquête sur l’assassinat d’Y. COLONNA ?

  4. Mais M. Dupont-Moretti, qui partage la palme du plus gros mensonge ministériel avec Darmanin, affirmait haut et fort récemment que la justice en France était devenue plus sévère depuis que sévit la macronie. Evidemment, en citant des chiffres bidonnés faisant totalement l’impasse sur les diverses mesures d’allègement des peines inventées pour limiter la surpoopulation carcérale on peut affirmer de tels mensonges. En se gardant bien aussi de rappeler les engagements de Macron en 2017 pour la construction de nouvelles places de détention qui n’ont jamais reçu le moindre commencement execution.

    • Pas besoin de construire, il suffit d’expulser définitivement les détenus étrangers et bi-nationaux, il y aura de la place, parole de pro !

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